16 janvier 2015.
Nous sentons que nous avons fait notre temps aux Etats-Unis et étudions la suite de l’itinéraire. Disney or not, on trace vers le Mexique ou on traîne en Californie ? Nous tergiversons entre l’envie de (re)découvrir un nouveau pays et la crainte d’abandonner le confort et les facilités que nous connaissons ici, mais poser la question, c’est déjà y répondre, vite où sont passés mes cours d’espagnol. Pendant ce temps, les kets écument la plaine de jeux et se font un copain, Donovan, dont la voiture téléguidée finira sur la pommette de Valentin. Pour se faire pardonner, le chauffard emmènera mes fils pour un ride dans son Hummer électrique, et leur laissera même le volant : jusqu’au camping, ils ne lésinent vraiment pas sur le matos ici.
17 janvier 2015.
Nous profitons encore ce matin de la bonne connexion à internet pour passer une commande de guides de voyage sur les prochains pays que nous allons traverser (merci Greg et Nathalie) et réglons diverses factures qui nous poursuivent jusqu’ici : mon Papa relève le courrier et scanne les douloureuses pour nous les envoyer par email. Le pc-banking facilite la vie … ou pas. Nous reprenons ensuite la route de Santa Barbara où il y a bien une sorte de digue et même des cuistax, par contre les barres d’immeubles de la côte belge sont ici remplacées par de belles petites maisons cossues.
Les kets sont fascinés par les surfeurs, alors que nous sommes étonnés du nombre de plateformes pétrolières à quelques kilomètres des côtes. La freeway menant à Malibu étant fermée, nous suivons un interminable « detour » qui porte bien son nom et trouvons péniblement un bivouac bruyant et incertain à Thousand Oak, petite ville sise à 50 km à l’ouest de Los Angeles.
18 janvier 2015.
Ouf. Nous n’avons pas été dérangés et le trafic a fini par s’estomper. Cette fois, ça y est, nous arrivons dans la cité des anges. Pour commencer, direction Santa Monica et le Getty Center. Monsieur Getty qui fit fortune dans le pétrole était un grand amateur d’art. Il légua 1,3 milliard de dollars à sa fondation qui a pour but de valoriser la collection et de la rendre accessible à tout un chacun.
Les deux objectifs sont atteints, vu que les chefs d’œuvre sont dans un écrin de l’architecte Richard Meier et que l’accès est libre, une fois le parking acquitté (ben oui, on y vient en voiture ou en CC, n’oublions pas que tout ça a été financé par l’or noir). Certes, nous ne sommes pas au Louvre, mais la collection est tout de même riche et variée.
J’ai retenu les David, Munch, Knopf, Ensor, Manet, Monet, Cezanne, Simon et Millet. Les kets ont retenu qu’il n’y a pas forcément toujours des gentils et des méchants sur tous les dessins accrochés aux murs. Catherine a retenu que la muséographie est à retravailler, mais que la visite vaut le coup, ne serait-ce que pour les bâtiments et la vue sur la ville.
En suivant le Sunset boulevard qui traverse les quartiers Bel Air qui a connu un sacré fresh prince et Beverly Hills (mais oui, la famille Walsh), nous allons ensuite au Griffith Park, énorme parc municipal qui est resté assez sauvage.
Nous montons sur les hauteurs du parc pour bénéficier d’un beau point de vue. Nous y voyons la ville de Los Angeles qui s’étire devant nous, l’océan, les célèbres lettres HOLLYWOOD, et même quelques montagnes enneigées.
C’est également là qu’est installé un passionnant observatoire dont le musée captive les enfants qui posent mille et une questions. Quelle soif d’apprendre! Si Valentin veut déjà être cosmonaute, Alexis lui voudrait partir en voyage pendant 10 ans pour attraper la lune et y construire la tour Eiffel.
Le coucher de soleil est magnifique, mais trouver un bivouac dans le noir l’est moins. En arrivant au parc nous avions repéré un quartier calme, nous y retournons pour la nuit.
19 janvier 2015.
Excellent bivouac, nous avons dormi en plein Hollywood, au calme et à seulement 3 km du Walk of Fame (GPS : 34.11274, -118.28917 si ça peut vous être utile un jour). Catherine prépare des pancakes, un bon petit-déj bien roboratif et calorique en prévision de la journée qui bien sûr, commence par Hollywood boulevard. Franchement, pas très classe ni glamour, on croise Superman, Minnie et un junkie qui fume du crack, cherchez l’erreur. Tous les 100 yards (rassurez-vous : on retrouvera bientôt le métrique), des agents commerciaux tentent de nous démarcher pour un safari en camionnette décapotable, alors que quelques bouis-bouis exposent fièrement les photographies qu’ils ont su arracher à telle ou telle vedette. Bon, les étoiles sont bien là, la danseuse J-Lo a consacré la 2.500ème et quelques-unes sont restées vierges (les étoiles bien sûr, le reste ne nous regarde pas) en attendant un acquéreur : 25.000 $, un audit en commission rogatoire ou un truc dans le genre et le tour est joué. Nous arrivons au Grauman’s Chinese Theatre, devant lequel se trouvent les célèbres empreintes de stars, figées dans le ciment, les plus anciennes remontant aux années 1930. Les enfants retiendront celles de Donald Duck, mais Alexis, pas dupe, me demandera comment Donald a-t’il mis ses empreintes là. Voilà, on pourra dire qu’on y était, et pour ne pas faire comme tout le monde, je remets deux gloires du passé sur le devant de la scène : Dorothy Kirsten, une chanteuse et Jack Benny, un acteur.
