4 juin 2015.
Quito nous revoilà. Cette fois, ce n’est pas pour aller au garage Iveco, mais sur le parking du MacDo, en face du Parque Ejido. Le lieu est un point de bivouac connu des voyageurs francophones, bien situé et avec toutes facilités. En fin d’après-midi, je me rends à l’aéroport international pour y accueillir mon Papa qui attendait ce voyage avec impatience et qui est bien heureux d’arriver enfin. Espérons qu’il ne sera pas carrément soulagé de repartir dans deux semaines !
De retour au centre-ville, nous déposons ses valises à l’hôtel, sauf celle chargée de cadeaux et de produits de première nécessité à notre intention. Les kets attendent sagement, postés à la fenêtre du CC, Papy est arrivé ! Les retrouvailles sont chaleureuses et généreuses : 5 kilogrammes de chocolat Made in Belgium, des livres, des jouets et même des médicaments. Merci à toute la famille et même au Doc.
5 juin 2015.
Papy nous rejoint de bonne heure pour le petit-déj puis nous nous lançons à l’assaut de la capitale. Nous traversons le Parque Ejido fréquenté par les amis sportifs et puis le Parque Alameda pour une première escale : les pédalos. Heureusement, il n’y a pas de dragon cette fois et on fait vite le tour du petit lac artificiel qui borde l’observatoire astronomique édifié en 1873, probablement le plus ancien d’Amérique du Sud.
Nous poursuivons vers la Basilica del Voto Nacional, impressionnante avec ses deux tours de 115 m, il est même possible de monter dedans et d’avoir une belle vue depuis les toits et le clocher. Sujets aux vertiges s’abstenir.
Par les petites rues agrémentées de magnifiques maisons coloniales colorées, nous arrivons sur la Plaza de la Independencia et remontons vers l’église et le couvent de San Francisco qui abrite un beau cloître égayé par des perroquets, ouf les kets sont également satisfaits de la visite. Nous accélérons le pas pour parcourir la rue Morales et revenir sur la place principale pour une visite guidée du Palacio del Gobierno. Des vitrines exposent les cadeaux reçus par le président Correa (il en est à son troisième mandat) lors de ses visites officielles et une imposante mosaïque commémore l’indépendance du pays.
Sur le balcon du palais, je ne peux m’empêcher d’haranguer la foule en délire, mais je remporte sans doute moins de succès qu’en aura le Pape F1 dont la visite est programmée début juillet 2015. Un court trajet en bus nous ramène au motorhome et à l’hôtel de Papy qui nous invite pour une bonne douche chaude.
6 juin 2015.
Nous allons aujourd’hui à la Mitad del Mundo, l’occasion d’expliquer à Alexis que ce n’est pas lui le centre du monde et surtout de suivre la visite guidée, en français, du passionnant musée Intiñan. Le guide nous montre des araignées plus grosses que la tête réduite d’un enfant de 10 ans pour nous mettre en appétit. Puis, ce sont les classiques tours de force sur la ligne équinoxiale ou de part et d’autre de celle-ci : marcher les yeux fermés, résister à une force, faire couler de l’eau et même faire tenir un œuf sur un clou. Seule ma petite poule y parviendra !
Coriolis n’ayant plus de secret pour nous, nous allons au Parque La Carolina à Quito, où nous retrouvons les Daniel, très affectés par la perte de leur bel husky, trop malade pour continuer l’aventure. Alexis aura aussi du mal à s’en remettre, seule la plaine de jeux du parc lui redonnera le sourire. Nous retournons en taxi au bivouac du MacDo pour une dernière nuit dans la capitale.
7 juin 2015.
En partant de bonne heure un dimanche matin, la sortie de la ville est un jeu d’enfants. La Panam, baptisée ici l’Avenue des Volcans car il y en a une bonne quarantaine qui se succèdent, est en excellent état et nous mène rapidement à Pujili où se tient le marché dominical. Au moins, ici, par d’esbroufe et peu de touristes, c’est un vrai marché local avec des attroupements, des couleurs, des senteurs et de la bonne humeur. On a même droit à une procession, spécialement organisée pour la venue de Papy VW.
