Danemark et îles Féroé en voiture – 28 juillet 2024 au 24 août 2024 – 5.821 km (dont 2.488 en ferry)

Danemark et îles Féroé en voiture – 28 juillet 2024 au 24 août 2024 – 5.821 km (dont 2.488 en ferry)

28 juillet 2024.
5h27, je démarre la voiture alors que la maison est en mode Fort Knox : nous partons pour 4 semaines, les voisins sont aussi absents et des rôdeurs à la mine patibulaire (mais un peu quand même) ont été signalés dans le quartier. 1.064 km nous séparent de notre destination, plein Nord. Le Sud n’est plus à la mode, réchauffement climatique oblige. Douze heures plus tard, nous arrivons à destination. En 54 minutes chrono, le campement est monté, une tente familiale super deluxe avec deux chambres séparées par un lobby et un matelas confort gonflé à la pompe 12V sur la batterie de la bagnole. Oui, on s’embourgeoise et surtout ce n’est pas moi qui porte. Les kets sont donc à deux mètres de nous, ce qui ne nous empêchera pas d’entendre leurs bruits de petits animaux. Voici donc un nouveau périple extraordinaire qui commence pour notre petite famille ordinaire.

Storebæltsforbindelsen

 

Suite deluxe

29 juillet 2024.
Nuit calme, si ce n’est le bruit lointain de l’autostrade, et celui des oiseaux au lever du jour, juste après celui des avions. C’est la rançon d’un camping à 20 minutes de train de la capitale, en ligne directe jusqu’au Københavns Rådhus flanqué d’une tour de 106 mètres. Les jeunes mariés y défilent à la chaîne tandis que la bibliothèque reste désespérément vide. Suivez le guide, c’est le Lonely Planet qui nous ouvre la voie, direction le Christiansborg, siège du gouvernement danois, en travaux. Juste à côté se trouve la nouvelle bibliothèque royale, avec un atrium majestueux et un paisible jardin. Le quartier très touristique de Nyhavn est blindé, nous lui préférons une pause pique-nique devant le Château de Rosenborg (Rosenborg Slot).

Rådhus

 

En voie de disparition.

 

København

 

København

 

København

 

Rosenborg Slot

Christian IV le fit construire de 1613 à 1625, de style Renaissance flamande (d’aucuns la qualifieront de néerlandaise), il abrite désormais les joyaux de la Couronne (d’aucuns penseront aux bijoux de famille du roi Frederik X). Nous déambulons dans de vastes parcs dont les musées sont fermés le lundi, comme aujourd’hui, jusqu’à Den Lille Havfrue, vous aurez reconnu la Petite Sirène en bronze du sculpteur Edvard Eriksen. Elle représente une sirène (si, si) du conte de fées de H.C. Andersen, et elle séduit les badauds depuis 1913. Il paraît qu’elle en a vu passer des vertes et des pas mûres. La relève de la garde nous attend devant l’Amalienborg qui fait face à l’opéra. Il s’agit de la résidence d’hiver de la famille royale danoise, composé de quatre palais entourant une place au centre de laquelle trône son fondateur, le roi Frederik V.

(la petite sirène)

 

Nihavn

Pas d’autre choix que de repasser devant les maisons colorées de Nyhavn avant de remonter dans le train du retour, après un bon 15 km d’urban trekking (si cela n’existe pas déjà, alors je viens de l’inventer). De retour au camping, je ressens le besoin de me dégourdir les jambes et j’enchaîne encore quelques tours. Alexis fait pareil, la relève est assurée aussi.

30 juillet 2024.
Nous nous rendons ce matin au point le plus étroit de l’Oresund, le détroit qui sépare le Danemark de la Suède, à Elseneur. C’est là que le roi Frederik II a fait construire son Château de Kronborg après avoir épousé Sophie de Mecklembourg-Güstrow, avec qui il engendre 8 enfants. La reine Sophie a donc deux passions, ou deux jobs, qui saura : pondre des héritiers et gérer l’intendance. Il paraît que la grande salle de bal de 750 m2 était réputée dans toute l’Europe pour ses repas pantagruéliques, financés par la dîme prélevée sur chaque passage de bateau dans l’Oresund. Ceux qui ne payaient pas se voyaient offrir un boulet de canon. Bref, du racket en bonne et due forme.

Kronborg slot

 

Elseneur.

 

Grandeur et décadence.

 

Kronborg slot

Alors que tout le monde se rue généralement sur le Frederiksborg Slot, nous optons pour le Palais de Fredensborg, encore occupé de nos jours par la famille royale danoise qui en est propriétaire. Il ne se visite qu’en été, mais il faut arriver avant 17h. Les retardataires que nous sommes se contentent d’une promenade dans le jardin – un parc – de cette maison de campagne de style baroque rococo. Mais comme il n’y a pas de serres, cela ne vaut pas Laeken.

Elseneur.

 

Maison de campagne.

31 juillet 2024.
Retour dans la capitale, direction Christianshavn et son originale église de Notre-Sauveur (Vor Frelsers Kirke), dont la flèche en spirale est entourée d’un escalier en colimaçon. Suit le quartier branché et limite underground de Christiana, communauté déclarée libre et autonome de 1979 à 2013, année qui en sonna le glas et la reprise en main par l’État, ce qui n’empêche pas la vente de cannabis sous toutes ses formes et produits dérivés.

« En tire-bouchon »

 

Amager Bakke

 

Tout schuss.

Tant qu’à fumer, nous poursuivons vers CopenHill, ou Amager Bakke, un incinérateur dissimulé sous une piste de ski artificielle qui culmine à 85 mètres de hauteur, l’ascenseur vous y mènera en quelques secondes, la vue est à couper le souffle, c’est grandiose. Nous rallions la Ny Carlsberg Glyptotek, le musée des beaux-arts fondé par le célèbre brasseur, en longeant les quais où les Danoises, pas frileuses, prennent le soleil en bikini. Imaginez cela un instant le long du canal à Bruxelles.

Copenhague.

 

Musée.

Au final, nous avons moins marché aujourd’hui, seulement une douzaine de kilomètres, bonne raison pour une petite sortie running autour du camping.

1er août 2024.
Après quatre nuits sur place, il nous faut lever le camp, la partie de Tetris sera serrée pour tout caser dans la bagnole, c’est que nous avons du matos pour braver les conditions du Grand Nord et parer à toute éventualité. Je conserve d’ailleurs précieusement deux bouteilles. Du lait et du vin, chacun son biberon. Depuis la côte orientale, nous rejoignons la pointe septentrionale, en passant par le Storebæltsforbindelsen, ou Liaison du Grand Belt, reliant le Seeland et la Fionie. De cet ensemble d’ouvrages d’art, le plus emblématique est le pont suspendu dont la portée principale compte quinze mètres de plus qu’un mile et dont les pylônes constituent le point culminant du pays avec une hauteur de 254 mètres. En fait, le sommet naturel du Danemark continental est le Møllehøj avec 171 mètres. Sur les bons conseils de Papy, nous faisons escale à Odense, ville natale du célèbre conteur HC Andersen qui a fait le bonheur de nombreuses générations, et sans le savoir, une partie de la fortune des studios Disney.

Andersen.

 

Odense.

 

Odense.

 

Odense.

C’est aussi la ville natale du joueur de tennis Kristian Pless, qui fut classé 172ème joueur mondial, il aura aussi droit à son heure de gloire en figurant dans notre récit de voyage. Nous poursuivons notre migration vers le Nord et arrivons à Albaek en fin d’après-midi. Bien équipé et bien installé, le camping est situé au bord du détroit, ou du golfe, de Kattegat.

2 août 2024.
Super journée qui s’annonce, excursion à la pointe Nord du Danemark, à Skagen, et même à Grenen, l’isthme qui sépare le Skagerrak du Kattegat. Donc pour faire simple, la Mer du Nord de la Mer Baltique. Plein soleil, les parkings sont remplis, même ceux à vélos, une marée humaine remplace celle de la mer, tout ce que j’adore.

Attention, la marée monte.

Bonne raison pour sortir le stick à selfie et le petit drone, équipement hi-tech, Alexis se porte fort de monter une vidéo de notre périple. Petit tour en ville, comme un air de Sluis, mais en mieux. De retour au camping, Valentin trépigne pendant qu’Alexis et moi faisons du footing, puis on lâche l’animal. Il en oublie d’ôter ses Crocs en s’élançant dans la mer. Nous pouvons ainsi cocher une nouvelle mer à notre palmarès des baignades. L’eau de la piscine naturelle du camping n’est pas plus chaude mais elle est douce et il n’y a pas de crabe, à part nous. Le repas est rondement mené grâce à la cuisine mise à disposition. La cuisinière ne l’est pas.

Plouf.

 

Sans CC.

3 août 2024.
C’est le jour du grand départ : nous embarquons sur le MS Norrona à destination de Torshavn. La levée de camp est maîtrisée et le rangement est stratégique : nous devons prendre tous nos bagages pour la nuitée à bord car la voiture ne sera pas accessible durant la traversée, mais il faut aussi que la tente et tout le couchage soit facilement récupéré car l’arrivée se fera vers 23h et il faudra encore monter la tente, fort probablement sous la drache. En bonne anticipation des tarifs insulaires, nous faisons de grosses courses avec des denrées non périssables. Et un petit cubis de pinot noir qui nous tiendra chaud en cas de coup dur.

Hisse et ho !

 

En cabine Simone.

L’embarquement est réglé comme du papier à musique, les premiers véhicules entrent déjà alors que le navire continue d’en vomir. Notre cabine est sobre mais fonctionnelle : quatre couchettes et une salle d’eau avec WC et douche. Il y a aussi un poste de télévision avec une chaîne affichant la position du bateau (comme dans les avions) et une webcam à la proue du navire. Nous pourrons également voir un peu des J.O. de Paris sur les chaînes vikings. Nous profitons des installations sportives (salle de fitness, piscine et sauna) en attendant l’ouverture du buffet, auquel nous faisons honneur, boissons ad libidum incluses.

