De Foz do Iguazu à Pomerode (du 6.03.2016 au 24.03.2016 – 2.755 km – 56.749 km cumulés)

6 mars 2016.
Brésil, cette fois, c’est la bonne, nous allons y rester plus que quelques dizaines de minutes, le temps qu’il nous a fallu hier pour aller du Pont de l’Amitié (Paraguay) au Pont International Tancredo Neves (Argentine). Ce n’était alors pas nécessaire, ni obligatoire, de procéder à l’importation temporaire du CC, mais selon une famille de Néerlandais (les parents avec trois ados dans un T5 California !) rencontrée à la douane, il faut bien le faire pour séjourner plus longtemps. J’ai des informations contradictoires, mais dans le doute, je m’y colle. A la lecture, le portugais, langue nationale brésilienne, est compréhensible, mais à l’audition, je suis franchement pitoyable devant les questions de l’agent que je ne remercierai jamais assez pour sa bienveillance. Vu l’heure tardive, on laisse tomber le bivouac classique au camping Paudimar et nous nous installons sur le parking de l’aéroport international sis à quelques kilomètres des chutes d’Iguazu.

7 mars 2016.
Lorsqu’elles ont été découvertes par l’Espagnol Cabeza de Vaca (pas facile à porter, ce nom) en 1542, les chutes étaient encore perdues au milieu d’un million de kilomètres carrés d’une jungle quasi impénétrable. Aujourd’hui, il nous suffit de quitter le stationnement de l’aéroport international et de franchir les grilles du parc national, dès l’ouverture pour sauter dans le premier bus-navette à impériale en compagnie du personnel. Nous sortons au terminus, tout le monde descend, mais on aurait mieux fait de sortir à l’arrêt précédent, celui de l’hôtel das Carataras, pour finir à pieds sur le chemin panoramique. Du coup, on fera deux fois le trajet à pieds, dans les deux sens, histoire de bien en profiter. Ce qui est sûr, c’est que l’ensoleillement est parfait et les couleurs matinales douces. Le rio Iguazu séparant les deux pays, les chutes sont visibles tant du côté argentin que du côté brésilien, mais ne choisissez surtout pour l’un ou l’autre : faites les deux.

Vues du Brésil.
Vues du Brésil.

 

Jusqu'au slip.
Jusqu’au slip.

 

Majestueux.
Majestueux.

 

Waouw !
Waouw !

J’ai quand même préféré les vues, l’organisation et l’aménagement du côté brésilien. De toute façon, d’un côté comme de l’autre, on a l’opportunité de mouiller ses vêtements, jusqu’au slip. Ou jusqu’au caleçon, c’est selon, mais pas jusqu’au string, faut pas pousser. Quoi qu’il en soit, on reste pantois, qui ne le serait pas devant ce déluge d’eau permanent, cumulant environ 275 cascades qui s’étalent sur quelques kilomètres. Comme hier, le débit de l’eau est tellement fort que la Garganta del Diablo, la chute principale en forme de fer à cheval, semble former un trou sans fond où l’eau règne en maître. Nous enchaînons avec la visite du parc des oiseaux, un petit parc de 16 hectares magnifiquement aménagés avec de grandes volières dans lesquelles s’ébattent des toucans, des ibis, des aras et surtout, les aras bleus qui ont motivés les kets sur la longue route grâce au dessin animé Rio. Ça fait donc plaisir aux garçons et on leur laisse marquer le rythme de la visite.

Perla et Blue.
Perla et Blue.

 

Casquette de camouflage.
Casquette de camouflage.

 

C'est chouette, hein.
C’est chouette, hein.

Ils vont très vite sur les chemins et très lentement dans les volières ! Encore un bon moment en famille. Près de 1.500 kilomètres nous séparent de Rio de Janeiro, notre prochaine étape. Si ce n’est des centaines et des centaines d’hectares de terrains agricoles, des dizaines et des dizaines de motels (du genre au tarif horaire) et une kyrielle de péage, il n’y a pas grand-chose à voir sur ce trajet. Nous décidons de prendre un peu d’avance et de rouler deux heures avant la tombée de la nuit. On s’arrête pour le bivouac dans une station « STOP » (on l’a pris au pied de la lettre) qui offre du wifi, des douches propres et une nuit calme mais courte.

