Ce lundi 1er septembre 2014, alors que la Belgique entière reprenait le chemin de l’école et du travail, nous prenions la route du Greenwich Prince Edward Island National Park, et de ses dunes paraboliques qui en protègent les étendues d’eau douce de la mer toute proche.
Puis après une rapide pause de ravitaillement à Charlottetown, le chef-lieu de l’île, nous trouvons un coin tranquille pour le bivouac et la ripaille : ce soir, c’est menu homard, la spécialité de l’île. Après une nuit bien arrosée (je ne fais malheureusement ici qu’allusion à la drache qui a bien rincé le motorhome), nous empruntons le Pont de la Confédération qui est carrément un viaduc de 13 km de long, reliant l’île du Prince Édouard au continent, puis nous traçons la route jusqu’à la banlieue de Truro où est sis notre expert en réparation de RV’s ouverts comme des boites à sardines. Marthy, le gérant, nous offrira même le plein d’eau et son code d’accès « waillefaille », plus connu sous l’appellation wifi chez nous.
Ce mardi, petite journée, rien d’excitant. Pendant que Marthy s’occupe du CC, on prend une voiture de location (pas de courtoisie). Comme nous avons dit qu’une « petite » voiture suffisait, l’agence nous donne un énorme bac GMC dont le témoin de pression du pneu arrière droit s’allume après à peine 50 m. Pas grave. L’agence nous dirige chez Coast Tire, rien à voir avec West Coast Custom. Verdict: un clou dans le pneu, il faut donc changer la voiture de location, et on se retrouve avec une voiture de remplacement de la voiture de location en remplacement du CC … tout le monde suit ?
Après ça, pour rester dans l’ambiance de l’american way of life, on s’offre un bon Burger King bien gras et tels des rapaces cybernétiques, on profite du wifi pendant que les kets font la loi dans la salle de jeux.
Histoire de prendre l’air, nous nous promenons un peu au parc Victoria, vite rattrapés par une magnifique plaine de jeux (ils savent y faire, les bougres, difficile d’y échapper). Nous terminons l’excursion au Farmer Market, sorte de petit supermarché de produits locaux et biologiques où font leurs courses les bobos dans notre genre.
Pendant ce temps-là, le CC est toujours sous perfusion, mais Marthy nous le rend pour la nuit. Au moins, nous pouvons encore jouir de notre voiture (de remplacement de la voiture de location) encore une matinée et repartons en excursion. Première halte à 9h du matin pour la plaine de jeu de Stewiacke, il ne manque plus grand-chose pour que notre tour des Amériques se transforme en tour des plaines de jeu… Enfin, nous sommes là aussi pour cela après tout, voir les kets s’éclater et nous amuser de leur imagination débordante.
De retour au campement, ou plutôt au garage, la mauvaise nouvelle, c’est qu’il faut passer à la caisse et l’autre mauvaise nouvelle c’est qu’on est encore bon pour une nuit sur place parce qu’il faut encore un coup de ponçage de la suture le lendemain matin.
Après trois jours de repos forcé et ayant retrouvé une seconde jeunesse, grâce à l’équipe très pro de Carstar (n’hésitez pas à y aller de notre part), le CC démarre au quart de tour et nous reprenons la route jusqu’à Amherst où nous nous installons au Loch Lomond RV Park, un camping tout confort. Il faut reconnaître qu’après 6 nuits en bivouac, limitant la consommation d’eau au strict nécessaire, on est heureux de prendre une très longue douche, au lieu des douches express de ces derniers jours. Aussi les deux kets s’en donnent à cœur joie dans la pelouse autour du CC (nous sommes dans la partie « unserviced », habituellement réservée aux tentes, mais comme nous n’avons ni besoin de branchement électrique, ni à l’eau courante, cela convient parfaitement) et à la plaine de jeu. Je sors même le vélo du fin fond de la soute. C’est aussi l’occasion de laver le linge en machine et de bricoler un peu. Le seul hic : les moustiques. 17 piqûres sur une jambe, encore plus sur l’autre, et je n’ai même plus envie de compter sur les bras. Ceux qui pensent que je prends plaisir à les écraser consciencieusement ont parfaitement raison. Il faut dire que les moustiques ici sont à l’ambiance locale : rendement minimum mais résultat maximum.
Vendredi matin, déjà le 5 septembre 2014, c’est la fête : pancakes maison au petit-déjeuner, puis visite du Fort Beauséjour. Nom étrange pour ce lieu à vocation militaire et tenu par les (nouveaux) français face aux (nouveaux) anglais du Fort Lawrence. La belle série de canons exposés, dont la portée des plus gros est de 2.750 m tout de même reste le témoin de cette période belliqueuse pendant laquelle les (nouveaux) français ont forcé les acadiens (ancien français) à prendre les armes contre les (nouveaux) anglais. Ces derniers ayant récupéré la plus grande partie du territoire, les acadiens ont dû partir en exil.
Nous nous arrêtons ensuite à Shediac, capitale du homard, dont nous ne partirons pas les pinces vides…
Ce samedi 6 septembre 2014, c’est à nouveau l’état de choc dans le motorhome. Je découvre la photo du jour issue du calendrier perpétuel préparé par les amies de Catherine avant notre départ. Tu parles d’amies, moi qui pensais en être débarrassé pour un moment, voilà qu’elles nous ont préparé 366 photos (oui, oui, elles ont même poussé le vice à penser que 2016 était une année bissextile, là au moins elles m’épatent) assorties de petits commentaires pas toujours très relevés, comme je sais les apprécier. Mais alors là, ce matin, le choc intégral. Je tairai le nom, mais pas le prénom. Je vois Carole avec … non, c’est trop affreux.
Une fois remis de nos émotions, nous allons à présent découvrir l’acadian way of life, un village acadien reconstitué, composé de maisons remontées et restaurées, couvrant de 1770 pour la plus ancienne et rudimentaire à 1961 pour arriver à l’ère moderne. Habituellement peu conquis par ce genre de parc à touristes, j’avoue que celui-ci m’a convaincu. Cerise sur le gâteau, chaque maison est habitée par un figurant, un guide en fait, qui répond avec patience aux questions passionnées d’Alexis en français, les acadiens étant les descendant des premiers colons français. Valentin quant à lui a trouvé fantastique de pouvoir rentrer dans les maisons des gens juste parce qu’il avait un bracelet bleu qu’on avait échangé contre quelques sous. C’est quand même étonnant le monde des enfants : s’ils ont apprécié monter dans les greniers des maisons, ils n’ont même pas relevé le terrible accent local.
Puis, après cette visite enrichissante, nous repartons vers le nord et nous arrêtons à Dalhousie à quelques encablures de la province québécoise dont nous rêvons depuis longtemps et que nous foulerons prochainement.