5 mars 2016.
C’est notre sixième et dernière entrée en Argentine, peut-être celle de trop car je tombe sur un agent des douanes qui n’a manifestement pas toutes ses frites dans le même sachet, comme on dit chez nous. Mais votre serviteur sait rester humble, mordre sur sa chique et faire profil bas quand il le faut : mon précieux sésame en main, nous prenons la direction des mines de Wandas. Dans les années septante, un producteur de yerba de maté est tombé par hasard sur des pierres semi-précieuses en travaillant la terre. Il y a 250 millions d’années, des bulles de gaz emprisonnées dans la lave en fusion ont formé ces géodes dans lesquelles on trouve, ou plutôt les mineurs trouvent, des pierres semi-précieuses, essentiellement du quartz et de l’améthyste. On a beau être en Argentine, les conditions de travail des mineurs sont difficiles (ou alors, c’est justement difficile parce qu’ils sont en Argentine) : pas une galerie n’a la hauteur réglementaire, ce n’est pas bon pour mon dos.
Après la visite, les kets s’amusent à ramasser des jolis cailloux sur le parking, ce sont en fait les déchets minéraux inexploitables pour le commerce d’objets kitschissimes (mais jolis) en tout genre. Nous revenons sur Puerto Iguazu et nous nous dirigeons vers l’entrée du parc national qui abrite les majestueuses chutes. Chemin faisant, on passe un poste de contrôle où nous devons nous acquitter d’une (nouvelle) taxe « éco-touristique ». Quelle vaste blague, le reçu n’est même pas imprimé sur du papier recyclé et la fonctionnaire peine à m’expliquer l’utilité de la taxe ! Pas grave, je reste calme, humble et poli, on est à Iguazu après tout. Nous arrivons à l’entrée du parc, le bivouac des Suisses (La Vie Devant) est fermé. On tente le parking de l’aéroport qui est loin d’être gratuit et on s’arrête finalement devant un petit poste de gendarmerie à l’entrée d’une route en terre qui s’enfonce dans la jungle, ou du moins ce qu’il en reste : sur le million de kilomètres carrés que comptait la forêt Paranéenne, seul un petit 60.000 km2 (deux fois la Belgique) subsiste en parcelles morcelées. Pour remercier les gendarmes de l’accueil, nous leur donnons les sachets de yerba de maté que nous avions reçus lors de la visite d’une yerbateria au Paraguay.
6 mars 2016.
Voilà, on y est, voici les merveilleuses chutes d’Iguazu. Il s’agit en fait d’une succession de cascades s’étirant sur près de trois kilomètres, environ 275 sauts, selon le débit global l’intensité des averses. La plus haute cascade, la Garganta del Diablo en forme de fer à cheval long de 700 mètres, flirte avec les 90 mètres de haut. Alimenté par les pluies très abondantes de ces dernières semaines, le rio Iguazu est au plus haut et le débit incroyable, dépassant les 6 millions de litres à la seconde (ça calme, hein). A la faveur d’une faille géologique, les chutes s’étalent, visibles au plus près du côté argentin et avec une vue d’ensemble du côté brésilien, au programme de demain. Pour l’heure, nous franchissons très tôt les grilles du parc national et prenons le petit train jusqu’au terminus : estacion Garganta.
Un chemin sur des passerelles aménagées sur le fleuve et zigzaguant d’île en île, sur près d’un kilomètre, nous mène à la Garganta del Diablo, où se concentrent tous les superlatifs de majestuosité et de la puissance implacable et vertigineuse de la Pacha Mama. Mais attention, certaines passerelles sont glissantes et ce n’est pas le moment de faire une mauvaise chute … pfft ! Tout en me donnant la main, Alexis me raconte une histoire rocambolesque, dont j’attends toujours la chute, évidemment (mais c’est un festival). Nous suivons tous les sentiers aménagés, le superior et l’inferior, et nous nous offrons même le luxe de retourner à la Garganta del Diablo, les nuages de la matinée s’étant dissipés, c’est encore plus beau avec un rayon de soleil.
Nous n’oublions pas de passer au centre des visiteurs qui présente de manière très didactique la faune, la flore et l’histoire du parc national. Plus rien ne nous retiens en Argentine, c’est bien la première fois que je suis content de quitter un pays, on y est resté presque quatre mois !