Il y en a un qui attrape les poissons.

 

Ils auront donc nagé en pleine mer.

4 août 2024.
Pas la meilleure nuit du voyage, les excès de la veille et les bruits du bateaux n’ont pas aidé, ou alors c’étaient les relents de cette viande d’agneau maturé, spécialité féroïenne appelée skerpikjøt. Cela ressemble à un bon jambon fumé mais cela a comme un goût de fromage rance avarié. Ce fut une expérience surprenante, réservée à des aventuriers aguerris. Mais il nous en faut plus pour louper le petit-déjeuner (il y a des crêpes), qui est même couronné par un ballet d’une dizaine d’orques, moment d’une grande rareté pour un tel navire de 166 mètres de long et 10 étages.

En morgenmad med udsigt.

 

Shetland.

 

MS Norrona

Tandis que nous longeons les falaises des îles Shetland, les smartphones captent le réseau local et nous envoyons des nouvelles à la famille et aux amis. Je resterai connecté jusqu’à une quarantaine de kilomètres des côtes, nous n’avions pas pris l’option wifi on board. Grâce au GPS, mon ami Osmand, je peux connaître notre position ainsi que la vitesse du navire, 18 nœuds soit environ 33 km/h. Sport et détente sont au programme de la journée. Il faut déjà quitter la cabine dès 21h, soit 90 minutes avant d’atteindre quai, le nettoyage sommaire est réalisé en un temps record par des petites mains de l’ombre. Pendant ce temps, les voyageurs s’entassent dans le lobby, jusqu’à 22h30. Terre en vue, c’est Nolsoy, la première île visible de l’archipel des Féroé. Tout de suite, la magie opère : nous voilà à la découverte d’un autre bout du monde.

Terre en vue !

 

Thorshavn.

Le débarquement est organisé comme une routine, il faut être patient et démarrer au bon moment. Les Îles Féroé ne trahissent pas leur réputation, c’est le déluge. Purée monter la tente dans le vent, le froid, le noir, les flaques et la pluie, il faut le vouloir et ne plus avoir d’autre option (il est passé minuit). C’est là que je me souviens de ce Féroïen qui avait déclaré dans un reportage : il n’y a pas de mauvais temps, il n’y a que des mauvais vêtements. Vous pensez bien qu’avec mon Levi’s, mes baskets de running et ma vieille veste, je finis trempé jusqu’au caleçon. Bref, la nuit sera à la fois courte et longue.

5 août 2024.
Au réveil – pour ceux qui ont dormi – la Princesse pète un câble, les éléments ont eu raison de la sienne. L’orage passera heureusement plus vite que les pluies (si, si : les pluies) qui tombent sans discontinuer. Nous trouvons refuge dans la salle commune surpeuplée où des fringues sèchent dans tous les sens, chauffage à mac et fenêtres ouvertes. Il n’y a pas grand-chose à faire que d’attendre en spéculant sur la météo et le temps de séchage de mes chaussettes qui pendent à la poignée d’une armoire. Ma Princesse reprend espoir en réservant un Airbnb pour après-demain. À la faveur d’une accalmie, nous déménageons la tente qui était vraiment mal placée et mal montée. Nous la séchons au mieux et la remontons très soigneusement avant que les averses ne reprennent.

Les VW aux Feroé.

 

Et telt med udsigt

 

Enjoy it.

Ce n’est qu’en fin d’après-midi que nous risquons une sortie à la découverte des environs. Comme nos fringues sont encore trempées, nous partons en short et pieds nu en Crocs, alors qu’ici c’est comme fin novembre. Escale chez Foroya Tele, l’opérateur telecom local pour une carte sim et un forfait data de 7GB. Nous avons même droit, furtivement, à quelques secondes de soleil et de ciel bleu assorti avec mes slaches qui ont le mérite d’être conçues pour la flotte. Et là, nous nous disons que pluie ou pas, nuit de merde ou pas, c’est quand même exceptionnel d’être dans ce petit bout du monde en famille.

6 août 2024.
Nuit sans pluie mais pas sans humidité : purée de pois au réveil ce matin. Quand ce n’est pas le groupe de jeunes Français qui nous les casse, c’est notre voisin Allemand, au moins lui tiendra compte de notre remarque. Ce n’est pas la petite bruine matinale qui va nous arrêter, direction la vieille ville de Torshavn. Nous commençons par la forteresse de Skansin, construite 31 ans après le célèbre Ommegang tenu en l’honneur de Charles Quint à Bruxelles. Elle domine la ville et pointe deux canons rouillés vers la mer et ses pirates téméraires.

Fort.

 

Torshavn

 

Torshavn

 

Torshavn

Nous poursuivons vers le centre institutionnel du pays, sis à la péninsule de Tinganes. S’y trouvent encore le siège du løtling, le parlement local, ainsi que le bureau du premier ministre dans une bâtisse historique au toit recouvert d’herbe, ils feraient bien d’y passer la tondeuse d’ailleurs. Comme vous le savez, les Îles Féroé sont un archipel de 18 îles principales (habitées) et 11 îles secondaires (inhabitées) couvrant une superficie de 1.400 km2 pour 54.000 habitants. À titre comparatif, ma commune compte 7,3 km2 pour 59.000 habitants. Les Féroé jouissent d’une autonomie quasi totale, excepté pour ce qui a trait à la défense, le roi du Danemark en reste le chef d’état. Ils ont donc leur propre drapeau et leur équipe de foot. Quelques chemins cabossés relient les rues pavées de la vielle ville avec ses maisons anciennes, très anciennes, vu que la ville fut fondée au IXe siècle par les Vikings. Le quartier respire cette ambiance insulaire propre aux petites îles isolées. Un office est en cours dans la cathédrale, alors nous sautons dans un bus de la ligne 2 qui nous dépose au départ de la randonnée vers Kirkjubøur. La rando – le trek – de 6 km est bien balisée et nous réserve d’incroyables vues dès que les nuages se dissipent. Le village est le plus vieux de l’île et s’y trouve la plus ancienne maison de bois à être encore habitée, il s’agit de la Kirkjubøargarður, une ferme comme vous l’aurez bien compris.

Rando.

 

Kirkjubøur

 

Kirkjubøur

 

Ce n’était pas le point d’orgue de la journée.

Le retour se fera en bus (ligne 5) pour revenir à la capitale. La nuit s’annonce très pluvieuse, nous soupons tôt et nous nous barricadons dans notre tente en serrant les fesses pour qu’elle ne transperce pas.

7 août 2024.
Deux bonnes nouvelles : la prévision météo ne s’est pas trompée vu qu’il a bien plu cette nuit et la tente a résisté : je ne vois pas d’infiltration au réveil. La grasse matinée nous fait louper l’accalmie, je préfère éviter de replier la tente détrempée de sorte que nous patientons dans la salle commune en jouant aux cartes et en devisant avec nos compagnons d’infortune moins patients que nous : ils dégoulinent. Le tout est de savoir combien de temps attendre que le vent sèche la tente lorsque la pluie s’arrête et surtout avant qu’elle ne reprenne. Sur ce coup, nous sortons perdant en pliant le camp sous une petite averse, en short et en slaches, c’est ce qui sèchera le plus vite, pour quitter sans regret ce camping bruyant. Direction l’île d’Esturoy par le tunnel éponyme long de 11,2 km qui nous fait passer par un rond-point sous-marin. Unique au monde.

Ma Princesse a besoin de confort, pas de tente à monter, pas de pluie ni de vent : Airbnb. C’est le grand luxe : deux chambres, une salle de douche, un séjour et le chauffage central. Nous le savons désormais : il convient de profiter de la moindre petite période de sécheresse, nous partons donc en balade jusqu’à Fuglafjørður. Une fois de plus, il suffit de pas grand-chose pour tirer d’incroyables photos, juste le bon coup d’œil et le bon réflexe pour l’instant du déclic.

Le bon déclic.

8 août 2024.
Grand luxe mais pas de grasse matinée, les jumeaux du proprio nous réveillent à l’aube. Au moins, c’est plein soleil, nous partons pour un road-trip d’une centaine de kilomètres jusqu’aux confins des îles de l’Est : Bordoy, Kunoy et Vidoy, ce qui nous vaut d’emprunter un autre tunnel sous-marin de 6 km, et plusieurs tunnels terrestres à une voie, avec zones de refuge pour les croisements de véhicules. Clou de la journée, à Klaksvik, deuxième ville du pays, l’ascension du Klakkur (413 m) avec une vue à 360 degrés sur 5 des 29 îles de l’archipel.

Klaksvík

 

Tunnel.

 

L’autre bout du tunnel.

Un aller-retour sur Kunoy pour y voir qu’il y tombe des cordes, s’y trouve une des rares mini forêt, les arbres ne sont pas légion sur l’archipel et sont le fait de l’homme. Nous poursuivons jusqu’à Viðareiði, petit village du bout du monde sur l’île Viðoy, qui sera le point le plus au Nord de notre périple. Au retour, nous faisons halte à Hvannasund, village qui fait face à Norðdepil, sur la rive opposée du fjord. C’était une bonne journée, beaucoup de route (100 km, tout est relatif), je ne suis donc pas à quelques km près, en courant cette fois. Soirée en famille devant Netflix, merci la télé connectée du Airbnb.

9 août 2024.
Cette fois, les jumeaux nous laissent dormir jusqu’à 7h00, ça c’est un horaire de vacances. Direction Eiði et son Risin og Kellingin, une falaise qui semble avoir enfanté deux jumeaux. Nous sommes proches du point culminant de l’archipel, le mont Slaettaratindur qui s’élève à 882 mètres d’altitude.

Étretat local.

 

Dans le brouillard.