Nous poursuivons ensuite la magnifique route de montagne et passons un col encore verdoyant à plus de 4.000 m, puis le canyon del Rio Toachi avant d’arriver à la laguna de Quilotoa, qui repose au fond d’un cratère et qui offre un beau spectacle de couleurs selon l’ensoleillement. Mon Papa est enchanté du panorama, et nous de même, mais je passe l’après-midi allongé, accablé par des douleurs lombaires tétanisantes. Heureusement, je connais les leçons du Doc et du Kiné (merci Messieurs) et je me soigne avec la ténacité infaillible que vous me connaissez tous, avec force de médocs et d’exercices.
8 juin 2015.
Nuit fraîche et réveil dans le brouillard, nous ne nous attardons pas et prenons la direction du volcan Cotopaxi, en faisant le petit détour par l’hacienda San Joaquin pour installer Papy dans une chambre confortable, entendez con baño privado, agua caliente y calentador. Nous retrouvons les Castagna en partance pour la laguna de Quilotoa, c’est rapado pour l’apéro du soir, mais ce n’est que partie remise. Nous l’avions déjà vu, mais c’est un plaisir de le revoir et de le montrer à mon Papa, le Cotopaxi restera voilé et nous constatons qu’il a bien neigé depuis notre venue il y a quelques jours.
Lors de la promenade, Papy avance doucement, c’est une première expérience pour lui à près de 4.000 m. Nous redescendons à l’hacienda pour la nuit, les kets sont aux anges : ils partagent la chambre de Papy et pourront ainsi l’entendre ronfler avec grâce.
9 juin 2015.
La lessive que nous avons confiée à l’hôtel n’est pas encore sèche, et nous partons tardivement vers le volcan Chimborazo, point culminant du pays avec 6.268 m au-dessus du niveau conventionnel de la mer. C’est également le point le plus éloigné du centre de la terre, eu égard à sa forme aplatie. Heureusement la Panam est excellente et passé Ambato, la E491 l’est tout autant. La route bifurque ensuite vers le parc national du volcan et monte à plus de 4.000 m. Le paysage devient semi-désertique et nous apercevons nos premières vigognes. Majestueuses, elles broutent au bord de la route, même un camionneur s’arrête pour les prendre en photo. Nous faisons une pause à l’entrée du parc, histoire de voir si tout le monde tient le coup, puis empruntons la piste correcte, malgré quelques virages serrés et morceaux en tôle ondulée, qui nous mène en 8 kilomètres jusqu’au refuge des frères Carrel, perché à 4.850 m. C’est déjà un record pour Papy, Catherine et les kets : aussi haut que le Mont Blanc. Le souffle est court, mais tout va bien, le plus difficile est d’empêcher les garçons de courir dans tous les sens, ils ne se rendent pas compte des effets parfois dangereux d’une montée subite à haute altitude. Tant qu’on y est, on monte jusqu’au refuge Whymper, histoire de passer la barre symbolique des 5.000 m. Peu de kets peuvent s’en targuer et pour motiver les nôtres, la neige est là à portée des doigts.
La montée ne présente aucune difficulté, il faut juste ne pas s’essouffler. Je suis bien fier des garçons, même si ça n’a l’air de rien pour eux. Nous rejoignons Papy resté au premier refuge, occupé à siroter une infusion aux feuilles de coca, dont les bienfaits pour supporter l’altitude sont reconnus, puis nous trouvons un hôtel avec parking à Riobamba. Papy prend une chambre triple, mais ce n’est pas pour Catherine et moi, c’est pour accueillir les kets, nous nous régalons ensuite d’une énorme pizza qui fait du bien part où ça passe.
10 juin 2015.
Papa doit être jaloux de mon traitement de médocs de choc (toujours aussi mal aux lombaires), ce matin il a mal à la hanche. Du coup, Catherine doit traîner deux éclopés, moi qui marche avec un bâton dans le … et lui qui marche en crabe. Nous prenons un taxi pour le centre-ville, joli mais sans plus. Le musée municipal retiendra toute notre attention, avec notamment les œuvres de Jaime Perez Sarabia qui met en scène des indiens d’Amazonie rattrapés par les temps modernes. L’après-midi est plus relax à l’hôtel et ce n’est pas plus mal.