8 mars 2016.
523 kilomètres, 8 heures de route, 36 °C dans le camion, 6 péages, 18 motels, 25 lombadas (casse-vitesse, sur lesquels, à peu de chose près, on danserait la lambada) et deux kets adorables qui sont restés assis bien sagement sans moufter, parfois avec la Storio, parfois avec Marlène Jobert et parfois au pays imaginaire des kets « on the way ». Ils n’ont même pas demandé de passer un DVD. Exceptionnel. Je suis leur père. Et leur mère n’est autre que mon épouse. Prodigieux.

Plus que 1247 ...
Plus que 1247 …

 

12h28.
12h28.

 

14h53.
14h53.

9 mars 2016.
Les records, c’est fait pour être battus. Pas moins de 649 kilomètres aujourd’hui, il n’en reste que 200 pour Rio, mais on a préféré ne pas rouler de nuit. Par contre, on a traversé Sao Paulo, un petit vingt millions d’habitants, en pleine journée et bien que ça soit une vraie mégapole, c’est passé assez vite, malgré le petit couac de ma copilote. Depuis le début du voyage, je conduis et Catherine gère le GPS. A la simple question « par où », elle m’a répondu « je ne sais pas, c’est trop difficile ». Résultat, on a loupé la bonne sortie et on s’est offert un petit tour en bonus.

Sao Paulo.
Sao Paulo.

Je suis resté incroyablement stoïque, mais je n’en pensais pas moins, et c’est un motard qui nous a tirés d’affaire en nous dirigeant sur la « BR116 Dutra ». Nous nous arrêtons à Aparecida qui abrite la plus grande église du monde, nous y avons un point bivouac qui ne nous emballe finalement pas. Nous tentons une station BR un peu plus loin alors que la nuit est déjà tombée. Accueil tristement lugubre des camionneurs qui carburent au rhum et accueil tout aussi tristement chaleureux de quelques jeunes filles dont on peut considérer qu’elles ne manquent pas de tempérament. On continue donc sur la route, c’est toujours ça de pris pour demain, jusqu’à une station Graal, où nous nous arrêtons après une très longue quête bien entendu. Et mes fils sont encore restés exemplaires, ça cache quelque chose.

10 mars 2016.
Wo-ou-wo je vais à Rio, de Janeiro, chantait le grand Claude François. Lui ne s’est sûrement pas arrêté au garage Iveco de la BR116 (GPS : -22.544884, -44.189438), non pas que ça nous manquait terriblement, mais on voulait vérifier la suspension avant car le bas de caisse frotte ou racle les grosses irrégularités de la voirie, comme s’il s’était un peu affaissé.

C'est grave, docteur ?
C’est grave, docteur ?

C’est donc un stress permanent de taper sur une ornière, et, vu la chaleur, ce n’est pas ça qui manque. D’après le mécanicien, la suspension est en effet fatiguée, mais ils ne sont pas en mesure de la remplacer, ni de la cintrer (c’est du moins ce que j’ai compris). On maintiendra la vigilance donc, surtout sur les cinquante kilomètres de parcours urbain et d’embouteillages pour arriver au bivouac en plein centre de Rio de Janeiro : un parking ombragé face à la Praia Vermelha, posée au pied du Pao de Azucar, le célèbre Pain de Sucre de Rio. Nous sommes tout de suite conquis par les lieux, il faut dire que la plage est fort bien fréquentée. Mais en bon père de famille, je pars reconnaître les lieux : le supermercado, le wifi et l’eau.

11 mars 2016.

Praia Vermelha.
Praia Vermelha.

