Du Paso Mamuil Malal au Paso Cardenal Antonio Samore (du 31.10.2015 au 9.11.2015 – 524 km – 44.853 km cumulés)

31 octobre 2015.
Notre deuxième entrée en Argentine, par le Paso Mamuil Malal, commence par une surprise : la belle route chilienne se transforme en piste moyenne pour arriver au poste frontière argentin. Mais heureusement, les formalités sont vite réglées, le douanier était sans nul doute très impressionné par les kets déguisés pour la fête d’Halloween.

Salut Pierrot !
Salut Pierrot !

 

Bouh !
Bouh !

La piste, une belle petite tôle ondulée bien régulière et assez cassante par endroit, se poursuit pendant une douzaine de kilomètres, jusqu’à la sortie du PN Lanin, créé en 1937 pour protéger un espace de 412.000 hectares englobant notamment le volcan Lanin et une bonne vingtaine de lacs.

Ici, c'est bon.
Ici, c’est bon.

 

Volcan Lanin.
Volcan Lanin.

 

RN40.
RN40.

Nous retrouvons avec plaisir l’asphalte et une bonne vitesse de croisière, jusqu’à San Martin de los Andes, petite ville très touristique sise au creux de la province de Neuquen, ce qui ne manquera pas de faire sourire nos lecteurs néerlandophones les plus avisés. Le CC est garé stratégiquement à côté d’une plaine de jeux et je pars faire quelques courses dans le centre endormi, il est passé 14h ! De retour auprès des miens, c’est le choc. Alors que j’ai assuré de main de maître le passage de frontière, que j’ai roulé des dizaines de kilomètres, que j’ai fait les courses et même vidé la toilette, je retrouve ma femme en train de se donner publiquement en spectacle : elle suit une séance de yoga improvisée sur la pelouse du parc. Mes héritiers, laissés pour compte, tentent vainement de s’occuper sur un maigre tapis de gym parme.

San Martin de los Andes.
San Martin de los Andes.

 

Scandaleux.
Scandaleux.

Il va falloir sérieusement réviser la répartition des tâches, je suis littéralement exploité. Au moins, tout ceci plaidera en ma faveur au tribunal. L’animation et la température montant dans le parc, comme c’est souvent le cas le samedi soir en Argentine, nous déplaçons le CC dans une rue paisible pour la nuit, en évitant soigneusement le parking du Lago Lacar, le bivouac habituel des overlanders, fort fréquenté également aujourd’hui.

1 novembre 2015.
On a bien dormi et on fait nos réserves avant de partir à l’assaut de la Route des Sept Lacs, qui ne compte que 110 kilomètres (intégralement asphaltés, depuis peu – ouf) mais qui offre plusieurs possibilités de bivouacs incontournables en pleine nature et faciles d’accès (Lago Villarino et Lago Espejo notamment), de sorte que plusieurs jours sont nécessaires pour en venir à bout. Nous profitons encore d’un des nombreux wifi en accès libre dans la ville, du robinet d’eau de la coopérative des eaux (potables) et du supermercado, puis à nous la nature. Je vous passe les détails de nos haltes photographiques et de tous les superlatifs d’usage. Les lacs se succèdent, il doit y en avoir plus que sept finalement, et nous arrivons au Lac Villarino qui offre un grand espace de pique-nique et de camping.

Saute-mouton.
Saute-mouton.

C’est dimanche, donc les argentins sont de sortie, en famille ou entre amis, ça déguste sa pièce de viande et son litron de rouge, en écoutant de la musique à fond les manettes dans la fumée du barbecue, comme vous le savez. Mais demain, tout ce petit monde retourne à l’école ou au travail. Nous pas. Nous restons donc seuls avec une famille uruguayenne sur ce grand terrain herbeux en bord de lac, dominé par quelques petites montagnes encore clairsemées de neige en ce printemps ensoleillé.

2 novembre 2015.

Bivouac.
Bivouac.

« Prenez le temps de la découverte et de la contemplation » recommande notre guide Michelin au sujet de la Route des Sept Lacs. On est tout à fait d’accord et on reste donc au bivouac du lac Villarino. Je sors la table, les chaises, les jeux d’extérieur et je déroule l’auvent tant qu’il n’y a pas de fortes bourrasques. Puis je prépare un feu de camp, et c’est parti mon kiki. On se pose et on contemple. On est en communion avec la nature. Nos voisins uruguayens sont sympas et bien moins bruyant que les autochtones argentins. Ainsi nous conversons avec Andrea, Sebastian, Santiago et Rodriguo, as-tu du coeur ? Oui il en a, j’en veux pour preuve l’invitation à bivouaquer chez eux au bord de l’océan Atlantique et l’excellent cake qu’on a reçu en remerciement de quelques outils prêtés, les leurs ayant été volés à Cordoba (décidément, l’Argentine …) Ils avaient même croisés nos amis suisses de La Vie Devant au Pérou, mais comme les Qu’est-ce que je fais là (Démon de Maxwell) et les Castagna, déjà rentrés au pays, les Suisses changent bientôt de continent (Nouvelle-Zélande), nous ne sommes pas près de les revoir.