11 juin 2015.
Nous ne le savons pas déjà mais une longue journée de route nous attend. Il faut d’abord s’extirper du parking de l’hôtel, je ne me souviens même plus comment on y est rentré. Ça ne passera finalement qu’en marche arrière et en sortant les cales pour ne pas racler le réservoir à carburant. Puis deux heures de route nous amènent à Alausí en une descente vertigineuse. Si la petite ville est agréable, elle constitue surtout le point de départ du train « Nariz del Diablo », sans doute le trajet le plus spectaculaire qu’il soit possible d’effectuer sur une voie ferrée. Outil de développement du pays, le chemin de fer reliant Quito, la capitale andine, à Guayaquil, le pôle économique du pays, a nécessité 30 ans de travaux et causé la mort de milliers d’ouvriers. Inaugurée en 1908, la ligne a subi les affres du temps et des lois de la géologie, et seuls quelques tronçons ont été réhabilités à desseins touristiques suite aux désastres provoqués par El Niño en 1997.
Sur 12 kilomètres, pour le voyage qui nous concerne aujourd’hui, le train va descendre de 800 m en une succession de virage en épingle à flanc de montagne. Le passage le plus délicat, réputé infranchissable, n’a été conquis qu’à force de dynamite, et grâce à l’ingénierie américaine, qui a adapté le système de zigzags déjà éprouvé au Pérou. Ainsi, par deux fois, le convoi s’engage dans une voie en cul de sac pour repartir dans l’autre sens sur une autre voie en y. Arrivé à Sibambe, un petit comité d’accueil folklorique nous attend, mais c’est la vue en contrebas sur le Nariz del Diablo que nous venons de descendre en train qui retient notre attention. L’excursion terminée, nous récupérons le CC et retrouvons les montagnes dissimulées dans le brouillard. Une terrible purée de pois nous accompagne sur plusieurs dizaines de kilomètres, réduisant notre vitesse de croisière au strict minimum : on y voit à peine à 20 m. Très pro, mon père (ce héros) joue les copilotes et m’avise de chaque virage serré, chaque casse-vitesse et chaque nid-de-poule. Il faudra ainsi presque trois heures pour parcourir une centaine de kilomètres. Nous bivouaquons la nuit devant le site archéologique d’Ingapirca et Papy descend dans un hostal miteux, faute de mieux (je ne veux pas imposer au CC l’un ou l’autre chemin d’accès bancal à un hôtel plus confortable).
12 juin 2015.
Encore une mauvaise nuit à notre actif, entre les arrêts intempestifs du frigo et les camions qui passent musique à fond. C’est en pickup privatisé qui roule à tombeaux ouverts que nous rejoignons la station ferroviaire d’El Tambo où nous prenons l’autoferro, le bus reconverti, jusqu’au complexe archéologique de Coyoctor où se trouvent les imposants Baños del Inca, qui étaient en fait occupés par les Cañaris bien avant les Incas. Ces derniers ayant décimé les premiers, ces derniers (donc les Cañaris, il faut suivre), se sont alliés aux conquistadores pour éliminer les Incas. Pour faire demi-tour, l’autoferro est placé sur une roue mue par la force (sur)humaine du conducteur et de l’accompagnateur. Je me passe bien de les aider (ben quoi j’ai mal au dos), mais je prends la scène en photo.
Nous poursuivons avec la visite du musée de la ville, qui présente plusieurs centaines de pièces issues des cultures qui se sont succédées dans les environs, Cashaloma, Tacalshapa et Nario. De retour au CC, nous sommes épuisés de la mauvaise nuit et Papa suivra seul la visite guidée du site d’Ingapirca, nous nous contentons de la vue depuis le bivouac et des explications du guide en papier. Surtout, les kets sont tellement heureux de rester un peu dans le CC pour jouer calmement, une fois n’est pas coutume. Ils sont incroyablement sages, pourvu qu’ils ne nous le fassent pas payer demain.
13 juin 2015.