Évidemment, toute magie a un prix. Certes, c’est magique de bivouaquer en plein centre de Rio de Janeiro, au pied du Pao de Azucar, mais il ne faut pas espérer passer une bonne nuit. Au moins, on est réveillé tôt et on en profite pour commencer les visites. Le bus 107 roule à tombeaux ouverts et nous dépose à côté de la place du XV Novembre sur laquelle trône la statue du général Osorio, un des protagoniste de la guerre contre le Paraguay, de 1865 à 1870. Sur un côté de la place, le palais impérial, car oui le Brésil connut un empereur, et même deux (Pedro I et II), est fermé. Le guide Lonely Planet vante les mérites de la Traversia do Comercio, petite rue pavée pittoresque, qui sent les poubelles et qui est squattée par quelques types à la mine patibulaire (mais un peu quand même). Nous poursuivons vers la Casa França-Brésil, car oui les français sont les amis des brésiliens. Elle est en travaux. En travaux d’ailleurs comme une grande partie de la ville qui accueille les Jeux Olympiques d’ici cinq mois. L’église de Notre Dame de la Candelaria est ouverte, mais elle aurait mieux fait d’être fermée : Alexis et Valentin trouvent l’intérieur trop moche ! Il faut avouer que le style est assez lourd. Lourd comme l’atmosphère aujourd’hui. D’ailleurs, la haute technologie m’apprend que je ressens la température à 40 °C.

Rio de Janeiro.
Rio de Janeiro.

 

Rio de Janeiro.
Rio de Janeiro.

16 Rio

Rien que ça.
Rien que ça.

On est franchement mal embarqués et je commence à l’avoir mauvaise. Dans ces cas-là, il faut se faire plaisir, on visite alors une valeur sûre : le Starbucks du coin. Requinqués, nous nous rendons au centre culturel de la banque du Brésil. Le guide renseigne qu’il est idéal pour les jours de pluie, c’est le cas aussi pour les jours de canicule. Outre les ascenseurs old school avec du personnel embarqué (pour une fois, les kets n’ont pas pu se chamailler pour savoir qui allait pousser sur le bouton), le centre culturel propose un musée numismatique, on y trouve un billet à l’effigie du Roi Baudouin, en sacrée compagnie, et des expositions temporaires qui peinent à combler mon grand déficit culturel. La pluie fait son apparition, c’est donc l’occasion de visiter le musée naval tout proche.

Lifted.
Lifted.

 

C'est dingue, hein !
C’est dingue, hein !

 

Franz Ackermann.
Franz Ackermann.

 

Epicé.
Epicé.

 

Euh, j'sais plus trop, là ...
Euh, j’sais plus trop, là …

Bon, tous ces musées, c’est bien joli, mais on est à Rio, et à Rio, on monte au Pain de Sucre. Un premier téléphérique permet d’atteindre, sans autre effort, le sommet du Morro da Urca, qui offre déjà une sacrée vue. Une deuxième cabine mène alors au sommet du célèbre Pao de Azucar, l’imposant morne haut de 400 mètres. C’est là que la magie opère, car Rio en soit n’a rien d’une belle ville, mais c’est bien l’environnement qui l’entoure qui lui permet de séduire. Les îles, les plages de sable fin, la végétation luxuriante qui lèche les murs du dernier front d’immeubles, et le Corcovado qui nous tend les bras impatient d’avoir l’honneur de notre visite. Nous restons de longues minutes à admirer le spectacle en famille et à profiter de cet instant jusqu’au coucher de soleil.

The bivouac.
The bivouac.

 

Wo-ou-wo.
Wo-ou-wo.

 

Rio.
Rio.

 

Bof.
Bof.

12 mars 2016.
Je vais vous révéler un scoop que seul un bivouac face à la praia Vermelha de Rio peut permettre : les Cariocas (habitants de Rio) cuvent la bière nationale Brahma jusqu’à 1h12, puis viennent pêcher de 2h24 à 3h55 et commencent leur journée par un footing à 5h49. Ils tiennent la forme. Nous pas trop. Le ciel est assez dégagé, très tôt donc, ce matin, mais des orages sont annoncés : on fonce au Corcovado avec le bus 581 qui nous dépose à la gare du train à crémaillère inauguré en 1884, alors que la statue du célèbre Cristo Redentor (le Christ Rédempteur) n’est arrivée qu’en 1931 pour commémorer le centenaire de l’indépendance du Brésil qui avait eu lieu en 1922 (comme quoi il n’y a pas que le RER belge qui a pris du retard). Perché au sommet de la montagne Corcovado à 709 mètres d’altitude, la sculpture monumentale haute de 31 mètres et large de 27 mètres est devenu l’emblème de la ville, au même titre que le Manneken Pis à Bruxelles. Le petit train à crémaillère gravit le dénivelé en un quart d’heure sur ses rails avec une pente moyenne de 15 pourcents. Un ascenseur et encore deux escalators plus haut, nous nous frayons un passage au milieu d’une forêt de sticks à selfies depuis les pieds du Christ (on se comprend) jusqu’à la balustrade de l’esplanade d’observation.

