3 juin 2016 – #14 – Port de Santos
Le navire est arrivé de nuit à Santos, le port le plus proche de Sao Paulo, nous n’avons donc rien vu des manœuvres d’approche, mais nous arrivons ainsi très tôt au centre-ville. Nous n’avions plus de reals pour payer le taxi et ce dernier a accepté notre petit billet vert, la moitié de ce qu’il demandait au départ : j’avais pris soin de noter les taux de change avant la croisière. On ne me la fait pas. Nous retirons ensuite un peu de liquide au Mister Crash, faute de casa de cambio. Tout est encore fermé à cette heure matinale, mais un salon de thé nous ouvre ses portes et deux heures durant, je travaille à publier un article sur le site.
Pendant ce temps, mes fils, comme ma femme, sont exemplaires et patientent en silence, Valentin avec le Storio, Alexis avec Marlène Jobert et Catherine avec ses amants d’escale que sont Facebook, Gmail, Skype et Huffpost. Nous nous promenons ensuite dans le centre, en passant devant le teatro Coloseo qui fait logiquement face à la cathédrale, puis nous arrivons au Museo do Café installé dans l’ancienne bourse du café édifiée en 1922. Le musée retrace l’histoire du café au Brésil depuis l’arrivée des colons, la muséographie est cohérente et les explications trilingues. Aujourd’hui encore, son quartier est le siège de plusieurs entreprises qui se consacrent à cette boisson qui excite les sens, en tout bien tout honneur.
Il y a également un petit tram historique qui parcourt la ville, mais nous n’avons plus le temps de l’emprunter avant de rentrer au bateau où nous devons être de retour à 14h pétantes, tandis que le ballet des grues, containers et véhicules en tous genres ne s’arrête pas. Le CC va toujours très bien, mais quasiment inaccessible, à l’étroit au milieu de gros camions tout neufs. Le navire est de plus en plus chargé, par des dizaines de containers et de véhicules notamment, puis quitte le port et la ville à la nuit tombée.
4 juin 2016 – #15 – Navigation au large du Brésil
L’équipage a bien navigué cette nuit, alors que nous étions plus ou moins dans les bras de Morphée, et vient s’ancrer dans la baie de Rio de Janeiro en fin de matinée. Le ciel est couvert, mais on distingue parfaitement les plages d’Ipanema et de Copacabana à une dizaine de kilomètres. Juste un peu trop pour y voir les Brésiliennes en string, surtout qu’il n’y a pas de soleil.
Le Pain de Sucre, comme le Corcovado, ont la tête dans les nuages, et moi aussi d’ailleurs, car je sens que la fin approche. Rassurez-vous, nous ne sommes pas atteint du scorbut, ni de vampirisme, vu les quantités de citron vert et d’ail consommés quotidiennement, mais nous savons bien que c’est ici à Rio de Janeiro que s’achèvera notre périple américain. Mon intervention de l’autre jour a dû faire son effet, les officiers sont bien plus sympathiques avec nous et nous sommes mieux informés du programme de navigation et d’escales à court terme. Il y a même un officier qui vient s’excuser de systématiquement nous tourner le dos pendant les repas, expliquant que leur place est assignée selon la hiérarchie. Pas de problème mon bonhomme, pense juste à bien rentrer ta chemise dans ton pantalon pour ne pas nous couper l’appétit à l’avenir. Pour préserver son anonymat, nous le dénommerons dorénavant « La Raie ».
5 juin 2016 – #16 – Port de Rio de Janeiro
Le ciel se dégage progressivement et nous promet une arrivée mémorable dans la baie de Rio. Le navire ne passe qu’à quelques kilomètres du Pain de Sucre tandis que le Corcovado se dévoile, sous la chaleur de cette fin d’après-midi d’automne ensoleillée.
