16 septembre 2014.
Pour visiter Québec, nous avons pris l’option de dormir dans un camping tout confort à proximité du centre, aussi ce matin nous quittons notre emplacement en CC, tout en sachant que nous y reviendrons dans l’après-midi. Nous arrivons de la sorte assez tôt au centre-ville, un vrai retour à la civilisation, et nous trouvons à stationner le camion sur le boulevard Champlain (un peu comme si on avait garé le CC place de Brouckère pour visiter le centre historique de Bruxelles). Et c’est parti pour cinq heures de marche et de découvertes : les remparts, le parlement, une plaine de jeux (ça faisait longtemps), une poutine chez Ashton (une poutine, c’est une sorte d’en-cas très diététique et très apprécié ici, un peu comme notre moules frites national sauf qu’ils remplacent les moules par des morceaux de jeune cheddar, et la mayo par une sauce à la viande. Les plus fins gourmets y ajoutent une saucisse à hot-dog finement coupée).
Nous passons également le vieux marché, la rue Sainte-Famille qui croise naturellement la rue Couillard, et enfin le château Frontenac, ce bâtiment emblématique de la ville de Québec et qui n’est autre qu’un luxueux hôtel où nous descendons prendre une consommation et profiter des commodités, on ne va pas se gêner. L’occasion étant trop belle, je me faufile dans un ascenseur et je monte au 17ième étage qui offre une vue imprenable sur la ville. En redescendant, je retrouve mes héritiers escortés par mon épouse sur l’esplanade ensoleillée qui domine le Saint-Laurent, alors qu’un saxophoniste joue un « What A Wonderfull World » très à propos. De retour au camping, l’opération linge propre est un échec cuisant : la machine lave à froid, la poudre ne fond pas et le soleil tombe avant d’avoir séché la moindre chaussette, résultat on se prend une bière pour finir la journée en beauté, notre première du voyage, pendant que les deux kets « achèvent » leur pantalon dans le sable boueux de l’aire ludique (c’est juste pour ne pas écrire plaine de jeux).
17 septembre 2014.
Après une bonne douche et quelques vraies crêpes style belgian way of life, nous repartons en mission prioritaire big laundry et réquisitionnons quatre machines en parallèle à la Teinturerie Française de Charlesbourg. Pendant que ça lave, on fait les courses et pendant que ça sèche, on déjeune. Et voilà, ita missa est. Nous reprenons alors la route vers Montréal où nous arrivons en début de nuit et où nous nous accommodons de notre premier bivouac urbain sur l’aire de stationnement d’un grand centre d’achat. Pas très joli mais au moins nous ne sommes qu’à une demi-heure du centre-ville, ou du moins c’est ce que nous pensons.
18 septembre 2014.
La nuit fut relativement bonne, juste interrompue par Valentin, notre fils cadet qui cherchait le castor reçu chez Carstar, castor que j’ai facilement retrouvé à côté de son oreiller (oui, oui, je me lève la nuit). Après le petit-dėj nous levons le camp, direction le centre historique de Montréal, sauf que comme on est un peu en heure de pointe, il faudra plus d’une heure pour y arriver et pour se garer, mais franchement c’est moins désagréable de subir les embouteillages au volant d’un Mobilvetta Icaro S10 pour visiter Montréal que de traverser BXL en 107 pour aller au CCN (tient, ça me fait penser à mes collègues : salut les gars). Nous garons finalement le « motorisé » rue Notre Dame et nous nous rendons à la basilique du même nom qui fait face à la place d’Armes, ainsi qu’à la Cour d’Appel qui fait face au Palais de Justice, en toute logique. Nous continuons vers l’hôtel de ville et la place Jacques Cartier.
Je ne résiste pas à la tentation d’un petit tour en métro, soyons fou, que j’observe en connaisseur, puis nous empruntons quelques centaines de mètres de passage souterrain sur les 32 km que compte la ville et un ascenseur plus tard, nous nous retrouvons au 10ième étage des bureaux administratif de l’assemblée parlementaire en plein cœur de la city où nous sommes remis sur le bon chemin. Le coup de l’hôtel Frontenac n’a pas fonctionné.
Nous reprenons la roulotte et quelques dizaines de kilomètres d’une route qui fait souffrir les pneumatiques et les amortisseurs, à l’image de la majorité routes canadiennes d’ailleurs, nous délaissons la province de Québec pour celle de l’Ontario qui abrite non seulement la capitale Ottawa, la ville cosmopolite de Toronto et les chutes de Niagara, mais encore les lacs Ontario, Huron et Supérieur, tous les trois partagés avec les USA. Quittant rapidement l’autoroute 401 pour la pittoresque route 2, nous faisons halte à Morrisburg. Pendant que Catherine s’attaque avec courage à une énorme citrouille pour la soupe fraîche du jour, je m’attaque avec patience à la plaine de jeux et à la salle de sport municipale où les garçons sont fascinés par les équipes de hockey sur glace en pleine action.