Évidemment, il est dans le brouillard, je n’ai aucun mal à convaincre mon épouse qu’elle ferait mieux de rester bien au chaud dans la bagnole. Les kets, eux, sont très motivés, nous tapons l’aller-retour en 1h20 en dépassant en trombe les quelques courageux randonneurs, juste pour le sport (et pour les statistiques d’Alexis sur Strava). Au sommet, nous avons une magnifique vista à 360 degrés sur une belle purée de pois. Le trajet jusqu’à Gjógv nous réchauffe bien et le pique-nique amélioré avec le réchaud (soupe et café instantanés) nous redonne les forces pour nous engager, au complet cette fois, sur la randonnée Ambadalur. C’est juste un chemin plus ou moins aménagé en haut de la falaise. La surprise, c’est qu’il permet de voir, sans les déranger, les célèbres macareux.

Gjógv

Généralement en haute mer vu qu’il s’agit d’une espèce pélagique, ils s’installent en haut des falaises en période de nidification, donc de reproduction, ce qui explique leur gros bec coloré en ce moment. Outre ses macareux, Gjógv s’ouvre sur une gorge de 200 m assez large pour laisser les petits bateaux s’aventurer jusqu’à l’embarcadère, un vrai cadre de carte postale.

10 août 2024.
Ce matin, ma Princesse nous régale avec des crêpes, un peu long à réaliser sur le réchaud de camping, c’est donc l’occasion au Airbnb, que nous quittons après trois nuits.

AirBnb

Direction Saksun, un petit hameau qui, avec Gjógv hier, figure parmi les plus beaux, les plus scéniques et donc les plus Instagrammables : il y a cinq places pour autocars sur le parking. Une étroite route panoramique y mène en cul de sac, une lagune s’oublie dans un fjord qui laisse entrevoir la mer au loin, le tout encadré par un vaste cirque couronné par des montagnes desquelles coulent d’innombrables cascades. L’on se sent tout petit.

Saksun

 

Saksun

 

No comment.

 

Saksun

Escale à Torshavn au bout de la route 50, qui sillonne sur un haut-plateau dominé par des éoliennes (85 % de l’énergie du pays est issue du renouvelable, et croyez-moi, ce n’est pas du photovoltaïque), avant d’emprunter le tunnel de Sandoy, deuxième plus long tunnel sous-marin de l’archipel avec 10,8 km, inauguré en 2023. Comme son nom l’indique, il nous mène sur Sandoy, encore un bout du monde sur lequel nous nous sentons tellement petits que cela en est presque oppressant. Comme nous ne faisons pas les choses à moitié, nous allons au bout du bout du monde, à Dalur. La route étroite est taillée dans la falaise, mieux vaut ne pas croiser un bus, un camion, ou pire : un camping-car. Au détour d’un énième virage, le village d’une centaine d’âmes se découvre au bord d’une crique. Et au bout de cette crique, un terrain gorgé d’eau et de boue : notre camping. Le propriétaire s’en excuse : ils ont rarement connu autant de pluie dans ce petit coin des Féroé.

Dans le mile.

 

Cela ne manque pas Dalur.

11 août 2024.
Nuit bercée par le ressac des vagues qui déroulent sur les galets, petit soleil au réveil, magique. Une rando facile nous attend, 5 km pour traverser l’île de la côte Est vers la côte Ouest jusqu’au hameau de Skarvanes. Nous sommes au pays des moutons, il faut choisir entre les chaussures mouillées ou crottées. J’ai réussi à les garder sèches les deux premiers kilomètres, puis j’ai laissé tomber, le sol est gorgé d’eau, sorte de mousse spongieuse douce et molle. Ça fait des flocs et des splotches.

Rando.

Dalur, notre tente.

Après-midi détente, tasse de thé, jeu de cartes et accueil d’une famille française. Et séchage des godillots au gré du vent et des rares rayons de soleil. Je ressors en fin de journée avec mon fils aîné découvrir l’entrée du tunnel en chantier. À terme, il desservira ce village d’une trentaine de maison et la route accrochée à la falaise sera convertie en route scénique. Il sera aussi le point le départ pour un dernier tunnel de 22.500 mètres reliant Suduroy, île isolée la plus au Sud. C’est incroyable cette débauche d’infrastructures visant à remplacer des ferries efficaces et performants.

12 août 2024.
Grosse journée et pourtant nous n’avons pas fait grand-chose. Cela a commencé par une nuit terrible : pluie, vent, froid. J’arrache les kets à leurs rêves, quel mauvais père, dans l’espoir d’avoir le temps de ranger la tente qui a vaguement séché sous l’effet d’Éole. Elle est démontée mais pas repliée lorsque le vent et la pluie redoublent. Alexis est désigné volontaire, nous sommes sous la pluie, dans le vent par 11 °C en t-shirt, short et en slaches : cela fera moins de fringues à sécher. Nous compactons la tente en une grosse boule trempée puis nous l’étalons dans la salle commune, il n’y a plus qu’à se réchauffer et laisser sécher.

Système D.

 

On the way.

Nous passons la matinée à jouer puis nous reprenons la route, le port en ligne de mire. Nous prenons le ferry de 16h vers Suduroy, l’île la plus au Sud de l’archipel, qui sera donc un jour reliée par un tunnel depuis Dalur. Les passagers embarquent séparément du véhicule que je conduis seul dans la calle du navire. GPS à l’appui, je constate vite que le capitaine dévie de son itinéraire classique, probablement pour être mieux protégé du vent et de la houle avec des creux de 5 mètres, sous couvert de falaises dont les plus hautes atteignent 400 m. À bord, cela ne rigole pas trop, et je comprends rapidement l’utilité des cartons qui ressemblent à des emballages de smoutebollen : les gamins autochtones qui faisaient du raffut au départ font moins les malins.

Smoutebollen

Tandis que les passagers du cru tournent de l’œil, les VW tiennent bon. Sur le pont, un membre de l’équipage me confessera placidement qu’il y a plus de vent que d’habitude et que cela secoue bien. En bref ça décoiffe et je me déplace en mode crabe ivre. Le navire arrivera à bon port avec une heure de retard. Sur un trajet normal de deux heures, cela fait beaucoup.

Vu les conditions, j’ai été bien inspiré de délaisser le camping et de réserver un Airbnb à quelques km du port, sur la rive opposée du fjord. Dans la montagne, le vent remonte les cascades et les fait couler à l’envers. Magique. Notre logement est authentique, les photos de famille et brols de voyages décorent les pièces datées. La vue est magnifique, nous serons bien ici.

Airbnb.

13 août 2024.
Nuit calme, et météo clémente au réveil, nous visitons la moitié Sud de l’île en commençant par le phare Akraberg. Nous sommes alors à l’extrême Sud de l’archipel, à 91 km à vol d’oiseau de Viðareiði, où nous étions il y a quelques jours, et à 1.430 km de Bruxelles. À Vagur, nous accomplissons facilement la petite randonnée vers le point de vue sur Eggvarnar et terminons par l’église et le lac de Fámjin.

Comme il ne peut pas, je me décide à aller courir avec Alexis. Le temps d’enfiler mes spikes, c’est la douche, tant pis, nous filons entre les gouttes jusqu’à Holið Í Helli, l’impressionnante grotte au pieds de la falaise. Trempé pour trempé, nous profitons du lave-linge au Airbnb pour faire la lessive.

14 août 2024.
Cette fois, direction le Nord de l’île avec Sandur et sa longue plage de sable noir. Le tunnel à une seule voie qui y mène débouche de la montagne par un virage à 90 degrés, le bout du tunnel n’a pour une fois rien de rassurant. Une randonnée facile et fréquentée conduit à une passerelle de malade lancée entre deux falaises, en cas de chute, c’est deux cent mètres de réflexion avant l’impact ultime.

Le vent et les averses nous invitent à rentrer au Airbnb pour profiter du paysage, vue sur le fjord, au travers du double vitrage. Je ressors avec le grand pour une promenade d’une heure pendant laquelle il se révèle être incollable sur le bike-packing, un mode de cyclotourisme version sportive et légère. Les chiens ne font pas des chats.

15 août 2024.
Un vent à décorner un bœuf toute la nuit, cela va être beau ce soir sous tente. Nous laissons les clés sur la porte du Airbnb en partant, c’est la coutume ici, ainsi qu’une bouilloire électrique neuve vu que la mère de mes fils a eu la bonne idée de poser l’ancienne sur la taque vitrocéramique encore chaude. Il y avait une certaine logique dans la démarche, mais le plastique n’a pas apprécié. Le ferry du retour est quasi désert, une équipe de football féminin et quelques voyageurs. Le préposé à l’embarquement nous demandera quelle est l’origine de notre plaque belge, il n’en avait jamais vu. Cette fois, le trajet est plié en deux heures, sans détour, la mer étant moins agitée. Nous empruntons la route panoramique pour rejoindre notre camping

Æðuvík

qui est situé à la pointe Sud d’Esturoy. Le site est splendide mais un peu venteux et un peu pluvieux, nous verrons bien demain matin si nous survivons à la nuit.

16 août 2024.
Nuit de folie, la journée sera du même acabit : un vent à tourner en bourrique et des averses de 30 minutes toutes les demi-heures. Donc, journée repos, relax au camping dans la grande salle commune chauffée. Jeux de cartes, jeux de dés, lecture, petite tasse de thé. Et une petite sortie running avant de tremper le bout des pieds dans l’océan Atlantique Nord. J’entame le kit de survie, notre dernière bouteille de rouge pour se donner un peu d’espoir, fêter la jubilaire et passer la nuit prochaine.

17 août 2024.
Soleil radieux, 25 °C, pas un pet de vent. Non, je déconne. Nuit correcte, seulement deux grosses averses comme si quelqu’un s’amusait à arroser la tente au tuyau d’arrosage. Petite randonnée jusqu’à Nes, le bled d’à côté, deux églises, un canon de la WWII et un cimetière face à la mer. Les garçons ont encore l’énergie de jouer à la baballe malgré un vent de dingue.

Baballe.