Les manœuvres d’approche et d’arrimage sont assez longues et nous ne quittons le vaisseau qu’après le goûter. Le temps d’arriver à la sortie du port, nous réalisons qu’il est déjà trop tard pour une virée en ville avec nos jeunes garçons et décidons de retourner au bateau, sans aucun regret : nous avions visité les incontournables de la ville il y a trois mois et nous venons de bénéficier d’une entrée magistrale dans le port. Durant cette petite balade sur le plancher des vaches, le sol a tangué en permanence, de la même manière que le plancher défile sous nos pieds après une intense journée de ski (salut Nounouche) : c’est l’effet rémanent du mouvement perpétuel des vagues sur notre oreille interne qui mettra des heures si pas des jours à s’estomper. Tandis que nous rentrons au bateau, coiffés de notre casque de chantier blanc (c’est clair que ça nous sauvera la vie si un container nous tombe sur la tête), nous croisons quasi tout l’équipage qui part à l’assaut des musées, églises et centres culturels de la ville. Quoi que, vu l’heure tardive et leur mine réjouie, je doute qu’ils se rendent à terre pour manger des hosties. Le navire restant à quai pour la nuit, je décide de quitter Catherine et de partager avec elle la garde de nos héritiers, elle prendra le petit et moi le grand, juste pour cette nuit bien évidemment.
6 juin 2016 – #17 – Port de Rio de Janeiro et navigation au large du Brésil
Inexorablement, le navire s’éloigne du continent américain et emporte dans son sillage tous nos souvenirs de voyage. Tandis que la ville se perd à notre vue, jusqu’à disparaître à mesure que nous prenons le large, nous laissons derrière nous une petite tranche de notre existence, mais une grande partie de notre vie, une extraordinaire parenthèse de deux ans qui nourrit déjà la nostalgie de nos rêves accomplis. Je songe avec fierté et émotion à ce qu’en famille, nous avons réalisé, et qui pour toujours brûlera en nous. Reste devant nous la traversée de la mer qui, telle une traversée du désert, nous aidera à reprendre pied à terre, à accepter que cette fois, c’est bel et bien fini et que franchement, ça ne sert à rien de chialer, mais ça soulage un peu quand même.
7 juin 2016- #18 – Traversée de l’océan Atlantique
Depuis hier 15h, le Grande Angola a pris sa vitesse de croisière, environ 16 nœuds, soit une trentaine de kilomètres à l’heure, à peine plus que sa vitesse en mode « éco » de 14,6 knots qui ne lui fait consommer que 38 tonnes de fuel par jour. Trente à l’heure, ce n’est pas beaucoup moins que le CC sur les routes d’Amérique Latine finalement, sauf qu’on devait bien s’arrêter après une dizaine d’heures, contrairement à l’équipage qui se relaie inlassablement pour surveiller … le pilote automatique. Le cargo se déplace donc d’environ 700 kilomètres par jour, de sorte que Dakar devrait être en vue après sept à huit jours de navigation. La mer est toujours calme, en tout cas plus calme que la mère de mes fils, que j’aime ce caractère tempétueux, j’en profite donc pour griller le tapis roulant et m’essayer au vélo sur place tandis qu’un avis retentit dans les haut-parleurs : nous changeons de fuseau horaire cette nuit, de sorte que seuls quatre heures de décalage nous séparerons encore de la Belgique demain matin.
8 juin 2016 – #19 – Traversée de l’océan Atlantique
Nous naviguons à présent à plus de trois cent kilomètres des côtes brésiliennes, il n’y a ni terre ni bateau en vue et les eaux, toujours clémentes, sont d’un bleu profond et intense. La grosse activité du jour, c’est la visite à l’infirmerie, où nous recevons des pilules de clorochina bifosfato comme traitement prophylactique anti malaria que nous sommes libres d’accepter ou de refuser, mais devons signer un registre dans les deux cas et décidons de prendre ces cachets.
