De Nipigon à Banff (du 25.09.2014 au 7.10.2014 – 2.550 km – 7.726 km cumulés)


25 septembre 2014.

Las de rouler ces derniers jours, nous avons fait une pause aujourd’hui et avons limité le compteur à 200 km. Le calme de la nuit ne fut troublé que par trois trains de marchandises. Ici, les chemins de fer ne font pas dans la dentelle : j’ai dénombré 173 wagons avec deux containers empilés sur un convoi tiré par trois locomotives, le tout s’étendait sur près de 4 km! Nous profitons aujourd’hui des facilités de la marina de Red Rock : douches chaudes généreuses, internet haut débit, plaine de jeux, eau potable, accueil chaleureux. Le lac Supérieur que nous longeons est tellement grand qu’il y a beaucoup de navigation dessus, et notamment de plaisance, d’où la présence de nombreuses marinas et embarcadères. Nous poursuivons vers le canyon d’Ouimet, curiosité géologique qui s’étend sur quelques centaines de mètres.

Canyon de Ouimet
Canyon de Ouimet

Avant d’arriver à Thunder Bay, où tant d’autres familles en motorhome sont passées avant nous, nous faisons halte au monument commémoratif de Terry Fox, un canadien qui, ayant perdu une jambe suite à un cancer, est parti dans une traversée à pieds, enfin à pied, du Canada pour collecter des fonds mais rattrapé par la maladie, il n’acheva pas cet exploit.

26 septembre 2014.

Nous commençons la journée par remplacer la bonbonne de gaz qui n’aura pas tenu longtemps, (deux semaines), puis nous visitons les cascades de Kakabeka qui n’égalent peut-être pas celles de Niagara, ni celles de Coo, mais elles sont romantiques, biens conservées dans leur milieu naturel et scindées en deux par une saillie rocheuse. Ici, l’eau de la rivière tire vers le brun, ce qui lui donne l’aspect de la « root beer », une espèce de bière-limonade locale à laquelle je n’ai pu me résoudre. Soit on boit une limonade, soit une bière, les hommes savent pourquoi, mais pas ce truc infect hyper sucré qu’on trouve dans les fast-foods.

Kakabeka falls
Kakabeka falls

Au fait, ça fait un mois déjà que nous sillonnons les routes canadiennes. Pour fêter ça, alors qu’on roule pépère dans une belle ligne droite j’aperçois dans mon rétroviseur une grille extérieure de ventilation qui se fait la malle. Le temps d’arrêter le CC et de marcher jusqu’où je l’ai vue s’envoler, 4 semi-remorques passent et la grille est explosée en mille morceaux. Afin de protéger l’ouverture, un trou béant de 48 cm sur 23 cm, je ressors le bon vieux « duct tape » qui avait servi à Halifax et j’alerte le concessionnaire en Belgique, avec l’aide de mon Papa, afin de retrouver la pièce détachée, ce qui est loin d’être évident vu que le CC a déjà plus de 10 ans.

27 septembre 2014.

Le bivouac fut terriblement bruyant, à cause des énormes camions qui laissent tourner leur gros moteur, sur l’aire de repos le long de la Transcanadienne, mais nous arrivons rapidement à Winnipeg peu après avoir passé la borne qui indique le milieu longitudinal du Canada. Nous peinons à trouver l’office du tourisme, ce qui au moins nous permet de découvrir celle ville de plus d’un million d’âmes en tournant dans le centre.

Legislative Building
Legislative Building

Alors que nous revenons des emplettes, nous remarquons que le frigo ne refroidit plus et même qu’il est en surchauffe. Evidemment, la protection temporaire empêche le bon refroidissement du mécanisme d’alimentation qui fonctionne principalement au gaz et qui est fortement exothermique. Par ailleurs, il fait bien 28 degrés ce qui n’arrange rien pour le frigo. Je bricole une grille de fortune, histoire de le laisser tourner et de ne pas perdre son précieux contenu (reste 3 bières et une bouteille de vin blanc), mais le bricolage craint la pluie en cas de vent, et le frigo risque le court-circuit.

Mac Gyver ...
Mac Gyver …

28 septembre 2014.

Petite journée pluvieuse à écumer un immense magasin de bricolage en vue d’améliorer la réparation dans l’attente de mieux. Finalement nous trouvons un RV Center de l’autre côté de la ville où nous espérons trouver la pièce de rechange. Impatient comme toujours, je décide de passer la nuit devant le magasin pour y être à l’ouverture et enfin être rapidement fixé sur le sort du frigo.

29 septembre 2014.

Ouf. Catherine a dû insister, puis avec l’assistance d’un canadien qui fait jouer la solidarité francophone (il est membre de la communauté francophone de Saint-Boniface), le stock est retourné dans tous les sens pour finalement trouver la pièce rare qui correspond exactement.