La fin de journée approchant, le camping se remplit petit à petit, nous renseignons les nouveaux au mieux dans l’attente du gestionnaire qui vient faire le refill de PQ et prélever la dîme.

18 août 2024.
Nuit comme une dernière nuit aux Féroé : pluies, vents, rafales et bourrasques qui décoifferaient un clashkop. Pourtant, la tente a tenu les coups, je n’en reviens pas, d’autres n’ont pas eu cette chance. Nous plions donc soigneusement le camp vu que les deux prochaines nuits se passeront dans le confort du MS Norrona. Mais avant cela, il nous reste une île à visiter : Vagar, à plus d’une heure de route et après le quatrième et dernier tunnel sous-marin. En chemin, nous traversons Runavik, envahie par les passagers seniors d’un grand paquebot de croisière, occupés à photographier tout et n’importe quoi. Il faut que vieillesse se passe. Tant qu’à changer d’île, autant aller jusqu’au bout, et le bout c’est Gásadalur, dernier village de la route caché derrière un tunnel percé en 2006. Avant cela, il fallait y aller à pieds ou en bateau. Ou possiblement aussi en hélicoptère.

Nous voulions prendre le pique-nique sur la plaine de jeux de Bøur, mais un gros grain nous en dissuade, manger midi (il est déjà 14h) sera donc pour Søvágur. C’est qu’il faut prendre des forces pour affronter les vents de la soi-disant incontournable rando place to be, le must des Féroé, j’ai nommé le lac suspendu, Sørvágsvatn et sa cascade qui se jette dans la mer, Bøsdalafossur. Aussi incontournable que notre Manneken Pis de Bruxelles, sauf que lui, c’est gratos. Ici, les propriétaires ont flairé le filon et font payer cher et vilain pour un chemin boueux et glissant de 3 km jusqu’aux différents points de vue non sécurisés en haut des falaises hautes de 150 mètres.

Bøsdalafossur

Veni, vidi, vici, nous pouvons passer à autre chose, la dernière randonnée aux Féroé : Witches Finger Trail de Sandavágur. Et voilà, cela sent le début de la fin. Je fais l’appoint de carburant à la station Magn, qui nous offre un coup d’aspirateur, puis nous allons squatter la salle commune du camping de Torshavn, comme bon nombre de voyageurs qui attendent le bateau du retour comme nous. Et ils attendront longtemps : le quai est archi-comble et les opérations de chargement sont interminables, nous échouons avec bonheur sur notre couchette à 00h30, avec une heure de retard sur le programme.

19 août 2024.
Super nuit, il nous faut progressivement se remettre dans un horaire plus matinal et récupérer l’heure de décalage horaire avec les Féroé. Allons-y mollo : réveil à 7h55, heure des Féroé, donc 8h55 heure belge. Nous retrouvons Harald avec plaisir, il passe sa matinée à faire des crêpes, nous sommes ses meilleurs clients. Comme à l’aller, la proximité des Shetland permet de capter le réseau pour envoyer des nouvelles au pays et assurer chacun sa série de Duolinguo : les kets en anglais et Princesse en espagnol. J’attends la version féroïenne pour m’y mettre. Ensuite, longue séance de sport : 7 km de rameur, 10 km à vélo et du soulevé d’haltères. Puis double passage du sauna à la bassine froide et ainsi se passe la journée en attendant l’apéro.

Pas plus de 10 minutes, sinon ils sont trop cuits.

20 août 2024.
La voix autoritaire de Freydis au travers des haut-parleurs nous arrache à notre sommeil profond vers 7h30, pour un message trilingue duquel nous ne retenons qu’il faut libérer la cabine dans une heure et que le bateau accostera dans deux heures. Donc, la fieke nous a volé une heure de sommeil. Au moins, nous aurons le temps de déjà déposer les bagages dans la voiture et du profiter de la vue depuis le salon panoramique du 10ème étage. Terre en vue. Notre voiture était parmi les dernières à rentrer, elle sera parmi les premières à sortir, direction Aalborg, la quatrième ville du Danemark. Nous avons bien rejoint le plancher des vaches, mais tout tangue toujours autour de nous. Catherine et Alexis ne sont pas au mieux de leur forme.

La découverte de la ville sera donc limitée au strict minimum : le couvent fondé en 1506, aujourd’hui converti en maison de repos, il y a de l’idée. Puis la maison Jens Bangs, qui semble tenir en équilibre. L’air frais du Limfjord donnera un peu de repis, pour contempler l’architecture moderne du Utzon Center, et de l’imposante Musikkens Hus. Dernier passage à l’église Budolfi, qui remonte au XIIème siècle et dont l’orgue modernisé en 2007 peut produire plus de 8.000 combinaisons de tonalités. C’est prodigieux. Le trajet jusqu’à Aarhus permet à chacun de se reposer, sauf le chauffeur, et l’installation au camping est laborieuse. Au moins, nous avons vue sur mer et bruit des vagues.

21 août 2024.
Nuit reposante et grasse matinée, toute la famille est en forme pour s’attaquer à Aarhus. Du camping, le bus 18 qui passe toutes les trente minutes va directement au centre-ville, nous irons donc en voiture qui sera stationnée dans un parking payant. Par rapport à Odense et Aalborg, l’on ressent qu’on est dans une plus grande ville et mis à part quelques belles rues et maison, c’est surtout l’architecture et les aménagements urbains modernes qui retiennent l’attention. La pluie nous rattrape, nous trouvons refuge dans les serres du jardin botanique avant de rentrer au camping et faire une sieste. Rien de spécial, un peu de fatigue accumulée ou le coup de mou de la fin du voyage.

22 août 2024.
C’était notre dernière nuitée sous la tente, évidemment il a plu et elle est toute mouillée, il nous faudra la rouvrir une fois rentrés à la maison. Mais avant cela, direction le musée Moesgaard, probablement l’un des meilleurs musées qu’il nous ait été donné de visiter. Il retrace l’humanité en embrassant la période courant du paléolithique jusqu’au Moyen-âge en passant par l’expansion viking. Est notamment exposé l’homme de Grauballe, ce corp momifié découvert dans une tourbière qui défraya la chronique en 1952. Aussi, le bâtiment lui-même est remarquable, il semble s’enfoncer dans la terre pour se confondre avec le sol, et son toit à versant unique est recouvert d’herbe. Nous y passerons plus de 4h avant de reprendre la route pour un Airbnb perdu au milieu de nulle part.

23 août 2024.
Au milieu de nulle part mais tout près de Legoland. Après la journée musée, c’est la journée parc d’attractions. La pluie est au rendez-vous, parfait, le parc sera désert. Notre âge mental est remis en question toute la journée, nous enchaînons les attractions en sélectionnant celles à sensation, même si c’est globalement bon enfant. Mention spéciale au simulateur de vol sur un bras articulé, une partie de mon cerveau est restée derrière moi. Et mention spéciale au « Masters of Flight » un spectacle magique. Une journée extra, de l’ouverture à la fermeture du parc, avec du vent et de la pluie, l’on se serait cru aux Féroé. Ainsi s’achève notre petit voyage, demain une longue route nous attend avant la reprise du travail et de nouvelles idées de voyages à concrétiser.

Interrail en Europe Centrale – du 30.07.2023 au 26.08.2023 – 5.190 km

30 juillet 2023.
Le train ICE 1651 progresse mollement dans la Hesse profonde, alors que nous quittons Francfort sur le Main. L’escale fut rapide, comme le TGV qui nous y a mené depuis Bruxelles-Midi, avec une pointe à 300 km/h. Vous l’aurez compris, cette fois pas d’avion, pas de camping-car, pas de voiture : les VW voyagent en train et soignent leur empreinte carbone. Nous avons opté pour le pass Interrail Global, la formule avec 10 jours de trains illimités à prendre dans une période de maximum 2 mois. Dans notre cas, vies professionnelle et scolaire oblige, cela sera accompli en 4 semaines. Donc, un gros jour de train et deux jours de visites, avant de repartir sur de bons rails.

Liège-Guillemins

La destination du jour, c’est Dresde, la capitale de la Saxe, traversée par l’Elbe. Nous y débarquons entre deux averses et tirons profit d’une éclaircie pour procéder à un tour de reconnaissance, les sites majeurs sont en chantier. Mis à part les travaux, c’est propre, c’est net, c’est allemand. Habitée depuis le XII ème siècle, jadis petit village de pêcheurs, la ville s’est développée et a appris à renaître de ses cendres : Frédéric II de Prusse a mené le siège de la ville en juillet 1760, suivi par Napoléon en août 1813, puis par les autochtones à l’origine du soulèvement de Dresde en mai 1849. Mais ce sont les anglais de la RAF qui ont fait le plus de dégâts durant deux jours de bombardements en février 1945, durant lesquels près de 4.000 tonnes de bombes ont été larguées. Boum.

Dresde.

Dresde.

31 juillet 2023.
Après une bonne nuit de repos, nous partons à l’assaut de la ville, sur les traces de nos illustres prédécesseurs, mais nous ne ravageons que le stock du petit-déjeuner, nous savons nous tenir. Direction l’église Sainte-Croix du XIII ème siècle, nous n’avons rien à confesser et poursuivons vers l’église protestante Notre-Dame de Dresde, qui domine le Neumarkt. Nous traversons l’Elbe, à la faveur d’un pont, pour rejoindre le quartier branché de Neustadt en remontant la Hauptstraße, le long de laquelle quelques demeures du XIII ème siècle ont résisté aux guerres. Nous arrivons ainsi au Kunsthofpassage, un ramassis de boutiques d’artistes et de maisons originales, dont celle qui chante en cas de pluie, celle-ci s’écoulant au travers d’un ingénieux réseau de conduites.

Dresde.

Singing in the rain.

Dresde.