Au coin du feu.
Au coin du feu.

3 novembre 2015.
La contemplation appelant à la contemplation, nous prolongeons notre bivouac bucolique. On se met aux fourneaux (enfin, ma femme) pour sortir du pain et tant qu’à faire, un cake au chocolat pendant nous travaillons sur le trip report (ça c’était un nous majestatif). Catherine reste avec Valentin, en plein chantier Duplo, tandis qu’Alexis m’accompagne en ballade sur la rive gauche du lac.

Le petit pont de bois ...
Le petit pont de bois …

Ces moments passés avec nos petits garçons sont merveilleux, ils grandissent si vite. L’après-midi, les kets font de nombreux dessins pendant que j’écoute radoter mon épouse en terminant la bouteille de chardonnay près du feu de camp. Ces moments passés avec ma petite femme sont merveilleux, elle vieillit si vite ! Puis, le campement prend des allures d’Into The Wild. Sous la pression de mes fils, j’attrape à mains nues un pauvre agneau égaré, non pas pour faire un méchoui, mais bien pour le remettre derrière l’enclos d’où il avait fugué et les kets avaient peur qu’il se fasse écraser par une voiture. Après ça, mon épouse se transforme en infirmière (il ne lui manque plus que la petite tunique blanche) pour extraire les nombreuses échardes qui m’ont lacéré les mains tandis que je préparais le méchoui, heu non, le feu de camp. Enfin, je me lave vaillamment dans les eaux du lac qui, faut-il le rappeler, sont alimentées par la fonte des neiges. Difficile donc de dissimuler à ma femme à quel point c’était glacial !

Into The Wild.
Into The Wild.

 

La terre pour jardin.
La terre pour jardin.

4 novembre 2015.
Après trois nuitées dans ce bivouac magnifique, nos réserves s’amenuisent. Nous décidons de lever le camp et de parcourir les soixante derniers kilomètres de cette belle Ruta de Los Siete Lagos, le bivouac du Lago Espejo ne faisant pas le poids. Nous ravitaillons à Villa La Angostura puis nous nous posons dans le quartier historique, face à l’embarcadère de la Bahia Mansa sur le lac Napel Huapi. Magnifique. Nous y retrouvons les Uruguayens, qui décidément se la jouent relax, il ne leur reste pourtant que deux mois pour descendre jusqu’à Ushuaia et remonter à Montevideo. Petite promenade au début de la péninsule de Quetrihué, qui abrite le PN Los Arrayanes. Une belle randonnée de 13 kilomètres permet de rallier le bosquet d’arrayans, ces fameux arbres dont l’écorce couleur cannelle pèle. Nous l’avions déjà parcouru en 2007 dans une autre vie avant les kets. Nous nous contentons aujourd’hui des beaux points de vue sur les deux baies qui délimitent la péninsule à l’entrée du parc.
14 Villa Angostura

Couleur cannelle.
Couleur cannelle.

 

Villa La Angostura.
Villa La Angostura.

5 novembre 2015.

Au petit matin.
Au petit matin.

La route jusqu’à San Carlos de Bariloche est excellente et longe le lac Napel Huapi qui a donné son nom au parc national le plus ancien du pays, établi en 1934 sur une superficie de 704.000 hectares. Nous arrivons dans la grande ville qui confirme sa sombre réputation : une policière, postée à côté de trois camping-cars français, nous interpelle pour nous prévenir que l’un d’eux, pourtant stationné le long de l’avenue principale, a été victime de vol dans la matinée et nous recommande de ne pas laisser le véhicule sans surveillance. Un peu refroidis, nous zappons la visite de la ville, grosse bourgade auto-proclamée capitale du chocolat (mais on ne la fait pas à des Belges, quoi qu’en pensent nos amis Suisses) et nous poursuivons vers le Circuito Chico qui passe devant l’hôtel de luxe Llao Llao où le bivouac n’est pas au programme. Pas grave, nous trouvons un stationnement tranquille au départ de randonnées dans le parc municipal (quelques centaines d’hectares tout de même), en face de la maison du guardaparque. Un court sentier au travers d’une dense forêt mène au Puente Romano, un véritable pont romain, construit en l’an de grâce 1937.

Puente Romano.
Puente Romano.