Ouf.
Ouf.

Par sécurité, j’ai quand même ajouté un ruban de duct tape pour que la grille ne s’envole plus. Pour fêter ça, nous filons à la piscine pour le plus grand bonheur des garçons. C’est aussi l’occasion de prendre une longue douche et même pour moi de taper la baballe sur le terrain de basket, déjà trois ans que je n’avais plus touché le cuir d’un ballon et entendu le son filet, ça m’avait presque manqué.

30 septembre 2014.

Nul besoin d’aller au Spitzberg pour voir des ours polaires, ni au parc Kruger pour voir des lions, il suffit de venir au zoo d’Assiniboine à Winnipeg!

Mais où est la banquise?
Mais où est la banquise?

Nous y avons passé toute la matinée, malgré le froid polaire, justement : le thermomètre a baissé de 25 degrés. Le zoo n’est pas très grand et bizarrement organisé, mais il remplit son contrat.

Mais où est le pilote?
Mais où est le pilote?

Après quatre jours sans rouler, nous reprenons notre migration vers l’ouest, passons Brandon en fin d’après-midi et nous nous arrêtons à la frontière avec le Saskatchevan pour la nuit. Nous sommes à présent dans les terres agricoles du pays, terres qui produisent principalement du blé et du colza. Nous prenons ainsi la mesure du Canada, le deuxième plus grand pays du monde après la Russie, il fait tout simplement plus de 300 fois la Belgique. Le paysage est très plat, peu boisé vu qu’il y a d’immenses champs agrémentés ci et là d’une importante exploitation agricole. Nous voyons également quelques usines de potasse (c’est un fertilisant agricole, qui ira directement du producteur au consommateur), et beaucoup d’animaux, des renards et des blaireaux écrasés et parfois étalés ou déballés le long de la route, victimes de ces énormes camions de plusieurs dizaines de tonnes qui avancent à toute allure.

Il est beau le camion.
Il est beau le camion.

1er octobre 2014.

Aujourd’hui, c’est ma fête. Tout avait bien commencé par des bonnes crêpes, puis ça a dérapé : madame n’est pas contente parce que je ne mets pas assez chaud quand je conduis. Bon, pour me calmer, je mets la sono en marche (32 GB de musique, il y a de quoi faire) et voilà les kets qui râlent parce qu’ils n’aiment pas la musique. Mais j’en ai ras la casquette, moi de « Jean Petit qui danse » et de « La souris verte » (en plus, c’est cruel). Bref, rien de spécial, le temps reste agréable et nous passons rapidement Regina, la capitale du Saskatchevan, sixième province canadienne que nous visitons depuis notre arrivée, chaque province ayant son propre gouvernement avec ses compétences (un peu comme les Régions en Belgique). Nous arrivons à Moose Jaw, lieu bien connu dans le milieu de grand banditisme, parce que c’est ici que, pendant la prohibition, des tunnels et des voies ferrées furent construits afin d’approvisionner les assoiffés du cru, avec le concours d’un certain Al Capone, ce sacré philanthrope.

Le tripot d'Al Capone.
Le tripot d’Al Capone.

2 octobre 2014.

Nous poursuivons jusqu’à Maple Creek, alors qu’entre-temps, nous avons encore pris une heure de décalage horaire, sans bien savoir où. Vu le froid, nous choisissons de renoncer à visiter les Cypress Hills où il a neigé ce matin. L’été indien est déjà terminé ! Nous arrivons à Medecine Hat, dans la province d’Alberta en fin d’après-midi, et dont le nom vous sera familier en raison des poteries qui y furent fabriquées jusqu’à la fin des années 80. Il fait déjà nuit noire et je dois tanker du diesel avant de reprendre la route jusqu’au bivouac. A un énorme carrefour, du genre le rond-point Montgomery, mais sans le rond-point et avec des feux tricolores dans tous les sens, sauf dans le mien, je me lance quand je pense que c’est le bon moment. Tiens, une voiture de la maréchaussée. Tiens, elle a les gyrophares allumés. Tiens, elle fait demi-tour. Tiens, elle me suit. Tiens, c’est la panique à bord. Naïvement, je continue d’avancer doucement vers la pompe à essence (enfin, à diesel), en espérant que l’agent laisse tomber ou soit appelé pour une vraie urgence. Mais non. Catherine, elle, a bien compris (l’habitude sans doute) et me suggère de stopper le véhicule : « mais Nicolas arrête toi b*rd*l ». Mwouais elle a vraiment l’air convaincue, alors OK, je stoppe à quelques pauvres mètres de la pompe, je sors du CC (le truc à ne pas faire) et je vais vers la voiture de police en lançant un « is this for me? » bien niais, tout en montrant les gyrophares. Au lieu de me répondre que « non bien sûr, c’est pour le Pape », l’agent m’intime l’ordre de rester dans mon véhicule. Bon, il va falloir la jouer fine. Quand l’agent vient m’expliquer que je suis passé au rouge devant son nez, je lui dit que non, non, je ne comprends pas, c’était rouge et puis c’était vert et puis je voulais faire le plein, et puis j’ai vu du vert là et rouge là-bas et hop je suis passé. Bon, ça ira pour une fois, en plus il connaissait l’existence de la Belgique, parce qu’il a un berger allemand élevé et dressé dans notre petit plat pays.