Crémaillère.
Crémaillère.

 

Le cliché.
Le cliché.

 

Rio.
Rio.

Il y a même des photographes amateurs qui se couchent par terre pour jouir au mieux de la perspective et faire ressortir la grandeur de Jésus. Ou peut-être qu’ils n’ont pas de grand-angle. Les kets se prêtent sagement au jeu des photos et nous prenons notre temps pour admirer les vues sur la ville. Il n’y a pas à dire : vu d’en haut, c’est magnifique. Nous avons en ligne de mire les belles plages de sable, autre incontournable de Rio. Nous redescendons avec le train, puis prenons un bus jusqu’à la station de métro Largo do Machado pour suivre la ligne 1 jusqu’à son terminus : Ipanema. Si ça vous fait plus rêver que Stockel ou Hermann-Debroux, sachez tout de même que Ipanema signifie « lieu où les eaux (la mer) sont dangereuses » et que si le danger ne vient pas de la mer, il peut venir des bandes de voleurs qui font des descentes éclairs sur la plage, d’où une très forte présence policière. Mais les belles couleurs du sable, de l’eau et des vagues nous font vite oublier ces désagréments : nous voici sur les mythiques plages d’Ipanema, bon chic bon genre, et de Copacabana, plus sensuelle que son homologue bolivienne.

Métro.
Métro.

 

Et ça marche avec tout ?
Et ça marche avec tout ?

 

Ipamena.
Ipamena.

 

Nom d'une noix de coco !
Nom d’une noix de coco !

Certes, il y a de quoi passer une semaine à Rio, mais la chaleur, les nuits bruyantes et les orages annoncés nous poussent à repartir déjà. On renonce à démarrer en fin de journée, et heureusement car un terrible orage s’abat sur la ville. En quelques minutes les bordures des trottoirs ont disparus et l’eau monte dangereusement sous le motorhome, jusqu’au pot d’échappement. Mais comme le fait remarquer judicieusement mon épouse : ça finira bien par redescendre, vu qu’on est à côté de la mer.

13 mars 2016.
Puisqu’on est quand même réveillés, autant se mettre en route, mauvaise troupe. Démarrage à 6h11. Il faut traverser Rio pour récupérer la BR101, la route des plages étant fermée au trafic le dimanche. Nous passons à côté du fameux sambadrome et des hangars qui abritent quelques chars dont certains feraient fureur au cortège de la St-V. Nous nous extirpons finalement de la ville et arrivons sur la magnifique Costa Verde, la route côtière qui longe un littoral béni des dieux. Recouverte de la Mata Atlantica, la forêt primaire, la côte verte porte bien son nom et offre un relief accidenté qui semble plonger dans l’océan azuré. Nous arrivons (azurément) à Paraty après six heures de route et une escale à la centrale nucléaire d’Angra dos Reis, la seule centrale de ce type au Brésil, qu’on aurait même pu visiter si on était en semaine.

Nucléaire.
Nucléaire.

 

Des électrons libres.
Des électrons libres.

Le centre historique de Parati est fermé au trafic, et c’est tant mieux car les ruelles sont pavées de très grosses pierres. A côté de ça, Antigua au Guatemala et Villa de Leyva en Colombie, c’est de la gnognotte. Nous nous plaçons le long du Rio Pereque Açu, ça a l’air calme. Fondé au XVI ème siècle par les Portugais, le port de Paraty servait de plaque tournante au transport de l’or en provenance des mines de la province actuelle de Minas Gerais. C’était donc aussi un repère de pirates et de corsaires, jusqu’à ce qu’une nouvelle route, plus rapide, fasse sombrer la ville dans l’oubli avant de renaître avec le commerce du café. Le moyen d’accès principal jusqu’au milieu du XX ème siècle était la voie maritime, avant que la route BR101 la relie à Rio en 1954. Consacrée patrimoine historique national du Brésil en 1966, la ville est à présent devenue un repère de touristes, mais pas de masse, ce qui la rend bien charmante et très agréable à visiter.

