Alors que l’avion d’Icelandair décolle, je regarde une dernière fois Bruxelles par le hublot avant de la voir disparaître dans les nuages. La nature a été clémente, et le volcan islandais au nom bizarre aura su patienter avant de cracher ses volutes. Le premier vol se passe sans encombre, agrémenté par des surprises que Mamy Agnès, la maman de Catherine, a préparées pour toute la famille. Lors de l’escale à Reykjavik, où il pleut autant qu’à Bruxelles, nous profitons déjà du wifi pour skyper avec les parents et grands-parents, comme ce voyage va nous rapprocher ! Déjà l’heure du second vol, pour que les enfants s’endorment finalement peu avant l’arrivée à Halifax.
Première difficulté, passer les douanes alors que nous n’avons pas de billet d’avion pour le retour. A cet effet, nous avions prévu de sortir la preuve du transport maritime du camping-car, des relevés de comptes pour prouver notre solvabilité, et même ma botte secrète, alors que Catherine commençait à déballer notre projet au douanier perplexe : Alexis doit faire pipi et c’est urgent.
Puis, une fois les quatre sacs de soute récupérés, près de 65 kg de bagage tout de même, sans compter les trois sacs de cabine avec le matos high-tech, nous prenons d’abord un bus qui nous dépose dans le centre-ville en moins de 30 minutes, et enfin un taxi qui nous laisse devant le Heritage Youth Hostel où nous avons réservé 4 lits dans un dortoir pour 4, bref une belle suite familiale presqu’aussi grande que le motorhome.
Vu le décalage horaire, pas besoin du réveil pour être à l’ouverture des bureaux d’ACL, que nous joignons facilement à pieds non sans avoir fait une halte au Starbucks de Spring Garden Road.
Chaleureusement accueillis, les enfants reçoivent des magicolors et du papier pour gribouiller quelques dessins en attendant notre précieux sésame : les papiers à présenter aux douanes, à quelques centaines de mètres plus loin.
La douanière, à qui on ne la fait pas, remarque immédiatement que sur le certificat d’immatriculation du motorhome, il est stipulé que « ceci n’est pas une preuve de propriété du véhicule » et nous demande donc de quoi il retourne. Comme elle a le pouvoir de faire échouer l’importation du motorhome et donc tout simplement, notre projet, là on ne fait pas trop les malins et on lui sort dubitativement la facture d’achat de l’engin, qu’elle nous retourne aussi sec : « je ne sais pas lire ça » … faut reconnaître que rédigée dans la langue de Vondel, le document n’est pas à la portée de tous. Il ne nous reste plus qu’à lui sortir un misérable « ben vous savez, c’est comme ça en Belgique, on ne sait pas trop vous savez … chez nous, on distingue l’immatriculation de la propriété, c’est comme ça ». Sentant sans doute la pause café arriver, la douanière finira par tamponner nos papiers et nous voilà en route vers le terminal maritime, dans un taxi à qui il faut indiquer le chemin à l’aide de notre GPS.
Au port, tout se passe bien, ou presque, mais ça c’est une autre histoire…
La première chose à faire, une fois le véhicule récupéré, la cloison retirée, la caméra de recul réinstallée et les sièges auto des enfants en place, et eux assis dedans, c’est d’aller au supermercado du coin que j’avais relevé avant de partir et imprimé l’itinéraire au cas où le GPS restait en rade.
D’abord le plein d’essence, enfin de diesel, mieux vaut ne pas se tromper, puis l’achat et le raccordement de la bonbonne de gaz, qui se passe sans problème vu les conseils glanés sur internet et surtout le kit d’adaptateurs internationaux que j’avais commandé online.
Après avoir vérifié que le frigo se mettait bien en route (s’agissant d’un modèle trimixte, il fonctionne soit sur 220V, soit sur 12V, soit sur gaz), nous prenons des caddies pour remplir les armoires et le frigo, à l’aide de la liste préalablement établie. Purée faudra arrêter cette manie de tout organiser et planifier à l’avance, ça devient fatiguant à la fin !
Et nous voilà déjà en route vers le camping que nous avions booké (sans blague) pour deux nuits. Pendant que Catherine réorganise son domaine réservé (la cuisine), je m’occupe des deux kets complètement surexcités, dans la piscine pas très chaude, mais bon ça passe quand même. Après ça, les enfants ne demanderont plus qu’à dormir et nous avec.
Ce jeudi, petite journée, entre la visite de l’expert, une sortie d’intendance, les mails et courriels divers pour faire avancer le schmilblick, le réarrangement du motorhome et l’apprentissage de son fonctionnement. Une deuxième nuit dans le camping n’est pas de trop, surtout que l’accès à internet est indispensable pour solutionner notre petit souci de carrosserie.
Sur les conseils avisés de l’expert de l’assurance, un expat néerlandais avec qui j’ai du mal à oublier mes collègues néerlandophones (au moins je communique parfaitement avec lui), et après trois tentatives infructueuses dans des sociétés de RV (Recreative Vehicle), nous partons de bonne heure ce 29 août 2014 pour un petit carrossier dans la banlieue de Truro, à une bonne heure au Nord d’Halifax, et qui est par chance sur notre itinéraire planifié pour aller visiter l’île du Prince Edouard.
Comme nous demandons au carrossier de réaliser une réparation suffisamment valable pour tenir les deux ans du voyage, et faire face à des gradients de température élevés, ainsi qu’à des conditions climatiques difficiles, il compte deux jours de travail et nous demande de repasser après le long WE (c’est la fête du travail lundi), de sorte que nous avons le temps de visiter l’île du Prince Edouard que, pas rancunier, nous choisissons de rallier en bateau …
L’île est tout simplement magnifique, comme on peut se l’imaginer avec ses petites maisons cossues en bois et ses jardins ouverts sur la mer. Nous y profitons de la douceur de vivre. Nous passons ainsi notre première nuit en camping sauvage, ou plutôt en bivouac car nous n’avons rien de sauvage, quoique parfois peut-être.
Il faut dire que le motorhome nous offre une belle autonomie, le frigo est rempli, de même que les réservoirs d’eau, et avec les panneaux solaires et les nouvelles batteries, nous sommes autonomes en électricité.
Quel bonheur que de voir ainsi les enfants courir ainsi comme des Usain Bolt dans le sable et de s’endormir puis de se réveiller avec vue sur la mer. L’occasion aussi d’éprouver le chauffage, parce qu’avec 7°C au réveil dans le CC, c’était plutôt frisquet.
Nous empruntons alors la route côtière pour découvrir la magie de l’île et passons par le phare de Cape Bear, pas trop redouté des marins, et aussi par le Kings Castle Provincial Park, chéri par les kets vu la plaine de jeux mémorable. Nous traversons ensuite la partie Est de l’ile pour arriver à notre deuxième bivouac, à côté du Visitor Center de St-Peters Bay.