Changement d’ambiance avec le Science Center. Nous trouvons une place pour se garer, ce qui n’est pas évident car d’une rue à l’autre, les conditions de stationnement varient drastiquement. Nous passerons 3 bonnes heures dans le musée qui offre de nombreuses activités d’éveil à la science, destinées aux enfants.
Des capsules spatiales à l’aquarium géant et au simulateur de tremblement de terre, nous n’avons rien manqué, les yeux des kets pétillent encore! Lentement, nous tentons de sortir de cette mégalopole qui s’étire sur des dizaines de kilomètres, à coup d’interstates à deux fois six bandes et d’échangeurs sur trois niveaux. Claqués, on tente un bivouac au Walmart de Cerritos, une des 88 villes qui forme l’entité de Los Angeles.
20 janvier 2015.
Un peu bruyant, mais pas de blâme cette fois. Nous prenons la route vers Newport beach, ville côtière qui s’est développée récemment avec l’arrivée des nouveaux riches, Hollywood et Beverly Hills affichant complets. Chemin faisant nous nous arrêtons à Crystal Church, qui pas de bol, est fermée pour travaux. Nous entrons dans un autre bâtiment construit par Richard Meier, encore lui, qui abrite une exposition, et comme il n’y a pas un chat, ni âme qui vive, étonnamment vu la proximité du cimetière, nous avons droit à une visite guidée avec une très gentille grenouille de bénitier.
En bref, l’église évangéliste avait été fondée par un prédicateur dont les shows étaient retransmis à la télévision pour des millions de spectateurs (ou des) fidèles. Mais le rideau est tombé sur les one-man-shows de cet entrepreneur trop ambitieux (au vu du site et de l’imposante église en verre) car ses prières ont dû rester lettres mortes : la banqueroute a été déclarée il y a un an. Charitable comme chacun sait, l’église catholique romaine a repris la balle au bond avant que les carottes (ou les hosties) ne soient trop cuites et a acquis le bâtiment et ses annexes pour en faire une vraie cathédrale, avec la bénédiction du Saint-Siège et tout le toutim, de sorte que le vin ne virera pas au vinaigre, et le bâtiment sera remis aux standards (les Rouches n’y sont pour rien) de la bienséance catholique romaine qui a déjà rebaptisé les lieux en Christ Church. Et en plus il y avait du wifi. Nous longeons la côte et nous nous arrêtons au campground de San Clemente qui ne valait pas trop le coup : la douche était froide. Heureusement qu’il offrait une belle vue sur l’océan où les sportifs, les vrais, surfent sur la vague du surf.
21 janvier 2015.
Au moins c’était calme. Notre colis devant arriver d’un jour à l’autre, nous traînons en descendant lentement la superbe côte pacifique, nous arrêtant au gré des plaines de jeux.
Bivouac à Encinitas avec vue sur l’océan et le train. Pas très calme mais très joli.
22 janvier 2015.
C’est confirmé : le colis arrivera demain, dans des lockers au nord de San Diego. En attendant, nous prenons la direction du port de San Diego pour y visiter le porte-avion USS Midway.
L’imposant navire démantelé peu après l’intervention US dans le Golfe est amarré dans la baie de San Diego et ouvert au public. De nombreux avions sont exposés et accessibles, de même que des hélicoptères.
Le quartier des officiers est impressionnant, les reconstitutions vont même jusqu’à reproduire les odeurs de cuisine et de nettoyage à sec. Nous visitons le pont et les entrailles du navire pendant plus de deux heures, suscitant des vocations : Alexis veut être un soldat qui ne fait pas la guerre (ouf) et Valentin veut nous emmener en hélico (aïe).
Nous passons le reste de la journée à la bibliothèque publique de Mission Bay, ouverte à tous et offrant du wifi ainsi que de nombreux livres pour enfants, ça change des plaines de jeux, puis trouvons un bivouac bruyant à côté du 7 Eleven où doit arriver le colis avec quelques guides de voyage.
23 janvier 2015.
Quelle mauvaise nuit, bruyante à souhait. Nous profitons encore un peu de la bibliothèque municipale, récupérons notre colis en début d’après-midi et suivons la route 94 jusqu’au poste frontière de Tecate. Venant de San Diego, c’est carrément un détour, mais nous préférons éviter la frontière de Tijuana qui a fort mauvaise réputation. Les paysages sont superbes, montagneux et pas trop arides. Nous arrivons au poste frontière, qui du côté américain, a l’air perdu au milieu de nulle part, alors qu’une petite ville se présente du côté mexicain. Avant de quitter les Etats-Unis, il faut laisser le papier vert qu’on avait reçu à l’arrivée, alors on s’arrête devant le bureau de change et avant les grilles, j’envoie Catherine au front, elle reviendra quelques minutes plus tard, délestée des documents et sous le regard inquisiteur de l’agent de faction, nous quittons le territoire US.