En faisant de longs tours et détours, notamment par le célèbre Zwinger qui abrite les grandes galeries de peintures, nous rallions l’hôtel et je repars pour un petit footing au Großer Garden, qui comme son nom l’indique, est très, très grand. Avec 147 hectares, il compte 5 fois notre parc du Cinquantenaire ! Après un peu de repos, nous nous dirigeons vers la kermesse que nous avions repérée hier le long de l’Elbe, les enfants s’en font une joie. Pas de bol : elle vient de lever le camp, nous sommes bon pour rentrer bredouilles, tandis qu’une manifestation de nationalistes allemands fait le siège devant notre hôtel.

1er août 2023.
Une bonne nuit de sommeil et un bon petit-déjeuner et nous voilà repartis sous la pluie pour le prochain train, un international tchèque qui nous déposera à Berlin en moins de deux heures. Par contre, cette fois, nous sommes moins chanceux, répartis sur deux wagons et 3 compartiments. Il faut s’accrocher, dans le mien, deux vieux qui puent et deux jeunes qui puent aussi, tombés dans les bras de morflé (si, si). Le retard accumulé contrecarre nos plans, l’escale à Berlin limitera notre découverte au strict minimum à proximité de la gare : Postdamerplatz, le memorial du mur de Berlin et le célèbre Check Point Charlie. Ich bin ein (äußern) Berliner mais pas le temps de manger une boule.

Salut, ça farte ?

The wall.

Berlin Hauptbahnhof.

Un retard n’allant pas sans l’autre, Gdansk se fera attendre : nous franchissons la frontière en même temps que l’Oder avec 25 minutes de retard. D’ailleurs, si le temps, c’est de l’argent, alors l’argent n’a pas d’Oder. La Pologne agricole s’offre à nous, des champs de blé à perte de vue et je vois même des vaches qui regardent passer mon train. Après la campagne, voici la ville et celle-ci a un nom imprononçable pour un francophone : Bydgoszcz ! À côté de ça, Gdansk, c’est easy game et nous y arrivons juste après l’orage. Les deux kilomètres qui nous séparent de notre hostel sont un enchantement, les bâtiments de la renaissance flamande en briques (flamandes aussi) sont impressionnants et en plus, c’est le marché annuel, qui s’étire dans tout le centre-ville, animations garanties.

Gdansk.

Notre hostel n’est qu’à quelques pas de la fameuse grue médiévale en bois, capable de soulever une charge de 2 tonnes à 27 mètres de hauteur, mais nous nous écartons du tumulte de la kermesse pour aller manger un indien (enfin, on se comprend) végétarien.

2 août 2023.
Plein soleil ce matin, profitons-en car cela ne persistera pas. Nous enchaînons les sites remarquables de la ville en cheminant vers la station centrale pour y réserver nos places assises dans l’express (5 heures tout de même) d’après demain à destination de Cracovie. Les échoppes alignées dans les rues étroites de la vielle ville attirent le chaland comme les guêpes. Si les rois paradaient solennellement jadis sur la voie royale reliant la Porte verte à la Porte haute, aujourd’hui ce sont les VW qui sont à l’honneur : quelques foulées suffisent à rejoindre l’église Saint-Nicolas du XII ème siècle depuis l’église Sainte-Catherine qui abrite la pierre tombale de l’astronome Jan Heweliusz.

Gdansk.

(Danzig)

Sopot.

Pas d’étoile pour manger midi, mais une authentique cantine polonaise, du choux, des patates et de la bidoche, il faut aller loin pour trouver de la poiscaille. D’ailleurs, c’est en train, pour rester logique, que nous allons à Sopot, le place to be de la baignade de Danzig. S’y trouve le grand môle de Sopot, l’un des plus long au monde, de belles villas cossues, et des petites méduses roses dans l’eau glacée de la mer Baltique. Nous nous contenterons d’y mouiller nos pieds, grands et petits. De retour au marché annuel, c’est l’heure de la street food. Résultat, Valentin a mal au ventre. Nous traçons vers l’hôtel mais il y a trop de monde sur les quais, cela n’avance pas et le pauvre petit garçon n’en peut plus. Il évite de justesse les Birkenstock d’une touriste et fait ainsi le bonheur des poissons. Vous retiendrez comme lui que les cours d’eau qui dissèquent Gdansk ne sont que des bras morts de la Vistule.

3 août 2023.
Quelle nuit pourrie, purée mes amis : porte qui claque, voisins bruyants et poivrots de la kermesse. Ajoutez-y un petit-déjeuner qui sent bon l’ère soviétique, avec du pâté et des poivrons, et je me retrouve à la réception : I want to talk to the manager. Et ses beaux yeux ne l’autoriseront pas à m’interrompre, je ne suis pas là pour rigoler. Bref, elle finit par se confondre en excuses et nous rembourse généreusement la dernière nuit. Nous réservons dans la foulée un hôtel avec piscine, jacuzzi et sauna, tant qu’à faire.  Là-dessus, comme il fait beau, nous délaissons les musées et repartons pour quelques tours dans la ville. Valentin s’est mis en tête de rapporter de l’ambre et un doudou babyphoque, vu que la mer est toute proche. Au milieu de tout cela, j’arrive à caser la visite de l’église Sainte-Marie, qui est non seulement immense avec ses 105 mètres de long et son clocher culminant à 82 mètres de haut, mais aussi remarquable avec son horloge astronomique complexe du XV ème siècle. Je sens monter en moi comme un besoin de spiritualité, il est temps d’aller manger, de courir quelques kilomètres dans les sentiers de l’ancien bastion et de plonger dans le jacuzzi après avoir évacué les dernières toxines au sauna.

Gdansk.

J’ai un train à prendre.

Pas plus de 10 minutes.

Gdansk.

4 août 2023.
Tranquille ce matin, petit-déjeuner assuré par les bons soins de ma Princesse, sans poivron, après un dernier saut à la piscine. Nous traversons une énième fois la ville, prenant soin de prévoir un pique-nique pour le trajet d’au moins 5h19 de train express, qui nous mènera à Varsovie où nous retrouverons la Vistule (sans le souvenir laissé par Valentin), après avoir longé de nombreux champs de blés, quelques champs photovoltaïques et surtout, le château de Malbrok, le plus grand château médiéval d’Europe qui hébergea les grands maîtres de l’ordre des chevaliers Teutoniques. Le trajet se poursuit et j’enchaîne quelques mots avec des Argentins, ravis, et moi de même : il y a plus de voyelles en espagnol qu’en polonais !

Avec ou sans voyelles, le conducteur roule à toute berzingue et rattrape les 24 minutes de retard au départ, aussitôt reperdues avec le train local qui nous rapproche de notre hostel, à deux pâtés de maisons de la Vistule, le plus long fleuve polonais avec 1.047 km, sans compter les bras morts. Histoire de se réconcilier avec la langue polonaise, ce soir, c’est pierogis au menu, des raviolis fourrés, d’abord à la patate, aux champignons et aux poivrons et puis aux fruits rouges et fromage blanc pour terminer en douceur. Voilà une spécialité qui satisfait toute la famille.

5 août 2023.
Nuitée formidablement calme, mais réveil sous la pluie, direction le salon de thé en rasant les murs, un assortiment de couques fera l’affaire pour le petit-déjeuner. C’est en remontant le cours de la Vistule que nous découvrons la colline du Wawel surmontée du fameux château et de la cathédrale, et au creux de cette colline, la grotte du fabuleux dragon. Le roi Krakus en avait ras le bol de ce foutu dragon puant qui semait la terreur sur ses terres. À la longue, les chevaliers, preux comme pleutres commencèrent à faire défaut, carbonisés un à un par la bestiole. Même les sacrifices des jeunes filles de la ville, sauf celui de Wanda, l’héritière, ne calma pas les ardeurs, si je puis m’exprimer ainsi, de la bête. C’est alors qu’intervient un simple roturier, apprentit cordonnier, légèrement fourbe, bien décidé à relever le défi, et la robe de la princesse au passage, cette dernière étant promise en mariage à qui terrasserait le dragon. Voilà donc le pey qui fourre un agneau candide avec du souffre et le refourgue au dragon qui n’en fait qu’une bouchée. Résultat, la pauvre bête (le dragon, ‘faut suivre) finit assoiffée et vide toute l’eau de la Vistule, qui était encore plus ou moins potable à l’époque, jusqu’à s’en exploser la panse. Et voilà comment en sacrifiant un agneau on passe de cordonnier à prince, puis fondateur de la première capitale polonaise. Pas végan, mais efficace.

Krakus.

T’as du feu ?

Pour épater la galerie.

La vie de château.

Forcément, nous visitons la grotte après être monté au sommet de la tour, dans l’une comme dans l’autre plus de trace d’agneau ni de princesse, sauf la mienne. Cracovie s’offre à nous, et c’est extrêmement frustrant : il y a tellement de sites remarquables, tellement musées intéressant, tellement de ruelles à arpenter et tellement de monde partout, que nous ne savons pas vraiment par où commencer. Du coup, nous nous laissons porter au feeling et enchaînons les découvertes : la basilique des Franciscains, le Collegium Maius (fréquenté par Copernicus himself), le Rynek (Grande Place du Marché), la basilique Notre-Dame (et son fameux retable de 13 mètres sur 11 mètres), le barbacane (bastion circulaire de 1499). Nous poursuivons vers le Kazimierz, le quartier juif fondé en 1334, où se situe la synagogue Remu’h. Il ne nous reste plus qu’à traverser la Vistule pour retrouver la plaine de jeux, comme un sentiment de déjà-vu.

Rynek Główny.

6 août 2023.
Cette fois, la météo ne se trompe pas du tout : pluies entrecoupées d’averses et de précipitations sont rendez-vous de la journée. Nous abandonnons scandaleusement notre fils cadet à l’hôtel, il n’est pas en état de faire la visite du musée de la fabrique d’émail d’Oskar Schindler, vous aurez fait le lien avec le film de Steven Spielberg. Les trois heures passées sur le site n’auront pas suffit à sécher nos fringues détrempées, mais vu la gravité du sujet, c’est un détail insignifiant. Vous n’y apprendrez rien sur le processus industriel de l’émail, mais bien sur le contexte l’occupation allemande en Pologne et sur le traitement réservé aux juifs. Si l’on prend le temps de lire toutes les explications (Polski/English) et de se représenter ce que cela implique, images et reconstitution à l’appui, alors l’on comprend qu’Oskar Schindler ait reçu ce titre de Juste parmi les nations.