Il n’y avait qu’une centaine de kilomètres à parcourir jusqu’à Cuenca, mais il nous aura fallu trois heures pour en venir à bout, entre les cols de montagne, les travaux et les déviations. Ne sous-estimez jamais un trajet en Amérique, même en Équateur qui a la réputation d’offrir un excellent réseau routier. Il faut reconnaître que j’étais impatient d’arriver à destination : Papy nous invite à l’hosteria Duran, un hôtel confortable avec piscines thermales à Baños de Cuenca, en périphérie de la belle cité coloniale. Comble du luxe, on en avait (presque) oublié l’existence, on a même droit à un chauffage, des peignoirs et un baby-sitteur avisé pour garder les kets pendant la nuit, j’ai nommé Papy VW.
Les bienfaits de la piscine thermale chargée de sels minéraux se font vite sentir : mes douleurs lombaires sont dissipées, mes fils sont adorables, Papy oublie sa hanche skettée et Princesse joue les naïades. Pour le soir, nous dînons avec Papa au resto de l’hôtel, Alexis veille sur Valentin avec le talkie.
14 juin 2015.
Ce matin, après une bonne nuit et un excellent petit-déj, je pars avec mon Papa pour visiter la ville de Cuenca, sans ma femme et mes fils. Ainsi, on pourra se concentrer sur l’essentiel : l’architecture et la culture, ça me changera des plaines de jeux et des boutiques de gonzesses (houlà, je vais encore prendre pour mon grade). C’est joli mais on n’avance pas vite : le beau-père de ma femme s’arrête tous les dix pas pour photographier la moindre maison coloniale, et ce n’est pas ça qui manque ici.
Nous arrivons enfin au Parque Calderon, la place centrale sertie de deux cathédrales, l’ancienne dont le clocher a servi de point de référence à La Condamine lors de sa mission géodésique est à présent désacralisée au profit de la nouvelle dont les dômes revêtus de faïence bleue sont uniques en leur genre. Suite à une erreur de l’architecte (il n’y avait pas d’ingénieur à l’époque …) les clochers sont restés tronqués et n’ont jamais pu être achevés car pas assez solides.
Terrible coup du sort, ou plus simplement parce que c’est dimanche, le couvent de la Conception est fermé aujourd’hui, nous ne verrons donc pas le magnifique cloître qu’il abrite, et nous nous en consolons à l’ombre de l’unique terrasse de la ville, histoire de reprendre des forces avant d’enchaîner avec le musée Remigio Crespo Toral, abrité dans la demeure restaurée du diplomate, puis le musée du sombrero, ode commerciale au chapeau Panama. Bon, ça suffit pour aujourd’hui, il est temps de rentrer et de profiter de la piscine thermale, très animée en ce dimanche après-midi.
15 juin 2015.
Pas évident de laisser derrière nous ce « bivouac » de rêve, mais l’appel du bitume se fait sentir, et on a encore le temps de montrer le Pacifique à Papy avant de le déposer à l’aéroport. Il n’y a que 400 kilomètres jusqu’à Puerto Lopez, mais comme toujours, il ne faut pas sous-estimer les temps de parcours. Première étape, sortir de la ville, en proie à un énorme chantier de tramification (tient, ça me rappelle quelque chose, salut les gars) et qui propose, oups pardon, impose quelques morceaux de rues bien défoncées. Deuxième étape, franchir le parc national El Cajas, magnifique au demeurant, avec ses troupeaux d’alpagas en liberté et ses innombrables lacs, dans un paysage rappelant celui des Pyrénées, mais un peu plus haut vu qu’on passera encore un col à 4.125 m.
Ce dernier ayant rudement compliqué la troisième étape : la descente interrompue jusqu’au niveau de la mer, plus de 4 kilomètres de dénivellation à faire encaisser au frein moteur et aux plaquettes, qui ne manquent pas de chauffer et de fumer. Sur la fin de cette descente infernale (pas un replat pour souffler un peu), les freins ne répondent presque plus, mais nous voilà au niveau de la mer, et quelques lignes droites permettent de les refroidir pour qu’ils retrouvent leur efficacité. Mais je crois que je suis bon pour les remplacer assez vite. Avec tout ça, on va se contenter de s’arrêter à la quatrième étape, arriver jusqu’à Guayaquil et y trouver un hôtel-bivouac. Par évident car les garages sont soit trop petits pour le CC, soit d’accès impossible vu les dimensions de la bête, qu’on laissera finalement devant l’hôtel de Papy, dans une rue bruyante et suffocante.