A part ça, les journées se suivent et se ressemblent : nous avons pris notre rythme … de croisière. Réveillés par les kets vers 7h30, nous prenons le petit-déj à 8h. Comme toujours, il y a des focaccias, du saucisson ou autres salaisons, du pain frais, du beurre et de la confiture à laquelle nous avons ajouté du miel et du dulche de leche (confiture de lait) achetés à Zarate. Vers 9h, mais c’est en train de glisser sur 9h30, Catherine s’occupe de donner la leçon aux kets, ou plutôt les leçons (écriture, calcul, dessin, etc). Comme un inspecteur ou comme le sauveur, selon mon humeur et l’ambiance, j’interviens parfois pour prendre la température. Sinon, je travaille sur le PC (rédaction du site, des bilans, archivage, tri des photos, etc) et je fais du sport. A midi, le repas est servi, en quatre services. Un plat de pâtes, un poisson, une viande et un fruit. Inlassablement. Rarement très cuisiné, mais rarement fadasse, c’est ça la magie du cuistot, nous mangeons de tout, sauf des légumes. Le meilleur moment du repas arrive avec le cappuccino savamment préparé par Sonny. Vers 13h, on part à la sieste. Les kets papotent dans leur cabine, Catherine travaille sur le PC (diaporama, préparation album photo, compilation des textes du site, etc) et je lis un bouquin.
Vers 14h, Catherine continue à travailler sur le PC, à son aise, tandis que je m’occupe des kets. Bricolages avec des rouleaux de PQ et des capuchons en plastiques, puzzles de Mickey et Winnie l’Ourson, dessin animé, lecture d’histoires à dormir debout. Puis, on prend le goûter en famille, on fait un jeu de société (Bingo, Uno, Misticat, Bata-waf, etc). Vers 17h, les kets ont quartier libre pour mettre leur chambre sens-dessus-dessous ou regarder un épisode de « C’est pas sorcier » (j’ai sélectionné tous ceux qui ont attrait à la navigation) avant le repas du soir à 18h, en quatre services. Invariablement une soupe de pâtes aux lentilles, un plat plus ou moins cuisiné, une viande et un fruit. Pour accompagner ce festin, un petit vin, toujours du blanc, le rouge étant une infâme piquette brésilienne dont Claudia und Thomas ne sont jamais arrivés à bout, nous est servi en bouteilles individuelles. Catherine boit ainsi autant que moi. Vers 19h30, extinction des feux chez les kets, soirée ciné chez les parents. Ce beau programme réglé comme une horloge est bien entendu entrecoupé de visites au poste de commandement et de promenades sur le pont, de petites punitions pour les kets et de conséquents changements de programme si je vais au sport l’après-midi au lieu du matin.
9 juin 2016 – #20 – Traversée de l’océan Atlantique
« La mer : une telle quantité d’eau frise le ridicule » disait Henri Monier. Nous sommes actuellement à plus de 300 kilomètres des premières terres, mis à part celles qui gisent par quelques 5.000 mètres de fonds dans les plaines abyssales sous la coque du bateau. Autant que le volcan Chimborazo où nous étions montés il y a un an, mais sous le niveau de la mer cette fois ! Nous n’avons croisé qu’un seul navire aujourd’hui, et encore, il est resté à plus d’une vingtaine de kilomètres de distance. Nous avons droit ce soir à un deuxième barbecue, heureusement que nous ne sommes pas végétarien, et nous buvons ainsi notre deuxième bière (sans alcool) de la croisière, régalée par le Capitaine Moustache.
10 juin 2016 – #21 – Traversée de l’océan Atlantique
Une bonne atmosphère s’est installée ces derniers jours, la longue semaine de navigation avant d’arriver sur les côtes africaines étant propice à la détente. Les hommes repeignent nonchalamment les points de rouilles sur le pont pendant que Moustache prend des bains de soleil.
Mais cette ambiance de dilettante est bien vite sanctionnée. A 16h07 l’alarme retentit et le verdict tombe, implacable : « Fire on board ». En quelques minutes, l’équipage au complet est en tenue de combat tandis que nous sommes confinés dans nos cabines. N’écoutant que ma hardiesse, je rejoins les hommes qui sont sur le pont (au sens propre), l’un d’eux est déjà habillé en cosmonaute, alors que d’autres ont investi l’hôpital. Je sens que ma place est dans le poste de commandement, j’ai fait un séminaire de deux heures à l’ANPI durant mes études après tout. J’y retrouve le Capitaine.