Mais ne perdons pas de vue que plus de 27.000 autres Justes ont également leur nom gravé sur le mur d’honneur. De retour à l’hôtel, le petit a l’air plus ou moins rétabli, heureusement vu le trajet en train qui nous attend demain. Pour clore cette journée triste, nous nous remontons le moral avec une boule de glace (chacun, hein) sous un chauffage qui pulse à 26 °C.

7 août 2023.
Réveil matinal (tout est relatif), faut lever le camp, le train vers Bratislava démarre à 10h45, et nous ne résistons pas au plaisir de retraverser une dernière fois le centre historique, qui a le mérite d’être sec et moins fréquenté le matin. Le train international IC 114 est déjà à quai et nous installons nos affaires dans le compartiment. Les kets m’accompagnent dépenser nos derniers zlotis, c’est la promesse d’une petite sucrerie en rab. Nous remontons sur le quai qui est désert, toutes les portes du train sont closes et ne répondent pas à la commande d’ouverture. À quelques secondes près, Catherine serait partie sans nous : j’ai dû faire signe au contrôleur, trois wagons plus loin avec mes deux cafés débordants en mains, de bien vouloir ouvrir cette foutue porte. C’est passé crème. Un peu plus de 6h après, nous déposons nos bagages dans un appartement aux standards communistes, à la rénovation près, de la capitale slovaque. Pour notre petit tour de reconnaissance, nous avons droit à la relève de la garde du palais présidentiel avant de descendre jusqu’au Danube, dont le niveau est élevé, résultat des draches de ces dernières semaines : il a pris trois mètres pour culminer à 585 cm. En plus, chargé comme il est, sa couleur tire plus vers le brun que vers le bleu. Bref, avec quelques kayaks qui passent, les Belges sont connaisseurs depuis le covid, on dirait la rivière sauvage.

Bratislava.

Président …

Hlavné námestie.

8 août 2023.
Grasse matinée, des couques roboratives au petit-déj et nous voilà parti pour une énième randonnée urbaine. Première étape, le château de Bratislava, perché sur sa colline, surplombant la ville comme le Danube. Après avoir hébergé la royauté hongroise, il abrite aujourd’hui la célèbre Vénus de Moravany, celle de Milo peut aller se rhabiller. Des remparts, un jardin baroque et une petite plaine de jeux complètent cet ensemble agréable. Étape suivante : la cathédrale Saint-Martin, qui a vu les sacres des rois de Hongrie 3 siècles durant.

Château.

C’est une maison bleue …

Bratislava.

Quelques tours et détours nous mènent sur la Hlavé Niameste, la place du marché, qui accueille quelques ambassades et une fontaine. Nous retrouvons ensuite le Danube, pas aussi bleu que l’église Sainte-Élisabeth. D’un lieu de culte à un lieu culte, il n’y a quelques pas, nous voici au centre commercial Eurovea qui jouxte le théâtre national. Je repars en fin de journée pour un petit footing dans deux parc repérés sur la carte, l’un des deux se révèle être un cimetière, j’y cours donc « à tombeau ouvert », pour justifier les crêpes du goûter chez Lacinka, un incontournable.

9 août 2023.
Une petite pluie fine mais persistante accompagne notre matinée, plus d’excuse donc pour zapper le musée de l’ancien hôtel de ville, qui offre de surcroît une vue imprenable depuis la vielle tour, nous saluons les quelques manants qui errent sur Hlavé Niamesté. S’y trouvent en sus et dans le désordre, de remarquables plafonds, une porte blindée avec 14 points d’ancrage (don’t touch, dixit la gardienne aussi avenante que la dite porte slovaque) et le petit bureau du Docteur Ovidius Faust, l’archiviste en chef de la municipalité dans les années 60, il serait perdu à l’ère de la digitalisation.

Bratislava.

Toquer avant d’entrer.

Tout ce qui intéresse le petit Valentin, c’est de savoir à quelle heure – même pas si – nous retournons manger des crêpes. Minute papillon. Il nous reste à visiter le palais Apponyi, qui habrite désormais un musée retraçant l’histoire de la viticulture dans la région ainsi qu’une grande cave voûtée, repère des dégustations de vin. Pendant que les épicuriens se remplissent, le Danube se vide : son niveau a baissé de 165 cm en deux jours. Raison de plus pour filer à la crêpes-party chez Lacinka : confiote, caramel, sucre et chocolat, nous prenons de l’avance sur le petit-déjeuner de demain matin. Le train EC 271 de Budapest démarre à 7h57, la mère de mes fils veut quitter l’appartement à 7h00. Il y a 650 mètres à parcourir. Compatissez.

4×4

10 août 2023.
Nous avons finalement quitté notre repère à 7h21 et sommes arrivés à la gare à 7h29, ce qui nous a laissé assez de temps pour une formule café+croissant. Voilà. Très vite, le convoi longe le Danube, et la Hongrie voisine. Comme souvent, la frontière est matérialisée par un cours d’eau. En découvrant Szob, le nom de la première ville, sur les panneaux du perron, je comprends que nous venons d’entrer en Hongrie et que les kets conservent l’humour puéril. Budapest en train, ce n’est pas une mince affaire, il y a trois grandes gares distantes de 3 à 5 km, soyez donc attentifs aux gares de départ ou de destination. Comme nous arrivons en fin de matinée, notre billet Interrail du jour est à peine entamé, j’ai la bonne idée d’enchaîner avec une excursion, en train forcément, à Gödöllő, vous aurez reconnu la résidence préférée de l’impératrice Élisabeth Amélie Eugénie de Wittelsbach, oui la petite Sissi, incarnée par Romy Schneider qui faisait tant rêver les filles du style de mon épouse.

La gare de Sissi.

Ils se sont fait tirer le portrait.

Ne manquez pas la visite, sur simple demande à la gare, des salles d’attente réservées à la famille impériale, dans le petit pavillon qui jouxte les voies. La première ligne ferroviaire reliant Gödöllő à Budapest avait été réalisé pour leurs majestés. Le palais lui-même est du style baroque, la rénovation est récente, vu son histoire tumultueuse : tour à tour base militaire allemande puis soviétique, il a également fait office de maison d’accueil pour enfants et d’hospice. D’ailleurs, ironie du sort, l’exposition se termine par la vitrine de la robe portée par la Comtesse Adam Teleki lors du dernier couronnement d’un roi de Hongrie, celui de Charles IV le 30 décembre 1916 dans la salle d’honneur majestueuse du château, et c’est là que la Comtesse termina ses jours soixante ans plus tard dans ces mêmes lieux délabrés transformés en hospice. Le vaste parc offrait jadis des parties de chasse, ce sont désormais les kets qui y jouent au frisbee. Pour le retour, nous sommes rodés et relions à pieds les deux gares en passant par les grands boulevard pour rejoindre notre hôtel tout confort dans la banlieue paisible.

Cela reviendra à la mode.

Frisbee.

Nous sommes dans le même train, pour ce voyage.

11 août 2023.
Aujourd’hui, surprise pour les enfants : une journée aux bains thermaux sur l’île Marguerite, bande de terre longue de 2,5 km et large de 500 m qui émerge au milieu du Danube, entre Buda et Pest. C’est vendredi, l’affluence est raisonnable, de nombreux locaux et quelques touristes comme nous. Ces bains sont en activité depuis 1919, offrant au grand public une très grande piscine de 5.000 m², à laquelle s’ajoutent 5 autres piscines, dont une intérieure dans un bâtiment de style Bauhaus. Ajoutez-y des toboggans qui décoiffent (le plus long fait 130 mètres), des saunas et hammams, et quelques transats : il y a de quoi s’occuper toute la journée.

Family day.

5.000 m²

Pourvu que ça glisse.

Nous alternons ainsi de bassins tièdes à bassins chauds, de jets massants à bulles relaxantes, de toboggans à frisbee. Les plus courageux (Alexis et son père) passeront même d’un bassin un peu froid à 16 °C au bassin un peu chaud à 42°C. C’est vivifiant. Difficile de quitter un tel endroit, nous en faisons la fermeture et continuons la traversée pédestre de l’île Marguerite jusqu’au pont éponyme pour le coucher de soleil sur le parlement devant lequel s’écoule le plus long fleuve d’Europe, soit 2.850 km. Magique.

Carte postale !

12 août 2023.
Une grosse journée s’annonce, nous prenons le bus – pour changer – n°5 qui nous mène sur les hauteurs de Buda, de l’autre côté du Danube donc. Mon Papa m’avait bien conseillé de prendre le petit funiculaire siklo, mais le bus avait l’avantage d’être direct depuis l’hôtel. Quand l’on n’a qu’une seule journée pour visiter Budapest, il faut optimiser. Je vais vous épargner les détails de notre parcours urbain d’environ 15 km. Il y a un monde de dingue, difficile de photographier les sites, du moins ceux qui ne sont pas en travaux, sans une pléiade d’Instagrammeurs. Par contre, en prenant la peine de s’écarter un peu en empruntant les petites ruelles paisibles, la quiétude est assurée et quelques bâtisses méritent le détour. C’est évidemment l’église Mathias, avec des pierres en taillées en dentelle et le toit recouvert de tuiles colorées qui focalise toutes les attentions.

Mathias.

Pest depuis Buda.

