11 décembre 2015.
Argentine, the retour. Passage de douane facile et presque agréable au Paso Jeinimeni, mais les dernières rafales de vent viennent de nous convaincre de suivre les conseils des Français rencontrés à Chile Chico : condamner les lanterneaux du toit en les collant avec du gros scotch (il paraît que ça marche mieux qu’avec du whisky), en espérant que cela suffise à leur éviter d’être arrachés d’un coup de vent. Nous avons encore en mémoire le souvenir funeste de la grille de ventilation du frigo qui s’était jetée sous les roues des poids lourds canadiens. Nous nous arrêtons à Los Antiguos, ville frontière, à l’abri du hall omnisports et je déroule tout un rouleau de papier collant pour protéger les trois lanterneaux. J’en ajoute encore un peu sur les grilles de ventilation du frigo, le duct tape qui y est depuis plus d’un an commençant à se désagréger. Confiants, nous poursuivons jusqu’à Perito Moreno (la ville, pas le glacier qui est situé près de El Calafate à des centaines de kilomètres plus au Sud), et grâce au wifi plus ou moins correct de la Petrobras à l’entrée Nord de la ville (GSP : -46.582714, -70.927956 et code : larotonda), nous publions le récit de nos 33 jours passés au Chili. Il me faudra plus de cinq heures, pourtant le texte est déjà compilé et les photos sont déjà triées et réduites, mais il y en a beaucoup (122 !) et ça prend du temps de les insérer au bon endroit avec une légende ad hoc. Du coup, il fait nuit noire quand la newsletter est envoyée et je n’ai plus envie de rouler : on reste là pour dormir, juste devant le panneau « stationnement interdit aux motorhomes ».
12 décembre 2015.
Au moins, on était bien protégés du vent et personne n’est venu nous déloger. On se lance sur la fameuse RN40, mais rien de très excitant : 360 kilomètres d’asphalte s’offrent à nous et le vent d’Ouest a bien faibli. On croise de nombreux guanacos ainsi que des nandous, et même un WC (c’est pour toi, Sylvain). Le vent a peut-être faibli, mais reste bien présent, les tôles ondulées (on en trouve encore sur la 40) métalliques de la cargaison d’un transporteur en ont fait les frais.
Peu avant Gobernador Gregores, un immense troupeau de moutons menés par trois gauchos, deux à cheval et un à moto, nous barre la route et je me fraye un chemin en roulant au pas, camarade. Un peu plus loin, en bas d’une belle descente en ligne droite, le vent dans le dos, je dois piler sur les freins : il y a comme de grands trous dans le revêtement, suffisamment profonds pour démolir le CC dans sa lancée !
Nous faisons le plein dès notre arrivée en ville, ce n’est que le troisième de la journée : le premier à Perito Moreno, le deuxième à Bajo Caracoles, 128 kilomètres plus loin et le troisième à Gobernador Gregores, après 232 kilomètres sans rien. Du coup, on fait le plein à chaque pompe, certaines sont parfois à sec et la consommation ayant tendance à augmenter pour lutter contre le vent. Nous nous installons au petit camping municipal, libre d’accès, ce qui n’empêche pas au gardien de solliciter « una colaboración », avec eau, électricité et douche chaude.
13 décembre 2015.
Surprise ce matin au réveil : il neige. C’est là qu’on est bien content d’avoir un branchement électrique et l’achat de l’année qui va avec. La couche n’est pas encore épaisse, mais les 72 kilomètres de piste qui nous attendent attendront encore une journée. Si on veut arriver à El Chalten en une traite (300 km dont un quart en ripio et une pompe au milieu pour casser la monotonie), on a intérêt à attendre que ça sèche. Je dois faire un grand détour pour atteindre la boulangerie : deux rues sont inondées.
La neige et la pluie cessent en fin de matinée, il n’y a pas de lavanderia à portée de vue, c’est Catherine qui s’y colle, à la main. Je travaille sur le PC pour faire les sauvegardes et trier les fichiers échangés sur la route.
14 décembre 2015.