16 juin 2015.
Aujourd’hui, peu de chance de re-griller les plaquettes de freins, quoiqu’avec tous les dos d’âne et réducteurs de vitesse, la partie n’était pas gagnée d’avance. Nous traversons quelques champs de bananiers, mais on s’attendait à en voir plus, le pays étant premier producteur mondial, puis une région aride avant de retrouver la végétation luxuriante du parc national Machalilla qui entoure Puerto Lopez, petite ville poussiéreuse au bord de l’océan Pacifique et seul point de départ pour les excursions vers l’isla de la Plata. Nous nous installons à l’hôtel-camping Punta Piedrera Ecolodge et profitons de la vue sur l’océan, bercé par le ressac des fortes vagues.
A nos côtés, un groupe des forces spéciales de la police équatorienne termine son séminaire, je dis aux kets qu’ils n’ont pas intérêt à moufter ce soir. Nous retrouvons les Castagna installés stratégiquement sur le malecon, devant la lavanderia. Ils doivent remonter sur Quito pour enfin (?) régler le problème d’embrayage.
17 juin 2015.
Aujourd’hui, nous allons nous laisser guider par les pros de l’agence Plata Adventures : comme bon nombre de touristes venus ici à cet effet, nous allons visiter l’isla de la Plata, injustement surnommée Galapagos du pauvre. C’est plutôt une destination facile d’accès qui permet d’avoir un petit aperçu de la faune du célèbre archipel, et surtout d’admirer quelques baleines au passage. Nous en verrons sept en tout, pendant la navigation vers l’île classée réserve naturelle, distante d’une bonne quarantaine de kilomètres, ce qui est vraiment un coup de chance car nous ne sommes qu’au début début de la saison : cet imposant spécimen (baleine à bosse) remonte les côtes depuis les eaux froides de l’Antarctique pour batifoler au large de Puerto Lopez de juin à septembre.
Puis nous arrivons sur l’île de la Plata, inhabitée, comme si on débarquait sur l’île du dernier Koh Lanta, sauf qu’ici, il y aura plus qu’un survivant, du moins je l’espère. Nous n’y sommes pas accueillis par Denis mais par des pélicans, des frégates à col rouge et des albatros. En compagnie de notre guide naturaliste, nous traversons l’île pour aller à la rencontrer des fous de bassan à pattes bleues. Avant d’être occupée par ces animaux protégés, l’île fut un centre cérémonial de la culture Bahia plus 2.500 ans avant la naissance de Dick Rivers (oui, ses fans ont porté réclamation suite à ma dernière référence historique). Elle a été baptisée ainsi parce que Sir Francis Drake y aurait enterré un trésor au XVIème siècle. Ou alors c’est parce qu’il y a tellement de guano (fiente des volatiles) que de loin, la nuit à lueur de la lune, ça ressemble à de l’argent. Comme vous voulez, mais évidemment il faut savoir que plata signifie argent.
Nous sommes contents de retrouver le bateau pour la collation et les boissons fraîches, puis pour une session de snorkeling qui se limite pour nous à l’encadrement de notre progéniture, très impressionnée par la présence des tortues et des poissons clowns autour de nous. Même ma femme aura du mal à s’en remettre : « Au secours, j’ai touché un truc tout dur ». Promis, je n’y suis pour rien. Remis de nos émotions, nous affrontons à nouveau la houle avec des creux de 2 à 3 mètres, ce qui, vu la taille de l’esquif, n’est pas rien. L’horizon est là, il n’est plus là, il est de nouveau là. Bref, on est content d’arriver à quai sans avoir eu besoin de serrer les dents …
18 juin 2015.