14 mars 2016.

Parati.
Parati.

 

Parati.
Parati.

 

Parati.
Parati.

 

Sous les pavés ...
Sous les pavés …

Il fait super beau ce matin, j’en profite pour retourner dans le centre historique, seul, afin de pouvoir compléter mes archives photographiques, je tombe alors sur une agence qui propose une excursion en bateau vers des îles et des plages paradisiaques. La réflexion est intense et la décision très difficile à prendre, vous l’imaginez. Va-t-on s’offrir cette petite ballade ? Non, peut-être ! Nous voici vite à bord du Rey Felipe I pour une virée agrémentée d’une musique live, sur deux plages de sable jaune et deux îles privées dont les eaux turquoises ou azurées regorgent de poissons.
40 Parati

... la plage.
… la plage.

42 Parati
43 Parati
44 Parati

Marée (très) haute.
Marée (très) haute.

Les kets adorent. De retour au village, c’est la marée haute et quelques rues sont inondées, comme c’est le cas en période de grandes marées. Je ramène femme et enfants au CC puis je fais trois fois le tour de la ville : le linge à la lavanderia, un bidon de 20 litres d’eau potable à transvaser et les courses parce qu’on est presque à court de choppes.

15 mars 2016.
Nous quittons ce charmant village et continuons sur la BR101, la route de la Costa Verde. Les plages paradisiaques se suivent, les casse-vitesse aussi. Ubatuba, réserve au touriste de passage un petit aquarium sans prétention mais qui vaut la visite rien que pour s’amuser des enfants qui s’extasient devant chaque poisson, ces derniers ayant généralement moins de succès quand ils sont dans leur assiette.

Blub, blub.
Blub, blub.

47 Ubatuba

(ils sont médusés)
(ils sont médusés)

A la sortie de la ville, nous tombons sur Geneviève et Bernard, les retraités français rencontrés à Puerto San Julian en Argentine, voyageant dans le pick-up cellule de Fina et Alain, qu’on avait rencontrés en Colombie. Vous suivez ? Ils remontent alors que nous redescendons, nous nous échangeons donc quelques tuyaux avant de reprendre la route jusqu’à Sao Sebastiao, à bonne distance de la zone portuaire de Santos, peu recommandable, que nous prévoyons de passer demain. Nous nous installons sur un parking tout confort, il y a même une douche extérieure.

Propre et net.
Propre et net.

16 mars 2016.
Une belle petite journée de route comme on en a trop fait ces derniers temps. Ça commence par la BR101 qui sinue le long et le haut de la côte. Deux heures pour un petit septante kilomètres. Puis, il nous faut traverser la zone urbanisée autour de Santos, le grand port de marchandises proche de Sao Paulo : deux casse-vitesse et un radar tous les kilomètres. Mes préférés : ceux dans les lignes droites en descente avant une côte serrée. On fait une pause à la station Graal de Registro, ce qui me permet de remarquer que les phares avant sont morts. Les ampoules ne sont pas endommagées et je ne trouve pas de fusible fondu. Je n’y comprends rien, mais il n’est plus question de rouler la nuit (qui tombe à 18h30). Bivouac parmi les camions dans la zone sécurisée avec wifi d’une station Pelanda. Suis claqué.

17 mars 2016.
Étrange sensation en me réveillant ce matin : je ne savais plus où j’étais ni comment mon corps était positionné dans son environnement. Il m’a fallu quelques secondes pour me souvenir que oui, le car-wash, ou plutôt le truck-wash, est juste là derrière ma tête. Je profite de l’infrastructure du parking pour bien vider, rincer et graisser la boîte à déjections du WC, une bonne journée qui commence, je vous le dit. Alors, toujours tentés par l’Aventure ? Bon, il n’y a qu’une heure de route jusqu’à Curibita, nous commençons par la visite du jardin botanique.

It smells like a flower.
It smells like a flower.