Quand il faut y aller, il faut y aller. Nous laissons derrière nous cette ville aux rues trop larges où s’engouffrent les vents patagons, bordées de maisons qui rivalisent d’originalité pour leur bac à ordure et prenons la direction d’El Chalten.
A l’approche du motorhome, quelques guanacos sautent élégamment par-dessus les clôtures qui longent immanquablement la route, et servant à protéger des tas de cailloux agrémentés de quelques touffes d’herbes. Parfois, comme dans une scène de Vidéogag, un pauvre guanaco se loupe et reste empêtré dans les fils barbelés, mais son sort est alors sordide, comme en témoignent plusieurs carcasses décharnées tenant en équilibre dans les fils des clôtures. Un moment, au détour d’une belle ligne droite, le beau ruban d’asphalte cède sa place à une belle piste sans aucune tôle ondulée : elle est trop dure et il y a trop de cailloux pour ça.
C’est, pour les passagers du véhicule, un supplice, et pour le conducteur, pire encore, c’est la promesse d’une nouvelle fuite sous le capot, ou même d’un pneu déchiqueté si ce ne sont pas simplement des pierres coincées dans les roues jumelées. Moi qui voulais pourtant sortir des sentiers battus, je vous le concède : ça ne m’amuse pas, alors que l’écran de la caméra de recul valdingue au gré des secousses, c’est à dire en permanence. En limitant la vitesse entre 10 et 45 kilomètres par heure, nous venons à bout (de nerf) de ces foutus 72 kilomètres de « carretera en construccion », en passant par endroits à seulement quelques mètres des morceaux nouvellement asphaltés, en trois longues heures. J’ai faim et soif, mais je voulais en finir. De toute façon, toutes les bières ont été trop secouées, il faudra attendre un peu avant d’en ouvrir une. Il paraît que c’est normal. A peine la régularité de l’asphalte retrouvée, j’inspecte les pneus et le bas de caisse : tout va bien. Pas de fuite, pas de caillou coincé et la gomme des pneumatiques n’est pas complètement lacérée comme j’ai déjà pu le constater chez d’autres voyageurs. En fait, notre camion est plus costaud que je ne le pense. A Tres Lagos, soit 180 km après Gobernador Gregores, nous prenons du diesel dans une station-service sortie de nulle part, puis je lâche la bride jusqu’à El Chalten. Le paysage, beau mais monotone jusqu’alors, devient splendide à l’approche du Lago Viedma, dans lequel vient s’échouer le glacier éponyme que l’on aperçoit au loin. L’arrivée en ville est saisissante, elle ne se découvre qu’au dernier virage après un long tronçon sur la RP23 depuis l’embranchement avec la RN40, une centaine de kilomètres sans rien, juste deux ou trois estancias isolées et l’écrin montagneux qui grandit à mesure que les kilomètres défilent.
La ville d’El Chalten, ou « la montagne qui fume » en indien tehuelche, n’a été officiellement créée qu’en octobre 1985 par le gouvernement argentin, histoire d’occuper cette région frontalière du Chili. En fait, la belle montagne qui domine la région ne fume pas du tout, ce n’est donc pas un volcan, mais elle accroche les nuages du haut de son pic granitique culminant à 3.405 m d’altitude et focalisant l’attention de tous les alpinistes cherchant à accrocher à leur tableau de chasse le Fitz Roy, puisque c’est ainsi que le naturaliste argentin Francisco Pascacio Moreno l’a rebaptisé, en hommage à Robert Fitzroy, le capitaine du HMS Beagle qui avait un certain Charles Darwin parmi ses passagers. La ville n’a guère changé, depuis notre premier passage en 2007, mais il y a plus de tout. Plus d’asphalte sur les rues (mais pas toutes), plus de randonneurs suréquipés dans les hostals, plus d’aventuriers bruyants dans les bars et beaucoup, beaucoup plus de vent, mais ce dernier peut s’estomper d’ici à demain. Il y a aussi une belle plaine de jeux en bois massif, les kets l’ont tout de suite repérée, c’est bon, on a notre bivouac.