Mais ils sont fous, ces romains. Une autre ballade permet de découvrir le Lago Escondido, forcément bien caché ! Bon tout ça, c’est bien joli, mais aujourd’hui c’est surtout le quatorzième anniversaire du premier rencard avec celle qui deviendra mon épouse et la mère de mes héritiers. Vu les circonstances, pas le choix, je dois bien rempiler pour sept ans, ce qui me donne droit à une bonne bouteille pour fêter ça.

Et c'est reparti pour un tour.
Et c’est reparti pour un tour.

6 novembre 2015.
Après le petit-déj, nous revenons de quelques kilomètres sur nos pas, jusqu’au Puerto Pañuelo (sortez vos mouchoirs), pour une petite balade en amoureux, en laissant nos deux fauves monter la garde dans le CC, armés d’un talkie-walkie et d’un marteau en Duplo.

Desde 2001.
Desde 2001.

21 Bariloche
Nous profitons aussi longuement de l’excellent wifi mis à disposition tel un couple moderne et uni, l’un sur son smartphone et l’autre sur sa tablette. Nous reprenons ensuite le Circuito Chico et nous nous arrêtons à l’émouvant cimetière des alpinistes avant d’arriver au magnifique bivouac « Cavagnis » (une famille partie pour six ans) avec un point de vue d’enfer. En plus, c’est même très calme, entre deux bus de touristes du troisième âge.

A bivouac with a view.
A bivouac with a view.

 

Des artistes, on vous dit !
Des artistes, on vous dit !

24 Bariloche

7 novembre 2015.
Le ciel est partiellement couvert ce matin, mais jusqu’à présent nous avons bénéficié d’une météo exceptionnelle, même les locaux le soulignent. Il n’y a plus de saison, ma bonne dame. Notre guide vante les mérites du lunch de l’hôtel Llao Llao, mais renseignements pris, l’inflation est passée par ici aussi (plus de 300 pourcents en trois ans, ça calme) et de toute façon, il fallait réserver à l’avance. Nous nous rabattons sur le petit port de Pañuelo, la belle vue et le bon wifi. Un couple Belge, très enthousiastes quant à notre projet, vient converser avec nous. Originaires de Maldegem, ils connaissent bien le concessionnaire où nous avons acheté le motorhome et nous offrent l’occasion de parler en néerlandais, ça faisait longtemps. Un peu plus loin, nous nous arrêtons à la Capilla San Eduardo, construite en 1938, toute de pierres et de cyprès du pays, elle est ravissante. Nous remontons vers Villa La Angostura, et y bivouaquons sur le grand parking ombragé et poussiéreux près de deux couples Allemands, qui décidément ne font pas dans la dentelle avec leurs énormes camions MAN d’au moins dix tonnes.

La dentelle.
La dentelle.

8 novembre 2015.
C’est la fête au village, les sportifs du dimanche sont de sortie pour un petit triathlon-eke de 8 km en kayak, 27 km en MTB et 8 km de course. Ils feraient bien moins les malins aux 20 km de Bruxelles, dans la côte de l’avenue de Tervuren, pour sûr. Au moins, ça occupe les kets qui n’ont cessé d’encourager les concurrents, même celui dont le kayak s’est retourné après trois coups de pagaie (et si ce n’était vraiment pas gai pour lui, on peut dire qu’il aura bien ramé pour s’en sortir).

3, 2, 1, parti - GO !
3, 2, 1, parti – GO !

 

Allez, allez, allez.
Allez, allez, allez.

En me promenant vers la Laguna Verde, qui en fait est loin d’être verte, je tombe sur un bon wifi ouvert dans le quartier résidentiel, nous avons ainsi des nouvelles des DD (Daniel et Danièle), qu’on devrait retrouver demain au Chili. On se réjouit de les revoir, la dernière fois c’était à Arequipa il y a trois mois. Bon, ok, ils ne sont plus tout jeunes, mais au moins ils parlent français (enfin, québécois). Avec l’animation qui règne dans le village, le va et vient des voitures est incessant et soulève à chaque fois un nuage de poussière, qui retombe immanquablement sur le CC, c’est donc avec soulagement que nous voyons arriver la pluie en fin d’après-midi, ça rincera les panneaux solaires.

9 novembre 2015.
Nous quittons Villa La Angostura assez tôt, le frigo est quasi vide et va le rester vu que nous passons la frontière avec le Chili. La route qui y mène est en parfait état et peu fréquentée. Au poste argentin, les passeports sont tamponnés et, pour la première fois du voyage, un chien renifleur vient inspecter l’intérieur du véhicule, je n’ai malheureusement pas été autorisé à prendre une photo, et à part les deux « creaturas » sagement assises dans leur rehausseur, le fin limier n’a rien trouvé. Le poste chilien est situé 39 kilomètres plus loin, bien après le Paso Cardenal Antonio Samore que nous franchissons sous la neige, à 1.321 mètres d’altitude, c’est notre deuxième entrée au Chili.

Encore une frontière.
Encore une frontière.

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