Le pauvre, surpris par les événements en pleine sieste, est toujours en short. Un talkie à la main, il envoie une équipe au 9ième pont pour y secourir un blessé. Mais d’un coup, la tension redescend : je trouve Marilia, la seule femme de l’équipage, avec un dessin qu’Alexis vient de lui offrir, l’exercice de secours est bien fini.
11 juin 2016 – #22 – Traversée de l’océan Atlantique
On était grave en retard ce matin au petit-déjeuner, car il était déjà 9h au lieu de 8h, nous avons encore changé de fuseau horaire cette nuit, délaissant celui, assez confidentiel, correspondant aux îles Sandwich du Sud, pour celui, plus couru, des îles du Cap-Vert. Nous sommes en plein « cargo-lag ». C’est aujourd’hui que le Grande Angola va franchir la ligne de l’équateur, en fin de journée durant l’heure du repas selon mon estimation, corroborée par les ingénieurs à bord (les grands esprits se rencontrent). Ainsi donc, je fais quelques aller-retours jusqu’au poste de commandement, entre la soupe et les morceaux de pizza, et c’est finalement en famille, une fois de plus, que nous serons présent à l’instant T pour franchir cette ligne imaginaire sous laquelle nous sommes restés plus d’un an.
12 juin 2016 – #23 – Traversée de l’océan Atlantique
Journée riche en émotions. Du moins, autant que peut l’être une sixième journée de navigation ininterrompue. Après plus de trois semaines de croisière, les kets en ont marre d’avoir des fruits, des fruits et encore des fruits comme seuls et uniques desserts, ils décident d’envoyer un subtil message subliminal codé au cuistot : ils lui offrent de beaux dessins d’énormes crèmes glacées, marquées de « Gelato ». La réaction ne se fait pas attendre.
Après ça, nous avons rendez-vous sur le pont. Le dieu de la mer, Neptune himself, est sorti des eaux pour baptiser les jeunes recrues qui, pour la première fois ont traversé la ligne de l’équateur (en mer). Séance photos et petit bizutage qui n’intimide pas Catherine, fière vice-reine des bleuettes en 2000 et qui, pour la cause, termine en Miss t-shirt mouillé Grande Angola 2016. Elle a de beaux restes, ma femme.
Après ça, je me rends au sport pour une bonne séance (tenante), tandis que mon épouse a migré dans la cabine d’un matelot philippin. De retour du sport, je la retrouve affalée sur son sofa. C’est le choc. Bon, c’est vrai que les kets sont avec elle et Olavides, notre voisin, occupés à regarder un dessin animé d’extraterrestres. Sur ce navire, je ne suis peut-être pas Dieu le Père, mais je suis le seul mâle dominant, le seul en fait qui partage sa cabine avec une femelle. Et, comme des bêtes sauvages carnivores, nous mangeons de la viande, de la viande et encore de la viande. Troisième barbecue, tout un cochon de lait y passe.
13 juin 2016 – #24 – Traversée de l’océan Atlantique
Le bateau s’est arrêté, en pleine mer et part à la dérive. Le second m’explique qu’on est trop en avance (ah bon) et qu’il est préférable de laisser passer quelques heures pour arriver à Dakar après-demain, tôt le matin. Cette pause est mise à profit pour réparer un appareil dans la salle des machines et pour faire un exercice de situation « Pirat attack ». Bon sang, mais pourquoi on a regardé hier soir ce film avec Tom Hanks qui campe un capitaine de cargo en proie avec des pirates somaliens ?
Heureusement, pas le moindre esquif à l’horizon, ni dans le radar. Seuls sont visibles, pour le plus grand plaisir des kets, quelques poissons volants (des poissons migrateurs …) et un banc de dauphins. Nous sommes actuellement à plus de 800 kilomètres des premières terres habitées. L’après-midi, nos fils perdent un peu de candeur, je les initie au grand capitalisme, le Monopoly a de beaux jours devant lui. Fini de les laisser gagner au Uno et à Misticat, je vais les ratiboiser, ces gamins, les plumer sans pitié.