15 décembre 2015.
Avant de se lancer sur les chemins de randonnées du secteur Nord du Parque Nacional Los Glaciares, fondé en 1937 sur près de 6.000 km2, nous passons au centre des visiteurs où nous recevons une carte des randos, il va falloir sélectionner. Nous commençons par le Mirador Las Aguilas d’où la vue embrasse toute la plaine par laquelle nous sommes arrivés hier, bordée par le Lago Viedma. Le sentier est bien aménagé et agrémenté de panneaux d’information sur les condors, un peu comme un chemin de croix, mais en plus didactique.
D’ailleurs, nous n’attendons pas longtemps pour en apercevoir un couple planer dans le ciel, tout près, forcément, du Mirador De Los Condores qui surplombe la petite ville. De retour au CC, nous avons déjà parcouru 7 kilomètres. Nous devons adapter notre alimentation à ce régime sportif : des sucres lents (spaghettis bolo maison) et du jus de raisin (70 % cabernet sauvignon et 30 % carménière). Dans l’après-midi, je traverse la ville avec une bouteille de gaz sur l’épaule jusqu’au point de remplissage artisanal renseigné par d’autres voyageurs sur le lien Amsud (groupe restreint Yahoo destinés aux gens comme nous).
C’est tellement artisanal que ça ne fonctionne pas et je crains même que l’opération ait encrassé la bonbonne. Je découvre aussi le parking pour motorhome à l’autre bout de la ville, mais il y fait très venteux et nous restons donc à côté de la plaine de jeux.
16 décembre 2015.
Aujourd’hui, le temps est à la pluie, c’est moins rigolo. On occupe les kets avec des chiffres et des lettres, ça peut rapporter gros, puis des dessins et des bricolages. Dans l’après-midi, nous tentons une sortie jusqu’à la cascade d’El Chorillo, mais rebroussons chemin sous un ciel menaçant et arrivons juste à temps dans le CC pour éviter la douche froide. Ma femme nous abandonne pour s’offrir un café au calme dans un petit bistrot confortable avec wifi, pendant que je veille sur les héritiers. Puis, c’est la drache qui s’abat sur le motorhome, bruyante et froide. A 19h30, tout le monde est au lit, bien au chaud sous la couette, chacun avec son petit doudou, le mien s’appelle Princesse.
17 décembre 2015.
Ciel bleu et plein soleil ce matin, et c’est tant mieux parce que la pluie d’hier a eu raison du joint d’étanchéité que j’avais renouvelé il y a pile un an, au Lake Mead. Le navire prend l’eau, et si les rats quittent le navire, ce n’est que pour partir en trekking jusqu’au Mirador de la Laguna Torre. Le sentier est bien aménagé mais reste étroit et parfois escarpé dans les rochers, pas toujours évident pour les petites jambes de Valentin, mais la récompense est au bout de l’effort : le Cerro Torre, qui culmine à 3.102 m et qui n’a été gravi qu’en 1974 par l’Italien Casimiro Ferrari, est bien dévoilé, ainsi que son glacier blanc comme neige (ben oui) se jette dans la Laguna Torre en contrebas.
Véritable « tour » qu’est ce pic granitique de 800 mètres dont les parois abruptes voire verticales ne retiennent pas la neige. Retour au CC avec 10 kilomètres dans les jambes, ça fait du bien. L’après-midi, je tire un nouveau joint (en silicone) sur le CC puis les kets vont encore se défouler à la plaine de jeux. On va devoir augmenter le niveau demain, si le temps le permet, histoire de les achever.
18 décembre 2015.
Au menu du jour, la Laguna Capri (c’est fini) et le Mirador du Fitz Roy. Un peu plus de 12 kilomètres aller-retour depuis le CC et à peine 350 m de dénivelée. Une belle ballade pendant laquelle nous croisons bon nombre de randonneurs sur le sentier. Ce dernier est plus agréable que celui d’hier, car il offre, dès le début, une belle vue sur la vallée en contrebas, creusée par le Rio de Las Vueltas. Puis, traversant une forêt éparse, le chemin débouche sur la lagune dominée par le massif du Fitz Roy, la montagne qui ne s’est offerte qu’en 1952, aux Français Lionel Terray et Guido Magnone, ce qui a d’ailleurs été épinglé à la une du Paris-Match (le poids des mots) en mai 1952.