3 octobre 2014.

Plusieurs surprises au réveil, mauvaises et bonne. Un thermomètre affiche -1 °C, et l’autre +3 °C. Ça nous fait une moyenne de 1°C et le record est battu. Puis, il y a le robinet de la cuisine qui coule, et aussi quelque chose fuit dans le bloc moteur. Comme les témoins d’huile et de liquide de refroidissement ont tendance à s’allumer, mais jamais longtemps, il y a sans doute un rapport. On verra bien. La bonne surprise c’est le lieu dans lequel nous nous trouvons. Arrivés de nuit sur le parking du Dinosaur Provincial Park, nous ne remarquons qu’au réveil la beauté du site, niché au cœur des Badlands, littéralement les « mauvaises terres » car jugées impropres à l’exploitation agricole, comme s’il n’y avait pas déjà assez des prairies dans le coin (on n’a vu que ça sur des centaines de kilomètres).

Mais où est le dinosaure?
Mais où est le dinosaure?

 

Ce n'est qu'un daim.
Ce n’est qu’un daim.

Classé par l’ UNESCO en 1979, le parc recèle une importante quantité de fossiles de dinosaures.

Formé par le temps qui passe.
Formé par le temps qui passe.

Plusieurs sentiers permettent de découvrir cette vallée asséchée creusée par une rivière, sculptée par un glacier et façonnée par le vent, créant ces promontoires aux douces formes, restes d’alluvions et de sédiments qui constituent aujourd’hui la plus grande collection connue de fossiles de dinosaures. Conquis par ce décor presque lunaire, nous passons une deuxième nuit sur place.
Dinosaur 4

4 octobre 2014.

Remontant ce petit canyon, nous reprenons la route sur le plateau agricole en surplomb, et arrivons en fin de journée à Calgary, ville moderne et agréable d’un million d’habitants, sise aux pieds des Rocheuses canadiennes qu’on aperçoit enneigées au loin.

Mais où est le CC?
Mais où est le CC?

Depuis un mois que nous sommes sur les routes, Alexis a bien compris le principe du voyage. Il demande s’il faudra beaucoup rouler, il demande où va-t-on le lendemain et les jours qui suivent, il sait que quand c’est le jour au Canada, c’est presque la nuit en Belgique. Valentin quant à lui se pose moins de questions existentielles, il est plus dans l’action, genre où est la plaine de jeux, ha j’ai vu un cheval et des chevaux, ils sont trop bons ces biscuits. Nous sommes impressionnés par leur mémoire, ils n’ont oublié personne de la famille, ni les copains d’école dont nous découvrons encore les exploits, surtout ceux de Mathis et Joachim, ni même les institutrices et les dames de la crèche.

5 octobre 2014.

Nous nous attaquons au centre de Calgary en ce beau dimanche ensoleillé. Les rues sont larges, propres et entretenues. Si à Montréal, il y a des kilomètres de passages souterrain, ici ce sont les immeubles qui sont interconnectés au 1er ou au 2ième étage par des passerelles couvertes, permettant de traverser le quartier des affaires sans mettre le nez dehors, pratique lors des longs hivers de cette ville sise sur un haut plateau à plus de mille mètres d’altitude. Nous nous présentons à la chocolaterie Bernard Callebaut, établie par un belge qui aura bien vécu son rêve américain, vu la taille du magasin de luxe. Suite aux inondations de juin 2013, il n’est plus possible de visiter l’atelier, mais on se console avec une dégustation. Nous empruntons ensuite le tramway (point de métro ici) jusqu’aux Devonian Gardens, un immense parc botanique aménagé sous les verrières d’un centre commercial, et agrémenté comme il se doit d’une belle plaine de jeux. Après avoir encore bien profité du beau temps dans le Prince’s Island Park, nous partons vers les Rocky Mountain et passons la nuit au visitor center de Canmore.

6 octobre 2014.

Nous arrivons de bonne heure à Banff, le chef-lieu du parc national du même nom. Une petite promenade nous mène aux chutes de la Bow (le nom de la rivière qui parcoure le parc), une autre nous amène à la plaine de jeu. Je sors le vélo des enfants et on fait le tour de la jolie ville où nous croisons un daim et un wapiti qui se promènent tranquillement entre les voitures stationnées.

Banf NP.
Banf NP.

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