19 septembre 2014.
Le thermomètre affiche vaillamment 3 degrés Celsius. Très courageusement, je sors mon bras du lit et j’enclenche le chauffage. Sur ma lancée, j’ouvre le store occultant et je constate avec stupeur qu’un canon est pointé droit sur nous. Damned, nous sommes faits comme des rats! Sonnez la cavalerie qui trépigne déjà d’impatience : en trois secondes les deux kets montent dans la capucine et je leur explique que la visite du jour, c’est celle du Fort Wellington à Prescott où nous avons passé la nuit. Il s’agit d’un fort construit par les anglais qui défendaient leurs lignes faces aux américains pendant la guerre de 1812 puis encore un peu plus tard vers 1839. Aujourd’hui le fort est bien reconstitué et laisse imaginer la vie de l’époque : latrines, chambres communes, réfectoires, en fait on n’est pas loin d’une auberge de jeunesse pour routards aguerris.
Le fort présente également une belle collection de canons, dont un pointé sur le CC et deux autres vers les États Unis qui ne sont qu’à quelques centaines de mètres, de l’autre côté du Saint-Laurent. Rien ne dit d’ailleurs si le système de défense du puissant voisin a prévu le cas des boulets de canon canadiens. Nous poursuivons notre remontée du fleuve vers le lac Ontario et la ville de Toronto, longeant ainsi les Thousand Island, les mille îles, dont les plus petites ne font que quelques dizaines de m² et qui pour la plupart, sont devenues des propriétés privées et sont dès lors agrémentées d’un petit pavillon de villégiature, bref des grosses baraques de malade avec des petits bateaux pour y accéder, style à peine plus gros qu’un bateau gonflable. Nous faisons également halte à Kingston, dont le centre-ville est bien joli et qui, si la Reine Victoria n’en avait décidé autrement, aurait pu devenir la capitale du Canada. Après tout ça, fini de rigoler, je fais chauffer le moteur et nous arrivons en banlieue de Toronto en fin de soirée, sur un bivouac qui sent bon l’aventure, la vraie : j’ai nommé le parking du Walmart sur lequel nous bravons impunément l’interdiction de passer la nuit.
20 septembre 2014.
L’avantage de notre bivouac miteux, c’est que nous arrivons rapidement au centre-ville de Toronto en métro, alors que le CC se repose sur un des vastes parkings de délestage périurbain. Il faut dire qu’avec près de 6 millions d’habitants, en prenant le grand Toronto, il s’agit d’une des 5 plus grande ville d’Amérique du Nord et elle ne se traverse pas aussi aisément qu’une petite ville de banlieue. Deux changements de métro nous mènent à la station Union qui est en plein chantier. J’admire au passage les bétons carottés et sciés, les escaliers provisoires et les cloisons de chantier tout ça est déjà si lointain pour moi (re-salut les gars). Puis, on ne chipote pas : après une pause pipi pour les kets dans le lobby de l’hôtel Intercontinental (enfin, dans les WC du lobby) nous allons direct à la CN Tower, bâtiment emblématique de la ville si pas du pays au même titre que l’hôtel Frontenac, qui à l’origine ne devait servir que de tour de transmission, mais qui, pour le plus grand bonheur des touristes (et d’une petite série d’actionnaires aussi sans doute) sert également d’attraction touristique majeur et surtout de point de vue imprenable sur la ville tentaculaire et ses environs. En quelques secondes, l’ascenseur panoramique au plancher vitré nous mène à 346 m de hauteur d’où la vue à 360 degrés permet d’embrasser toute la ville.
J’encourage alors les gamins aller à la toilette en leur expliquant le trajet vertigineux que va faire leur pipi, si c’est quand même pas beau le monde moderne. Nous reprenons ensuite le métro jusqu’à Dundas, sorte de mini Times Square et nous nous promenons jusqu’au Queen’s Park.
Les enfants sont claqués, et nous avec, alors retour au CC et route jusqu’à Niagara qui n’est qu’à deux petites heures, une broutille. L’arrivée à Niagara donne le sentiment d’être sur la riviera espagnole en plein été : des grands hôtels, des voitures dans tous les sens, des snacks industrialisés et restaurants illuminés. Et en plus il fait chaud. Coup de bol, nous trouvons un stationnement à quelques centaines de mètres des chutes et malgré l’heure tardive, nous ne résistons pas à l’envie d’aller y jeter un coup d’œil.