14 juin 2016 – #25 – Traversée de l’océan Atlantique
Journée de navigation, rien d’extraordinaire, si ce n’est d’être là sur ce cargo, en famille, à l’approche des côtes africaines. Le navire devrait appareiller dans le port de Dakar en fin de nuit ou à l’aube, nous décidons donc de nous partager les kets, le petit vient dormir avec moi et Catherine auprès d’Alexis. Je passe ainsi – enfin – une soirée en agréable compagnie, mon petit garçon me raconte la fois où il a vu le dessin animé Planes sur le GSM de sa Maman pendant que je montais la montagne du Machu Pichu, puis s’endort paisiblement. Je ne trouve pas le sommeil et j’allume régulièrement la lampe pour regarder dormir mon plus jeune héritier.
15 juin 2016 – #26 – Port de Dakar
Saga Africa, nous voilà, ambiance de la ville, attention les secousses. Impressionné par l’incroyable capharnaüm du port de Dakar, nous sommes autorisé à descendre à quai à 10h30 et croisons les autorités locales repartir avec des fardes de cigarettes, des trails de canettes et des bouteilles de Johnnie Walker qui participent probablement à l’efficience du service des autorités. Tout comme les enfants n’avaient jamais remarqué le terrible accent québécois, ils ne remarquent pas qu’il n’y a que des noirs autour de nous, mais cela n’a rien de gênant, au contraire. Je ne me suis jamais fait autant d’amis en aussi peu de temps, j’ai rarement reçu autant d’invitation et fait autant de visites de bazars, « Juste pour le plaisir des yeux, mon ami ». Toutes mes excuses à Mamadou, qui vient d’être Papa pour la huitième fois, à Omar, le sosie de l’acteur, et à Khamid, dont le cousin fait des études d’agronomies à Gembloux, d’avoir été si bref dans l’échange, mais ça devenait trop difficile, pour des raisons d’agenda, de satisfaire à tant d’exubérance qui, pour un gars du Nord, fini par être oppressante. Pour nous remettre de nos émotions, nous nous arrêtons au supermarché Casino où nous nous ravitaillons en Nutella. Un pot de 825 grammes. C’est scandaleux. Nous nous installons ensuite dans un établissement haut de gamme au coin de la place de l’Indépendance. Nous y trouvons du Wi-Fi et des bières, des vraies.
De là, nous nous rendons à l’embarcadère des ferries vers l’île de Gorée (nous sommes déjà en manque de navigation), formée par un massif volcanique de plus de 13 millions d’années et devenue tristement célèbre pour avoir été un entrepôt d’esclaves en partance vers l’Amérique de 1660 à 1810. Déclarée Patrimoine Mondial de l’Humanité en 1978 (une bonne année) par l’UNESCO, la petite île de 900 mètres de long pour seulement 300 mètres de large, n’en reste pas moins le témoin douloureux de la traite négrière. Portugais, Néerlandais, Français et Anglais s’y succédèrent et participèrent tous à l’écriture de cette sombre histoire dont le blues est loin d’être le dernier témoin. Je préfère vous passez les détails sordides de la capture, de la traversée et de l’esclavage proprement dit de ces pauvres hommes, femmes et enfants, pour me concentrer sur l’abolition. La première nation d’Europe à interdire la traite des esclaves fut le Danemark, qui n’était d’ailleurs pas un acteur principal du milieu, en 1803. Les Danois furent suivis par les Anglais en 1807, par les Suédois en 1813 et les Néerlandais en 1814. En France, ça chipote pas mal, un jour c’est oui, un jour c’est non, la Révolution et la Restauration passent par-là, et Napoléon n’est pas en reste. J’ai retenu le décret du 27 avril 1848 comme date définitive. Il aura fallu une guerre aux Etats-Unis pour en venir à bout, en 1865. Nous visitons le fort d’Estrées, construit par les Français afin de défendre leur colonie, puis la triste « Maison des Esclaves ». Difficile d’imaginer qu’autant de destins furent brisés sur cette charmante petite île, dotée de belles plages, dont les ruelles étroites sont bordées de maisons colorées et fleuries. Le retour se fait dans la cohue et la chaleur, nous sommes contents de retrouver le Grande Angola et notre cabine climatisée.