L’empereur F-J 1er et sa charmante épouse (Sissi) y furent couronnés souverains de Hongrie en 1867 en raison du pacte austro-hongrois. Conscients de cet enjeu géopolitique majeur du XIX ème siècle, nombreux sont ceux qui immortalisent sur les réseaux sociaux leur présence en exploitant les vues, très photogéniques, sur le parlement, côté Pest, depuis le bastion des pêcheurs, ces remparts et tourelles determinant le chemin de ronde. Un peu plus loin, près du siklo, se trouve le château de Buda, en chantier, édifié par le roi Béla IV, afin de se protéger des Mongoles. Nous retournons vers Pest en empruntant le pont des Chaînes, ouvrage d’art métallique de 331 m de portée et inauguré par F-J 1er himself, mais celui-ci n’aura sans doute jamais pris son lunch au populaire marché central au son d’un cymbalum. Rassasiés, nous traversons ensuite les quartiers de Belváros puis de Liptóváros jusqu’à la crème glacée (la carotte) promise dans Ujliptóváros. Après tout cela, plus qu’une envie, aller se reposer à l’hôtel (jacuzzi, sauna, hammam) avant la suite de nos aventures.

Paris s’éveille.

Parlement.

Sport.

Blip-blap-blop.

13 août 2023.
Après une grosse journée de visites, rien de mieux qu’une grosse journée de transports : au départ de l’hôtel, bus n°5, puis train IC 812, puis bus 812, puis re-train IC 812 jusqu’à Pecs où nous disposons de 7 minutes pour monter le train d’Osijek avec changement à Beli Manastir, où nous arrivons en micheline sous le cagnard.

En voiture, Micheline.

Osijek, quatrième ville de Croatie, s’étire paisiblement le long de la Drave, dont la rive gauche est inondée de chez inondée : les promeneurs et les cyclistes y longent les lampadaires les pieds, ou les roues selon le cas, dans l’eau. Nous avons opté pour un appartement, c’est confortable et il y a la climatisation. Pendant que nos lits sont préparés, nous partons en reconnaissance et arrivons naturellement sur la co-cathédrale de Saint-Pierre et Saint-Paul, dont la flèche culmine à 90 m de haut, ce qui en fait le plus haut bâtiment du pays hors de la capitale. Les occasions se faisant rares, je chausse mes spikes et j’enchaîne quelques tours de parc alors que les kets jouent à la baballe et que la Princesse se prélasse dans la baignoire.

Pierre & Paul.

Cherchez l’erreur.

14 août 2023.
La cité est petite, il fait pétant de chaud, nous y allons mollo, direction le vieux centre-ville et sa citadelle du XII ème siècle, qui a enduré un siège en 1991 pendant la guerre civile de l’ex Yougoslavie, et qui est désormais occupé par l’université : scientia vincere tenebras. Au-delà des remparts, vous retrouverez la Drave qui se jette dans le Danube une vingtaine de kilomètres en aval. Reliant l’ancienne ville et la nouvelle, l’avenue de l’Europe délimite de beaux parcs publics et présente quelques belles maisons de maître un peu décaties.

Osijek.

Osijek.

D’ailleurs, puisqu’il est question d’Europe, la kuna, monnaie croate doublement historique car utilisée en Slavonie dès 1018, et reprise comme monnaie nationale après la déclaration d’indépendance en 1991, a finalement cédé sa place à l’euro depuis le début de l’année, nous ne l’avons appris qu’en réservant nos billets au guichet de la gare, notre ignorance est sans limite. Pour s’en consoler, et compte tenu des conditions caniculaires, nous n’avons d’autre alternative que d’engloutir une énorme boule de glace (jamais vu cela) chez Petar Pan, puis de justifier cet écart en se lançant le frisbee au parc Zrinjevac.

15 août 2023.
Ce matin de l’Assomption, notre premier train qui doit nous déposer à Vinkovci pour la correspondance vers Zagreb ne viendra pas en ce jour férié catho, l’application païenne Rail Planner d’Interrail s’était bien gardée de nous en aviser. Nous avons le choix entre prendre un taxi, rater la correspondance ou attendre de le prochain train pendant 4h. Bref, quelques minutes plus tard, le taxi âprement négocié file à toute berzingue sur la petite route de campagne, s’en tenant à notre programme et rattrapant nos places assises réservées jusqu’à Zagreb. Une heure à tirer pendant l’escale à Vinkovci, le temps d’un aller-retour jusqu’à la rivière Bosut qui n’a pas grand-chose à offrir. Cette fois donc, inutile d’acheter un café pour dépenser nos derniers euros, une bouteille d’eau pétillante fera l’affaire. Notre train est un omnibus qui s’arrête dans tous les trous paumés jusqu’à la capitale, où nous avons booké un appartement avec vue sur la cathédrale de l’Assomption, résolument pas rancuniers. Pas de bol, elle est en travaux, comme d’ailleurs aussi la majorité des bâtiments remarquables, potentielle conséquence du tremblement de terre du 22 mars 2020. Pas grave, nous savons nous adapter, car le voyageur voit ce qu’il voit tandis que le touriste voit ce qu’il est venu voir, pour ne pas paraphraser Gilbert Keith Chesterton.

Work in progress.

Nous admirons donc les remarquables échafaudages qui enveloppent les deux tours de la cathédrale. Sachant que sa construction avait commencé en 1093, qu’elle avait été endommagée suite au tremblement de terre de 1880 et qu’elle était en rénovation depuis 1990, rares sont les touristes qui l’ont photographiée intacte. C’est un peu comme notre palais de justice à Bruxelles. Et puis, finalement rien de mieux qu’une grosse boule de crème glacée partagée avec les êtres chers (enfin, chacun sa boule, il y a des limites, même pour les êtres chers).

16 août 2023.
Vous le savez, c’est aujourd’hui l’anniversaire de ma Princesse. Nous prenons directement du plaisir (calmos, attendez la suite) à déambuler dans les ruelles de la vieille ville, que nous avons rejointe à l’aide du fameux uspinjača de Zagreb, vous aurez reconnu le funiculaire, qui contrairement à celui de Budapest, conserve sa mission de transport public. Comme déjà indiqué, de nombreux sites sont en travaux, musées, églises, palais, mais la visite n’en est pas moins agréable et même rafraîchissante lorsque nous traversons littéralement la colline du Gradec, siège de la vieille ville féodale et désormais du parlement, par le tunnel Gridec, long de 350 mètres, il évitera au chaland de gravir les escaliers escarpés jusqu’au sommet de la colline, et de rejoindre – ou de quitter, selon le souhait – la rue très typique et authentiquement commerçante Pavla Radića. Nous terminons la journée dans un très bon restaurant (HAS) pour célébrer la jubilaire, qui ira se faire masser pendant une heure tandis que j’enchaînerai les tours du parc Kralja Tomislava qui doit son nom au premier roi et fondateur de la Croatie historique en 925.

Zagreb.

Uspinjača.

Zagreb.

Zagreb.

Tunnel.

17 août 2023.
C’est aujourd’hui que nous allons retrouver la mer, Adriatique cette fois, après avoir quitté la Baltique à Gdansk. Pour cela, près de 4h30 de train dans un omnibus qui fera les 160 km séparant Zagreb de la côte. Alors que nous avons déjà parcouru plus de 3.000 km sur les rails depuis le début de notre voyage, le relief s’accentue enfin. Le train flirte d’ailleurs avec les 900 mètres d’altitude dans un parcours sinueux et au détour d’un virage, l’Adriatique se découvre enfin, dans un panorama majestueux.

A train with a view.

Majestueux, certes, mais industriel aussi, vu le port de Rijeka qui poursuit son extension avec pour ambition de devenir le premier port de la mer Adriatique. Nous continuons sur notre lancée des appartements, celui-ci a la climatisation (à fond de balle, le voyage en train nous autorise cet excès) et surtout la vue sur la mer, et sur le port. Le premier contact avec l’Adriatique n’est pas le meilleur : c’est bétonné, embouteillé et blindé de monde. Déjà que je n’aime pas les vacances à la plage cela ne me convainc pas, au moins, il n’y a pas de silice sur les plages, si ce n’est dans l’une ou l’autre bimbo refaite.

Rijeka.

Rijeka.

18 août 2023.
Après le premier constat d’hier, j’avoue que n’importe quoi m’aurait réconcilié avec la côte Adriatique. Et j’ai été servi, mais il faut faire un minimum d’efforts et accepter le béton. C’est en bus que nous joignons Lovran, petit village d’Istrie au vieux centre historique piétonnier, dont les ruelles sont si étroites que les corniches semblent se bécoter. C’est sous la protection de l’église de la Sainte-Trinité de Lovran que nous nous baignons pour la première fois dans la mer Adriatique, eau cristalline, petits poissons et naïades sont au rendez-vous.

Lovran.

Lovran.

Lungomare.

Riviera.

Lungomare.

C’est aussi à Lovran que commence – ou termine – le lungomare, agréable promenade suivant le bord de mer, aménagée à la fin du XIX ème siècle avec l’ouverture des grands hôtels et l’édification de somptueuses villas consacrant cette côte comme Riviera glamour. Un enchantement sur près de 10 km jusqu’à Volosko via Opatija. Nous ne résistons pas à une autre baignade à la faveur d’une petite crique isolée. Ce n’est qu’en fin de journée que nous reprenons de la hauteur pour admirer le panorama et le coucher de soleil depuis le château (hétéroclite) de Trsat. Pour accéder au sommet de la tour, comptez 600 marches depuis le vieux port. Nous avons compté sur le bus n°2, ayant opté pour une carte de bus à la journée, cette dernière se terminant en beauté.

Trsat.

Rijeka.

19 août 2023.
C’est un tel plaisir de voir les kets s’émerveiller des petits poissons dans l’eau translucide que nous remettons cela ce matin, direction la petite plage de Pecine, dominée par l’imposante Villa Ružić. La plage de galets, et de béton vu l’aménagement pratique, est libre d’accès et pourvue de douches, ainsi que d’escaliers et d’échelles pour aller dans l’eau, c’est franchement pas mal, mais par endroits, il faut enjamber si pas frôler les corps allongés pour se frayer un chemin, choisissez bien votre trajectoire. Cela ne nous empêche pas d’y retourner en fin d’après-midi alors que le soleil tombe, non sans avoir parcouru le centre historique : le korzo (avenue piétonne), la tour de la vielle ville, la cathédrale Saint-Guy et le tunnel long de 330 m. Le coucher de soleil sera cette fois sur la plage.