Bien qu’encore à bonne distance, on aperçoit nettement le glacier de Piedras Blancas qui semble tomber de la montagne. C’est que, forcément, dans le Parc National des Glaciers, on peut voir pas mal de glaciers. Un moment, les kets ont espéré qu’on allait manger une glace chez Zizi (ndlr : célèbre artisan de crèmes glacées à Bruxelles), mais ils ont vite compris qu’en fait, les glaciers qu’on aperçoit ici sont ceux alimentés par le Hielo Continental Patagonico dont les parties Norte (Nord, 4.000 km2) et Sur (Sud, 13.000 km2) cumulent 17.000 km2 de champs glaciaires, soit autant que toute la Wallonie (une ardeur d’avance). C’est ici la partie Sud qui fait le spectacle avec ses terminaisons qui ne sont autres que les célèbres glaciers Perito Moreno, Upsala, Viedma, etc, soit plus de deux cent spécimens recensés ! Le vent agrémente l’après-midi que nous passons au calme (plus ou moins) dans le CC.
19 décembre 2015.
Voilà, on a fait notre temps et levons le camp après avoir échangé quelques tuyaux avec une famille française en CC Laika, porteur Iveco, même souci de garde au sol à l’avant, ça me rassure (3 chats perchés en voyage). Au moment de partir, l’agent de police s’arrête pour me signaler que nous ne pouvons pas passer la nuit-là. Ça tombe bien, après cinq nuits, on s’en va. La police veille au grain.
Pour arriver à El Calafate, nous devons contourner les lacs Viedma et Argentino, tous les deux alimentés par la fonte des glaciers du Hielo Continental Patagonico Sur, à cheval entre l’Argentine et le Chili, d’où leur teinte (rappelez-vous, j’ai déjà expliqué ça au Lake Louise : glacier, rocher, abrasion, particules, suspension). Nous traversons El Calafate, ville hyper touristique qui s’est développée grâce à l’attrait du PN Los Glaciares, et nous nous posons devant l’entrée du parc (GPS : -50.425976, -72.75156), histoire d’être aux premières loges demain matin.
20 décembre 2015.
5 kilomètres de ligne de front, jusqu’à 55 mètres de haut (et 160 m sous l’eau), une terminaison de 14 kilomètres de long, haute de 700 m en son centre, alimentée par un champ glaciaire de 257 km2. Vous l’avez reconnu, c’est le Perito Moreno, la vedette du pays, superstar incontestée des glaciers. Spectacle saisissant en perpétuel mouvement, il avance de deux mètres par jours en sa partie centrale du front, constituant ainsi la promesse d’icebergs se formant dans un vacarme assourdissant puis dérivant au gré du vent. Pour bien se gaver les yeux de cette merveille de la nature, nous franchissons la grille du parc dès l’ouverture, de sorte à être garé au plus près du site y rester jusqu’à la fermeture. Arrivés donc les premiers sur le site (ce qui nous vaut d’être stationné sur le parking supérieur – GPS : -50.46886, -73.03003, très pratique si on reste toute la journée), nous dévalons les passerelles jusqu’aux différents points de vues qui permettent d’admirer le show sous tous les angles.
Même les kets ont le bec cloué, ça n’arrive pas souvent. Afin de parfaire les photos, je pars en solo après la découverte en famille. Je reste longuement à contempler le glacier, assis à côté de trois jeunes filles qui, forcément, ne restent pas de glace, mais rassurez-vous, je ne briserai pas la glace (j’voulais absolument la placer). Comme tout le monde, j’attends, le doigt sur la gâchette, qu’un pan de glace gros comme une maison s’arrache à la paroi pour s’écraser sur le lac Argentino dans une puissante gerbe.