C’est joli, mais les kets estiment – à juste titre – que les serres du Roi Philippe sont plus belles. Non seulement ils ont une fameuse mémoire, mais en plus ils ont du goût. Goût qu’ils pourront encore démontrer dans les galeries temporaires du Musée Oscar Niemeyer, leur sens critique se développe : « ha, ça c’est vraiment trop moche ». Le musée fait aussi la part belle aux œuvres de l’architecte né en 1907 et décédé en 2012. Élève de Le Corbusier, il s’en distança en « tropicalisant » ses ouvrages en béton armé. A la demande du président Kubitschek en 1956, il réalisa les bâtiments de la nouvelle capitale, Brasilia, inaugurée en 1960. Les kets sont plus convaincus par l’atelier créatif et Alexis parle de devenir ingénieur-architecte.

Pourquoi tu leur as donné ce pot de gouache ?
Pourquoi tu leur as donné ce pot de gouache ?

 

Le bon plan.
Le bon plan.

 

Rencontre d'artistes.
Rencontre d’artistes.

 

Rencontre du troisième type.
Rencontre du troisième type.

 

Niemeyer.
Niemeyer.

Nous bivouaquons devant le musée, près de la cahute du gardien, au son des coups de klaxons et des manifestations qui protestent contre la réalité politique actuelle du pays. La présidente Rousseff a ré-introduit l’ancien président Lula dans le gouvernement, alors qu’un scandale de corruption avec une compagnie pétrolière embrase le Brésil. Ça se calme vers 23h.

18 mars 2016.
Journée relax, on fait quelques courses, les enfants jouent sur l’esplanade du musée et je tente en vain de publier sur le site pour résorber notre retard, mais après plus de deux heures pour charger une soixantaine de photos avec une connexion défaillante, je déclare forfait, il vous faudra patienter encore un peu.

Jouer encore et encore.
Jouer encore et encore.

19 mars 2016.
Nuitée très agitée et réveil difficile. Les kets sont adorables et s’échangent des bandes dessinées en attendant que la marmotte daigne se réveiller. Je suis d’ailleurs forcé de l’y aider un peu parce que j’ai la dalle ! Nous allons visiter le centre historique, le guide renseigne la ville la plus propre et la plus développée du pays. Franchement, il y a encore du boulot, mais nous dénichons quelques beaux bâtiments, et même un caricaturiste qui laisse un beau souvenir aux kets.

Curitiba.
Curitiba.

 

Curitiba.
Curitiba.

 

Curitiba.
Curitiba.

 

Ils sont à croquer.
Ils sont à croquer.

 

Ils ont été croqués.
Ils ont été croqués.

20 mars 2016.
Il y a pire que les nuits en Argentine : celles du Brésil. J’ai dû bouger le CC trois fois durant la nuit, tout en restant dans la même rue et en finissant au point de départ. Bref, on est HS, alors la journée sera cool, très cool. Quelques petites courses pour se faire plaisir, un peu d’école pour rester au calme et beaucoup de jeux pour les garçons, pour (finalement) rester au calme aussi.

Vanille ou chocolat ?
Vanille ou chocolat ?

21 mars 2016.
On commence cette belle journée par une activité que j’adore : la recherche de gaz. Grâce aux informations d’autres voyageurs passés par là il y a quelques années, nous avons les coordonnés du pôle gazier de la ville. Après 28 kilomètres, on arrive à destination et essuyons une magnifique série de refus catégoriques, cinq à la suite, encore mieux qu’à Question Pour un Champion (represent Ju’). Pas grave, on a appris à être flexible, je branche l’autre bonbonne, qui fonctionne couci couça, et on se remet en route. Un garage Iveco se présente à nous, c’est l’occasion d’arranger les phares. Nous arrivons pendant l’almuerzo et sommes invités à la cantine, parmi les employés. Sympa comme accueil. L’électricien se penche sur ma boite à fusibles, enfin sur celle du camion, et trouve celui qui a fondu et qui provoque donc la panne. Il arrange également un faux contact au clignotant avant gauche qui fonctionnait une fois sur deux (forcément).

A la cantine.
A la cantine.

 

Beau comme un camion (tout neuf).
Beau comme un camion (tout neuf).