Mer Adriatique.

Rijeka.

Tunnel.

20 août 2023.
C’est sous une chape de plomb que nous quittons la belle Adriatique pour la fournaise de Ljubljana dans un train non climatisé qui n’a qu’une dizaine de minute de retard, cela se tient.

Ce n’est qu’un au revoir.

Ne faites pas ça chez vous.

Par contre, à Ljubljana, nous avons annulé in extremis la réservation d’hôtel pour un Airbnb mieux situé et surtout avec airco. Le train prend vite de la hauteur et traverse des paysages verdoyants, avec plus de relief dès la frontière slovène franchie. Nous n’avons pas vu d’ours dans les forêts et arrivons sans encombre dans la capitale slovène de 300.000 habitants. Comme notre billet Interrail est à peine utilisé pour la journée, nous en profitons pour enchaîner avec une excursion à Škofja Loka, une des plus anciennes cité de Slovénie vu que fondée en 973 et jumelée avec Houffalize depuis 2011. Cela donne un aperçu d’une petite bourgade de campagne.

Škofja Loka.

Škofja Loka

Škofja Loka

Houffalize ?

21 août 2023.
Il fait déjà bien chaud ce matin lorsque nous quittons notre nid douillet pour partir à l’assaut de la capitale, en commençant évidemment par le château, bâti au sommet d’une colline et dominant la ville. Il était déjà occupé à la préhistoire, puis les Romains y avaient établi un camp fortifié pour céder la place à un château médiéval. Les occupants précédents, illustres chevaliers ou sombres prisonniers étaient-ils aussi subjugués par la vue panoramique ? Bien sûr, la vue était différente à l’époque : le triple pont n’était pas encore lancé ni même le pont aux Dragons, premier pont d’Europe en béton armé !

Château.

Expo.

Expo d’antant.

Pour prendre un peu le frais, après avoir pris de la hauteur au 12 ème étage de la tour Nebotičnik, le premier gratte-ciel de la ville, nous poussons jusqu’au parc Tivoli qui s’étend sur 5 km², mais les moustiques semblaient nous y attendre, nous ne nous y éternisons pas et retrouvons les quais animés de la Ljubljanica, le long du quartier branché de Krakovo, où habitait notamment Joze Plečnik, l’architecte qui a façonné une bonne partie de la ville au siècle dernier. C’est dans ce même quartier que je ferai mon footing au coucher du soleil.

Ljubljana.

Ljubljana.

Orthodoxe.

Ljubljana.

22 août 2023.
Suite aux inondations de début août, il nous faut assurer nos arrières pour le long trajet demain jusqu’à Prague, notre correspondance de 14 minutes à Maribor est trop courte, et le site internet de la compagnie ferroviaire nationale n’est pas up to date, nous passons à la gare pour confirmer les horaires, un départ plus matinal que prévu s’imposera pour constituer une marge de sécurité : afin de palier un éventuel retard de 15 minutes, nous prendrons le convoi précédent. Il nous faut donc avancer le réveil de 90 minutes, j’adore ça. En attendant, nous faisons une incursion dans le quartier underground et artistique de Metelkova puis nous rejoignons la Cathédrale Saint-Nicolas (si, si) qui est « closed for cleaning », c’est du propre.

Metelkova.

L’hôtel de ville, lui, est bien ouvert et présente des expositions temporaires libres d’accès : la municipalité y expose fièrement les trophées reçus, notamment de Capitale Verte Européenne. L’après-midi sera bucolique : le jardin de la maison Plečnik, les bords de quais de la Ljubljanica, le jardin botanique, et une coupe de glace que j’irai confesser à la Cathédrale Saint-Nicolas, toute blinquante comme il se doit. Les fresques et les dorures baroques des orgues sont remarquables, le chemin de croix l’est moins, c’est notable.

Lieu de culte.

Le petit frère d’Alexis et sa mère sont fatigués, ils se reposent à l’appartement pendant que je termine la journée en promenade avec mon fils aîné, juste pour le plaisir de déambuler et d’admirer une dernière fois les merveilles de la capitale slovène.

23 août 2023.
Quatre trains et trois pays. Partis de Ljubljana aux aurores, nous avons traversé l’Autriche via Vienne pour arriver à Prague après 14 heures de trajet. Le meilleur, c’est que nous avions pris un train plus tôt pour assurer notre correspondance à Maribor, et que non seulement le train initial (celui qui nous aurait permis de dormir 1h30 en plus) avait 40 minutes de retard, mais en plus la correspondance l’a attendu. Bref, nous aurions pu rester au lit ce matin.

Nous avons entendu siffler le train.

Alors Prague à la nuit tombée, c’est éclairé, bien sûr, et c’est magnifique, évidemment, mais c’est aussi noir de monde. J’avais trop hâte de montrer l’horloge astronomique et le Pont Charles au reste de la famille : une marée humaine à double flux pour y arriver ! Ça promet pour demain.

Prague by night.

24 août 2023.
Une bonne nuit, au calme et avec la climatisation au ralenti. La journée sera chargée, je vous en épargne le compte-rendu dithyrambique. Premier constat : il y a quasi autant de monde qu’hier soir. Deuxième constat : où que l’on porte les yeux, il y a un élément remarquable. Troisième constat : cela vaut le coup de s’écarter des principales rues touristiques, les voies parallèles réservent quelques merveilles aussi. Quatrième constat : il y a beaucoup de weed shops, probablement même plus que d’églises.

Prague by day.

Astronomique.

J’organise le début de la visite pour arriver devant l’horloge astronomique à 11h pour le célèbre défilé des 12 apôtres, puis le pont Charles nous tend les bras : ses statues nous font une haie d’honneur. Les sticks à selfie aussi. Il nous faut gravir ensuite un long escalier pour atteindre la place du Hradschin de la ville haute et le château de Prague au sein duquel s’érige la cathédrale Saint-Guy. Nous prenons le frais dans les jardins, d’abord sous le Palais Lobkowicz, ensuite dans les jardins royaux. Malheureusement, aucune plaine de jeux à l’horizon et les pelouses sont réservées, ce n’est pas le moment de jouer au frisbee. Nous nous consolons au Monastère de Strahov où un office est en cours, nous n’y entrons pas d’office, mais bien avec circonspection.

J’imagine.

Pas de regard vitreux.

Palais royal.

Monastère.

Tandis que nous redescendons vers la Moldau, imprononçable en version tchèque : Vltava, l’ambassadeur de Suède tient son petit speech diplomatique sur l’amitié tchéco suédoise. Les Ferrero Rocher sont au rendez-vous.

Prague.

25 août 2023.
Journée relax vu que c’est la dernière des vacances et que nous avons enchaîné une bonne partie des « highlights » hier. Tranquille Émile, je fais un petit parcours qui nous mène d’abord vers la Moldau, en passant par la place Venceslas et la fameuse statue du saint patron de la république tchèque,puis nous passons par l’originale statue céphalo-rotative de Kafka et les immeubles Sécession de l’avenue Naroni, sous une variante locale de l’Art Nouveau bien connu à Bruxelles.

Fontaine.

Renversant.

Kafka.

Pédalo.

Nous agrémentons notre balade vers le château en flânant dans les jardins Wallenstein : le sénat tchèque a l’amabilité de nous y recevoir. Pour « manger midi », nous retournons à l’agréable cafetaria du palais Sternberk, avant de redescendre vers l’île Slovanský pour s’adonner à un sport aquatique extrême : le pédalo. Bien aidé de mes héritiers, tandis que leur mère prend un bain de soleil, je manœuvre le frêle esquif dans les eaux tumultueuses de la Vltava, jusqu’à débusquer une colonie de castors sur les berges de l’île Strělecký, stupéfiant. Nous ne résistons pas, au crépuscule, à un dernier bain de foule sur le pont Charles, tandis qu’un accordéoniste joue des airs de Vivaldi, quelle faute de goût sachant que Mozart himself fut un jour organiste dans l’église Saint-François d’Assise toute proche, au même titre que Josef Ferdinand Norbert Seger d’ailleurs, ne l’oublions pas.

Prague.

26 août 2023.
Une longue journée de train se profile à l’horizon alors que le jour se lève, comme sonnant le glas de notre épopée européenne et menant notre périple familial à son épilogue. Nous aurons ainsi séjourné dans dix villes à l’histoire chargée et à l’architecture fascinante, limitant volontairement les visites de musées au profit de la randonnée urbaine. Notre pass Interrail nous aura mené sur un fabuleux parcours de 5.190 km dans 8 pays, cumulant près de 72 heures de transports dans 34 trains, globalement sans encombre, si ce n’est sur le dernier trajet : je n’ai jamais vu courir ma Princesse aussi vite et aussi longtemps, si ce n’est après moi bien sûr.

Mission accomplie.

Alors, oui, nous n’oublions pas le Zwinger de Dresde, la grue médiévale de Gdansk, la grotte du dragon de Cracovie, la cathédrale Saint-Martin de Bratislava, le parlement de Budapest, la citadelle d’Osijek, le vieux quartier Gradec de Zagreb, la vue sur le golfe du Kravner depuis le château de Trsat à Rijeka, les ponts de Ljubljana et le Pont Charles de Prague. Mais le meilleur de notre voyage, ce sont ces petites choses qui feront de la carte d’Europe un album de souvenir : Valentin qui nourrit les poissons de la Vistule à Gdansk, Alexis qui réussit enfin à bien lancer le frisbee dans le parc du palais royal de Gödölő, l’anniversaire de ma Princesse à Zagreb (je ne dévoilerai pas son âge respectable, mais bien son année de naissance : 1980), et moi qui vais – spontanément – nager dans l’Adriatique avec mes petits garçons chéris. Et maintenant, c’est quand qu’on va où ?