21 septembre 2014.
Après un bon petit-déj aux pancakes, nous descendons jusqu’aux chutes avec un funiculaire construit par des Suisses. Passé les incontournables boutiques à souvenir, nous arrivons au fer à cheval, la chute principale en forme de U justement. La magie des chutes a parlé, nous oublions le mini Las Vegas qui nous entoure et nous profitons pleinement du spectacle de cette masse d’eau forte et tranquille, aux reflets verts et bleus, qui se déverse avec puissance, majestueusement sous nos yeux ébahis. Nous embarquons ensuite à bord du Hornblowe, un petit rafiot qui nous mène jusqu’aux pieds des chutes, et qui tel un bateau fou semble les défier alors que les touristes comme nous se font arroser copieusement et encore plus à chaque rafale de vent qui n’est pas en reste : une idée du déluge.
Au soleil, nous séchons rapidement et observons encore et encore ces chutes qui n’en finissent pas de couler, sauf une fois fin mars 1848 lorsqu’une énorme masse de glace a bloqué le passage de l’eau en amont. Difficile de quitter un tel lieu, alors nous restons jusqu’en fin d’après-midi puis nous reprenons la route : plusieurs milliers de kilomètres sont à parcourir dans les prochains jours pour traverser le Canada d’Est en Ouest et prendre toute la mesure.
22 septembre 2014.
Petite journée, rouler, rouler et encore rouler. On est bon pour un plein par jour. Pendant ce temps-là, les fils de ma femme restent fidèles à eux-mêmes, intenables! Ils nous font tourner en bourriques, il faut les voir avec leurs yeux de fous qui tournent dans tous les sens et leurs cris de bête sauvage, on va devoir se plonger dans les livres de Françoise Dolto. Bien entendu, les rares moments où je mets un DVD de Disney ou de Tom et Jerry, mes fils sont sages comme des images. Ce n’est pas très glorieux d’accord, mais je préfère ça que d’aller à l’accident, et c’est tellement apaisant de les voir rigoler devant les bons vieux gags classiques. Il faut reconnaître que c’est une première pour eux qui n’avaient jamais vu la télévision allumée à la maison. Quand c’est calme, nous pouvons profiter du paysage relativement monotone mais sacrément beau. Nous suivons la Transcanadienne, qui ressemble à une route nationale bien usée, bordée de forêts dont les arbres commencent à jaunir et à roussir tandis que d’autres virent au rouge. En cette fin d’été ensoleillé, le ciel est bleu et le soleil est doux, offrant le meilleur de la lumière des arbres, des roches grises et roses et des eaux sombres et profondes des lacs. Nous le tenons, notre été indien!
23 septembre 2014.
Arrivés très tard hier soir, dans le noir, sur le parking de l’office du tourisme de Blind River, je découvre d’abord le panneau « no overnight parking » qu’on avait carrément nié, puis le panneau « don’t feed the bears » … là on fait moins les malins. Donc non seulement il est possible que des ours débarquent comme ça, tranquillous là où je dors avec femme et enfants, mais en plus je ne peux pas leur donner à manger. Non mais qu’est-ce qu’ils ont dans la tête ici, ils s’imaginent vraiment que je me promène là avec des nic-nac pour les gentils nounours ou bien? Au moins ce matin, on a pu profiter du dumping (rien à voir avec la concurrence à l’emploi, il s’agit simplement des aménagements pour vider les cuves d’eaux usées du RV) et du plein d’eau avant de partir vers Sault Sainte-Marie où nous visitons l’écluse et le canal qui relient les lacs Supérieur et Huron, permettant de franchir les 6 mètres de dénivelés. Nous reprenons la route pour encore deux bonnes heures pour arriver à Wawa à la tombée de la nuit. Les distances sont tellement énormes que nous voyons en chemin des panneaux publicitaires pour tel motel ou tel restaurant situé parfois à 120 ou 160 km. On n’a vraiment pas intérêt à louper la « gas station » pour tanker, parce qu’à du 12 litres aux cent km, on ne va pas loin dès qu’on est dans la réserve.
24 septembre 2014.
Encore une journée passée à rouler, environ 380 km, ça n’a l’air de rien, mais c’est une vraie épopée. Entre les pauses pipi, les travaux routiers, les repas, les courses, les pleins, les « t’es bien certaine qu’on est sur le bon chemin? », les photos, et évidemment les plaines de jeux, hé bien oui, on peine à sortir plus de 300 km par jour !