C’est, qu’alimenté par la pluie (neige) abondante en provenance des régions australes chiliennes, poussées par les vents d’Ouest, le glacier est un des seul au monde à ne pas régresser et à se terminer à si faible altitude (le lac n’est qu’à 200 mètres). Nous ne nous lassons pas de contempler cette merveille et avons du mal à quitter les lieux, mais le guardaparque est là pour s’en assurer. Dans ma folle jeunesse, je faisais la fermeture du TD, c’est à présent celle du PN. Nous trouvons un bivouac très calme au bout de la route qui mène à Punta Bandera, devant la préfecture navale et avec la bénédiction d’un matelot qui en garde le bateau.
21 décembre 2015.
Difficile de rivaliser avec la journée d’hier. On se contente du Glaciarium à la sortie d’El Calafate, un musée entier voué aux glaciers. Tout, vous saurez tout sur le glacier. Le vrai, le faux, le laid, le beau, le dur, le mou, … C’est passionnant et didactique, les kets mettront plus d’une heure à s’en lasser.
A la faveur de la bonne connexion à Internet offerte par le Glaciarium, nous apprenons que le nouveau président argentin, Mauricio Macri, dont nous avions vu l’investiture sur le poste télé à la dernière douane, a dévalué la monnaie nationale de sorte à la calquer sur la valeur du « blue », ce fameux taux parallèle. Coup de tonnerre donc pour les touristes, qui ne perdront plus 50 % en utilisant « el dinero plastico » (cartes bancaires et de crédit), et accessoirement pour les 42 millions d’Argentins qui voient donc un pan de leur économie s’effondrer, en espérant pour eux que cette mesure porte ses fruits. Nous poursuivons vers la ville pour recharger une bouteille de gaz, j’ai trouvé grâce au lien Amsud trois coordonnées GPS dans la même rue (ruta 15 sortie de ville), la première donne sur un terrain vague, la deuxième arrive chez un marchand de fruits et légumes qui est fermé et la troisième mène à un dépôt de gaz qui n’ouvre que le matin. On se pose près d’une plaine de jeux dans le centre et on verra demain.
22 décembre 2015.
Retour au dépôt de gaz, ils n’y font que des échanges (pas de remplissage) et de toute manière, il n’y a plus rien à échanger. Le gérant me propose d’aller à l’usine de Rio Gallegos où il est possible de recharger les cylindres, à 315 kilomètres d’ici. Je passe mon tour, mais pas à la belle boulangerie Don Luis, ça va faire plaisir aux kets et à Catherine. Et à moi aussi. Nous voulons atteindre la cité minière de Rio Turbio afin de passer la frontière avec le Chili demain. 330 kilomètres devant nous, compte tenu du détour jusqu’au hameau La Esperanza qui nous évite environ 80 kilomètres de mauvaise piste. La route est ainsi en très bon état et traverse d’agréables paysages.
La longue Cuesta de Miguel passe un col à plus de 1.000 mètres, d’où un mirador permet d’embrasser la vallée creusée par les eaux turquoises du Rio Santa Cruz, alimenté par les lacs glacières Argentino et Viedma. C’est énorme, toute la vallée s’offre à nos yeux sur des milliers de kilomètres carrés. A La Esperanza, nous prenons deux autostoppeurs. On n’aime pas ça parce que d’habitude, on dirait qu’ils se lavent encore moins souvent que nous et c’est vite la foire dans le CC. Mais là, ils sont propres et plus calmes que les kets. C’est finalement Alexis qui engage la conversation : « Vous êtes déjà allés à l’île de Pâques ? Nous oui ! » Et d’enchaîner avec le culte de l’homme-oiseau. Nous les laissons à Rio Turbio et allons-nous installer devant un hôtel aux pieds des pistes de ski, à côté du poste frontalier de Dorotea.
23 décembre 2015.
Réveil matinal et passage de frontière d’une facilité déconcertante, j’ai (presque) eu envie de demander au douanier de venir contrôler le CC, mais il était trop occuper à me chanter une chanson : « Cuando pa’ Chile me voy, cruzando la cordillera, late el corazón contento, una chilena me espera ».