Toutes les bonnes choses ont une fin, c’est aujourd’hui que Papy rentre en Belgique, triste de partir mais content de rentrer, le contrat est donc rempli, vu qu’il ne repart pas carrément soulagé. La route jusqu’à Guayaquil est assez bonne, hormis quelques vibradores et casses-vitesse, les 225 kilomètres sont pliés en 3h45, même pas besoin de freiner. L’aéroport international José Joaquin de Olmedo est nickel, on y casse la croûte avec Papa avant de prendre congé car nous voulons arriver dans les montagnes et dormir au frais ce soir.
19 juin 2015.
On avait déjà grimpé 2.400 m hier, il n’en reste que 1.725 pour franchir le col du parc national Cajas, toujours aussi impressionnant avec ses centaines de lacs. Nous redescendons en douceur jusqu’à Cuenca et nous nous installons devant une plaine de jeux bordée par le Rio Yanuncay. Catherine n’ayant encore rien vu de la ville, nous évoquons la possibilité d’une autre plaine de jeux pour motiver les kets. En fait, nous les emmenons au musée de la Banque Centrale qui tire une grande partie de sa collection du site archéologique de Pumapungo qui le jouxte. Le musée propose également une collection ethnographique, ce qui nous donne l’occasion de passer en revue toutes les communautés déjà rencontrées depuis nos débuts dans le territoire. Nous rentrons en taxi et je passe dire bonjour aux Castagna, on avait repéré leur motorhome au camping Cabañas Yanuncay.
20 juin 2015.
La nuit fut étonnamment calme, pour un bivouac urbain, et c’est plutôt les arrêts intempestifs du frigo qui me l’a gâchée. Nous repartons la fleur au bout du fusil, moi qui pensais que ça serait du gâteau, que nenni. La route est en bon état, mais ça monte et ça descend, je joue du frein moteur pour épargner les plaquettes. On a même droit à un contrôle de Police au beau milieu d’une côte assez raide, mais c’est pas possible ils le font exprès ou bien? Nous nous arrêtons à Saraguro à l’heure de l’almuerzo.
C’est une jolie petite ville habitée par les indiens éponymes qui avaient été déportés dans cette région par les Incas pendant leur expansion vers l’Equateur. Comme beaucoup d’autres communautés, ils portent toujours leurs vêtements traditionnels, noirs. Nous visions un bivouac à Loja, face au parc Jiripo, mais la piscine est vide et les lieux ne nous enchantent pas plus, nous poursuivons donc jusqu’à Vilcabamba qui n’est qu’à 45 kilomètres. Deux heures plus tard (hé oui, ça fait mal), nous nous y installons dans une rue calme.
Pendant que Catherine prépare une soupe avec Valentin, je sors prendre l’ambiance du pueblo avec Alexis. Des bobos et des rastas (rockets) se mêlent paisiblement aux gens du cru. Les gringos ont afflué ici depuis des années, on prête aux lieux des vertus de longévité et il faut bien ça pour compenser ce qu’il s’y fume en abondance.
21 juin 2015.
Nous profitons d’être au village pour faire quelques provisions (dans un registre familial bien entendu) avant d’aller nous installer à l’hôtel-camping sur les hauteurs. La vue y est franchement magnifique et l’ambiance plutôt « stressless », même si on y trouve plus de hamacs que de fauteuils. On s’offre ainsi une journée de détente, dans les limites de la bonne volonté des kets.
22 juin 2015.
Glander, ça fatigue énormément. On est claqué.
23 juin 2015.
C’est bon, on a fait notre temps, le Pérou nous attend, et de longues journées de route aussi. Escale pour la nuit à Portachuelo, près du poste frontière de Maraca, mais à 1.140 m d’altitude et donc encore au frais. Nous nous garons devant le dispensaire, les enfants du hameau viennent nous saluer, c’est sympa, mais vous ne verrez pas les photos : mon smartphone fait le plaisir d’une crapule à Piura au Nord du Pérou.
24 juin 2015.
Nous faisons une dernière fois le plein avant de passer la frontière, le diesel est moins cher que l’eau vendue en gallons, je demande « lleno, lleno ». En arrivant tôt, il n’y a pas de monde et la sortie du pays est facile et agréable. Adios Ecuador, ama la vida !