Nous reprenons la route jusqu’à Pomerode, premier village de la Valle do Europeo qui a connu son développement grâce à de nombreuses colonies d’Européens, des Allemands pour la plupart. Nous arrivons dans le noir, à la lumière des phares (ouf), et nous nous installons sur un parking tout confort : garde, wifi, sanitaires, électricité et plaine de jeux. Je profite même du hall omnisports pour prendre une douche. On verra demain si en plus c’est gratuit. Alors que je veux fermer la fenêtre, je remarque qu’un tout petit lézard, pas plus grand que mon pouce, s’est planté entre la baie et le store à enrouleur, et il choisit innocemment ce dernier comme refuge. J’ai beau en/dérouler le store, la petite créature a disparu.

22 mars 2016.
Réveil douloureux, nous avons reçu quelques messages de soutien d’amis voyageurs et nous nous pendons au fil info des médias belges sur internet. Bruxelles, ma belle, te voilà aussi frappée de plein fouet. Pas évident d’expliquer ce qui s’est passé aux garçons, avec des mots simples mais justes qui remplissent vite mes yeux de larmes, me faisant irrémédiablement prendre conscience de l’implacable réalité de ces événements. Oui, Valentin a raison, ce sont des pires méchants qui ont fait ça. Et oui, Alexis a raison aussi, les pires méchants qui sont morts ne feront plus de mal. Mais que leur dire au sujet des autres pires méchants qui vont immanquablement suivre ? Comment leur avouer que les forces de l’ordre ne sont pas en mesure de nous protéger et qu’il n’y a pas un niveau 5, ni 6, sur l’échelle d’alerte ? Certes, demain est un autre jour, mais quel lendemain va-t-on laisser à nos enfants ? Au fait, j’ai retrouvé le petit lézard. Mort.

23 mars 2016.
Une belle journée se présente à nous aujourd’hui, les kets pourront se défouler à la plaine de jeux et je pourrai travailler sur le site pour rattraper le retard accumulé. Geneviève et Bernard nous avaient recommandé une visite de premier choix à Pomerode : Torten Paradise. Il s’agit d’une pâtisserie qui propose un buffet de tartes et gâteaux en tous genres et surtout en sucre, crème et chocolat. On se sert comme on veut et on passe à la caisse pour peser son assiette. On y est allé modérément pour commencer : à peine un petit kilogramme. On aura au moins partagé ça avec nos enfants : cette merveilleuse qualité qu’est la gourmandise, assurément.

Pomerode.
Pomerode.

 

Banc public.
Banc public.

 

Pomerode.
Pomerode.

 

Torten Paradise.
Torten Paradise.

 

Attaque pacifiste.
Attaque pacifiste.

24 mars 2016.
Les festivités de Pâques approchent et la petite ville se pare de décorations ad hoc : des œufs colorés, des lapins, du chocolat. Comme il y a le marché de Noël chez nous, il y a ici le marché de Pâques, il faut bien dépenser ses sous.

Le coup de pinceau.
Le coup de pinceau.

 

Bien.
Bien.

De retour au CC, il fait beau et les garçons se défoulent à la plaine de jeux. Un peu trop. J’entends un bruit sourd et puis plus rien. Je retrouve mon petit garçon étalé par terre, le visage en sang. Il est tombé comme une crêpe de près de deux mètres de hauteur. Je vois que ses fonctions vitales ne sont pas touchées, c’est bon, je peux céder à la panique et j’appelle Princesse à la rescousse. L’ambulance arrive en quelques minutes et voilà Valentin (car c’était bien lui, vous l’aviez reconnu) transporté à l’hôpital avec sa Maman.

Pas bien.
Pas bien.

 

Pim-pom.
Pim-pom.

Alexis m’y accompagne pour les rejoindre et réconforte son petit frère déjà en train de faire le mariole sur sa chaise roulante. Il fera moins le malin quelques minutes après tandis que le médecin lui pose trois points de suture. En tout cas, il a bien choisi son endroit pour aller aux urgences : le service a été rapide, efficace et propre, et les infirmières étaient ravissantes. Valentin passe avec succès le test de guérison au Torten Paradise et s’endort bien vite ce soir.

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